partie 1

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Hannah

Ce matin, je me suis réveillée en ayant mal partout. 

Aux bras et aux jambes, que j'ai dû serrer toute la nuit pour ne pas tomber de la couchette que je partage avec 7106134. 

Au dos pour avoir sentit pendant des heures les coups que donnait 7115134 dans le matelas en criant qu'elle ne voulait pas, oh non, qu'elle ne voulait pas y aller. Qu'elle avait des enfants, un mari, une famille, qu'elle ne pouvait pas les abandonner. Puis elle s'est mise à pleurer. Comme une grande partie des autres filles qui dorment dans le hangar 3. Moi, j'ai arrêté de pleurer quand j'ai compris que c'était vain. Qu'il n'y avait plus d'espoir - pour moi en tout cas. 

Vous allez dire que je suis pessimiste, qu'il ne faut pas que je baisse les bras. Mais vous ne comprenez pas. Vous ne pourrez jamais comprendre, d'ailleurs. Vous ne l'avez pas vécu et j'espère pour vous que vous ne le vivrez jamais. 

Mal aux côtes, là où la "Chef" m'a donné des coups de bottes hier, parce que je ne portais pas assez vite le tonneau de soupe. 

J'ai craché du sang. J'espère que ça ira mieux aujourd'hui, mais, dans tout les cas, qu'est ce que ça peut me faire? Mieux vaut espérer avoir un peu de soupe avec son centimètre de pain. 

Et puis surtout, mal à la tête. À cause des poux, bien sûr, qui colportent le typhus, notre épidémie à nous, dans les camps. Mais aussi à cause de mes pensées. Un trop plein d'informations que je ne peut pas gérer. 

Depuis hier. 

Mais, malgré toutes mes douleurs, aussi bien mental que physique, j'espère encore. Mon dernier veux. J'espère qu'aujourd'hui sera un jour meilleur. Car c'est mon dernier. 

Mon dernier jour. 

Je vais mourir ce soir. 

Partir publié le 28/06/2020

Un dernier espoir (SF seconde guerre mondiale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant