Chapitre 8 - Peut-être que je ne vais pas bien

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L'album d'Hallucystérie est enfin public.

Il a été relâché sur presque toutes les plateformes possibles, en accès numérique ou en version CD.

C'est un succès immédiat, à la grande surprise de personne. Je suis la seule qui semblait véritablement excitée de voir les chiffres grimpés aussi vite, mais tout le monde a mis ça sur le compte du fait que c'est mon premier vrai groupe dont je suis les ventes et le succès. Ce n'est pas leur premier coup d'essai, le groupe a quand même plus de 10 ans et n'a pas l'air de ralentir en termes d'audience. J'ai le vertige en pensant que tous les gens ayant acheté leur CD ont dans leur bibliothèque (numérique ou réel) une de mes illustrations.

Un signe que cela m'apporte de la visibilité est l'explosion de visibilité de mon portfolio et de mon site pro. Mes statistiques ont bondi vers des sommets que je n'aurais jamais imaginé, de même que mon ArtStation. C'est impressionnant.

Les mails pleuvent d'autant plus dans ma boite mail. Surtout dans le dossier Externe qui auparavant était désespérément vide, en dehors d'un mail publicitaire ayant passé les filtres à l'occasion. Cela ne se limite plus qu'aux seules membres ou collaborateurs de l'entreprise. Beaucoup de fans du groupe viennent me féliciter de mon travail, mais j'ai aussi beaucoup de questions sur mon avis sur leur musique ou plus particulièrement sur cet album. Je suis à la fois confuse et heureuse que les gens prennent le temps de rechercher sur internet des moyens de me contacter. Je n'avais jamais eu cet effet envers le public, restant dans l'ombre des artistes que j'aide à communiquer, bien que je sois toujours dans les imprimaturs. Bien sûr, le fait que je n'ai jamais travaillé pour des groupes vraiment connus doit jouer. Je tente de répondre à tout le monde, n'ayant pas envie de laisser quelqu'un dans le silence, la plupart du temps en dehors de mes horaires de travail. J'ai rapidement accumulé un certain nombre de bouts de réponses préfaites pour répondre rapidement aux gens, un peu submergés de mails.
J'ai aussi des questions malveillantes, voir intrusive, voir des réactions carrément négatives, mais j'arrive à y répondre poliment pour les envoyer paître, même si cela me fait grincer les dents. Qu'on descende un groupe de musique ne me concerne pas, chacun a le droit d'avoir ses propres goûts musicaux et ce n'est pas à moi de juger, après tout j'ai mes propres goûts qui ne sont pas au goût du grand public, mais au fond, on a tous un amour un peu inconventionnel pour quelque chose, puisque chaque être humain est unique. Je n'apprécie juste pas qu'on insulte quelqu'un qui n'a pas les mêmes goûts ou produit ce genre de musique, mais qu'on m'insulte pour avoir travailler avec eux, je le vis relativement mal. Je n'en reviens pas que plusieurs personnes n'aimant pas une musique aillent chercher le mail professionnel d'une de leur illustratrice pour l'insulter.
Comme si c'était ma faute que le groupe produise de la musique qu'elles n'apprécient pas !
En en parlant avec Laurent, il m'apprend que c'est illogique, mais classique. Un contre coup de travailler pour un groupe très controversé : on rentre dans leur machine infernale. Il n'y a rien à faire, je serais toujours associé à eux dans l'esprit de certains et responsable de façon abstraite de leurs choix de carrière. La logique derrière tout ça m'échappe totalement.

Par extension, le service Infographique E et Jacqueline se retrouve aussi croulant sous les mails extérieurs. Jacqueline me fait parvenir les plus flatteurs, mais je sais qu'elle en reçoit elle aussi des haineux.
Heureusement, elle m'a donné dès le premier jour deux heures de formations expresses pour gérer autant de mail de fans (même si ce ne sont pas vraiment les miens, mais ceux d'Hallucystérie qui se retrouve étrangement dans ma propre boite mail) et répondre de façon efficace. Sans elle et les templates de mail, j'y perdrais sans doute toute ma vie privée. Elle a tenté de me faire comprendre que je n'avais ni à répondre à tout le monde, ni à répondre vite, mais je tente tout de même de le faire. Une part de moi comprend bien que si je continue j'y perdrais sans doute ma sanité et mon temps libre, mais une autre part de moi se souvient de mes propres mails ou courrier quand j'étais petite auprès de mes artistes préférés et je n'aimais pas trop les silences, même si déjà je comprenais que c'était normal de ne pas toujours avoir de réponses. J'essaye à ma façon d'apporter un peu de gaieté aux gens, en dehors de mon travail de graphiste.

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⏰ Last updated: May 17, 2020 ⏰

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