SEPT JOURS AVEC NEJI HYUUGA

| JOUR 5 | MEDITATION

Il n'empêchait que Neji n'avait pas, loin de là, prévu la phobie de Lee pour tout ce qui vivait dans l'eau salée. Chacun d'eux se méfiait toujours un peu des eaux trop sombres par peur de se retrouver quelque part piégé, vestige sûrement du traumatisme laissé par leur combat contre Kisame où chacun d'eux avait peu à peu senti la vie s'échapper de leur corps sous la forme de bulles d'oxygène, mais le fauve de jade de Konoha semblait vraiment paralysé par l'idée d'une créature marine rôdant quelque part sous la surface. Ce qui, en plus de son tempérament rendant extrêmement difficile l'immobilité pendant plus d'une dizaine de minutes, commençait à devenir plutôt handicapant pour la séance de relaxation déjà interrompue six fois en un peu plus d'une demi-heure.

- Bon allez, on y retourne ? soupira le prodige de la Bunke, faisant signe aux deux autres d'imiter sa position.

C'étaient eux qui l'avaient tanné pour qu'il leur fasse participer à son entraînement quotidien après tout, non ? Il espérait au moins que cette journée finirait par leur apprendre quelque chose, parce qu'ils semblaient bien loin de saisir le concept de méditation. Entre Lee toujours aussi hyperactif, dont le corps n'arrivait simplement pas à accepter la notion d'immobilité, et Tenten qui, si bien plus calme et moins agitée que leur coéquipier, ne pouvait arrêter un instant de penser quand bien même sa vie en aurait dépendu, le pauvre Neji commençait doucement mais sûrement à comprendre la souffrance des enseignants constamment confrontés à ce genre de problèmes, mais avec deux fois plus d'effectifs à gérer.

Une nouvelle fois, il força son esprit, dans une mécanique devenue plus ou moins naturelle au fil des ans, à se vider de toute pensée parasite, et lança une prière dans le vide pour réussir à mener à bien cette séance de méditation.

Inspirer.

Ne pas penser aux sautillements de Lee qui faisait clapoter l'eau et envoyait des vagues dans sa direction. Ne pas faire remarquer à Tenten sa respiration plus rapide que d'ordinaire alors qu'elle s'efforçait de suivre à la lettre ses instructions et mettait bien trop de pression sur ses épaules pour une chose aussi simple.

Expirer.

Ne pas s'agacer du fredonnement de l'expert en taijutsu. Contrôler sa respiration. Desserrer les poings. Ne pas utiliser le Byakugan pour l'assommer durant quelques minutes, même pour avoir un peu de paix.

Rien à faire, le bruit bien que léger de la chanson que chantait le shinobi lui courait sur les nerfs à un point tel que rien n'arrivait à l'en distraire et que son esprit ne semblait pouvoir se concentrer que sur l'irritant son. Deux yeux pâles sans iris s'ouvrirent brusquement, et Neji fut au devant de son coéquipier en à peine trois grand pas pour le saisir par les épaules, pas violemment mais tout de même fermement.

- Lee. La méditation s'axe sur la respiration, tu ne peux pas respirer correctement si tu chantes en même temps ! Respire ! assena t-il entre ses dents, clairement à bout de patience, au plus grand chagrin de son pauvre partenaire qui servait de défouloir.

Tenten était sur le point d'intervenir quand un appel qui retint son attention l'en empêcha, lui faisant tourner la tête ainsi qu'aux garçons en direction de la personne qui les interpelait, sur la rive. Hanabi leur faisait de grands signes de mains, son kimono fleuri sans plus de manières remonté jusqu'aux cuisses alors qu'elle s'approchait d'eux, ses pas énergiques produisant de grandes gerbes d'eau qui les éclaboussèrent quand elle fini par les rejoindre.

L'adolescente avait le souffle court et les joues rougies, signe de son empressement à les chercher. Ses cheveux s'étalaient de part et d'autre de ses épaules sans cohérence aucune, baladés par le vent marin ainsi que sa course. Neji lâcha les épaules de Lee, qui prit soin de s'approcher de Tenten au cas-où le jeune homme déciderait de lui apprendre de nouveau comment ses poumons étaient supposés fonctionner.

A la demande de ce qui l'amenait aussi loin de la demeure Hyuuga où elle aurait dû s'entraîner en ce moment même, et au vu des sourcils froncés de celui qu'elle considérait comme un grand-frère elle avait intérêt de leur donner un solide prétexte, l'héritière de la Soke lâcha sans même prendre le temps de calmer sa respiration erratique :

- C'est... Naruto, il vient de demander Hinata en mariage ! annonça t-elle à mi-chemin entre sourire et grimace.

Neji sembla tout simplement arrêter de fonctionner, comme une machine qui s'éteint, à l'entente de cette nouvelle. Puis ses sourcils se froncèrent un peu plus, et doucement mais sûrement son ton descendit de plusieurs octaves alors qu'il grondait, d'une voix venue du fond de la gorge :

- Il a osé faire quoi le jour où j'étais précisément en dehors du village ? menaça t-il en une question rhétorique effrayante alors qu'Hanabi laissa échapper un rictus nerveux et un haussement d'épaules désolé.

On dû l'empêcher de se diriger vers Konoha pour apprendre à leur héros national la manière de traiter sa belle-famille, et pendant qu'il se perdait en insultes fleuries sans plus se soucier de la chasteté des oreilles de sa petite-cousine, les extrémités rougissant sous la colère et le souffle devenant haché, Tenten l'attrapa à son tour par les épaules et le secoua un bon coup :

- Médite Neji, respire !

Il eut envie de répliquer c'est ce que j'essaye de faire depuis une heure ! mais seul un hurlement frustré franchit ses lèvres, alors qu'il se déclarait vaincu et se laissait tomber dans l'eau salée en espérant qu'au moins les vagues en le submergeant l'aideraient à trouver la paix. 

Lee l'en tira cependant, effrayé qu'un poisson ne décide de faire de lui son casse-croûte, et Neji fut bien obligé, regardant avec du recul le tableau qu'ils formaient, échevelés, trempés jusqu'à l'os, les vêtements remontés peu gracieusement, Tenten brandissant un kunaï, qu'il y avait là de quoi rire.

Et tant pis pour la méditation.