— Regardez-la ! Tu te fous de ma gueule, en plus ? Mais dis-moi juste tu te prends pour qui, hein ? Tu penses pouvoir débarquer ici avec ton air de connasse et marcher sur mes plates-bandes ? Qu'est ce que je t'ai fait pour que tu aies à ce point la haine contre moi ?

Est-elle vraiment entrain de tenter de me faire passer pour une petite peste qui m'acharne sur elle ? Devant un bon nombre de filles de mon lycée, en plus ? Moi qui comptais la laisser déblatérer jusqu'à ce que sa gorge s'irrite, je ressens le besoin irrépressible de me défendre.

— Tu racontes vraiment n'importe quoi, lâche Betty.

— Oui, renchéris-je. Je n'ai rien dit à Noah, Annabeth. Qui t'as mis ça dans le crâne ?

La blonde carre les épaules, tendue et pas le moins du monde apaisée par mes propos. Merde, mais qui a raconté des conneries sur moi ?

— Je vois clair dans ton jeu. Tu veux monter Noah contre moi. Peut-être veux-tu être la première à coucher avec lui pour montrer à tout le monde que tu n'es pas une petite new-yorkaise frigide ?

Annabeth déraille totalement. Ce qui franchit les remparts de sa bouche est un tel tissu d'absurdités que j'hésite entre rire et pleurer. Sans doute souffre-t-elle de trouble mentaux ? C'est la seule explication.

— T'es complètement folle. Décomplexe.

C'est la phrase de trop. La blonde vire tellement au cramoisi que je me demande si elle ne va pas exploser.

— Je ne te laisserai pas raconter des insanités sur moi.

— C'est clair, approuve Chloe.

— Tu mens sur moi et tu ne veux même pas assumer, énonce une Annabeth vraiment en colère. Tu pourrais au moins jouer carte sur tables. Tu sais ce que tu es ? Une salope.

Ma bouche s'ouvre en grand. Attendez, on rembobine. Comment en suis-je arrivée à me faire traiter de salope ? Une rage soudaine me chatouille tous les sens, une rage qui contraste étonnamment avec mon ton calme :

Toi, tu es une salope en manque d'attention avec une coloration jaune pisse. Pauvre fille. 

Mes paroles semblent résonner sur le parking. Un silence pesant s'installe, on n'entend plus que les oiseaux et les voitures qui passent par intermittence. 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas dans mes habitudes de parler ainsi. En général, ce genre de truc, on le garde pour soi mais Annabeth a clairement franchi la ligne rouge. Et puis, je ne fais que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : cette fille est une connasse. 

Betty avait totalement raison quand elle m'a décrite Annabeth en début d'année : elle pense visiblement être supérieure à tout le monde. Le délire reine de la promo, c'est dans les films. Et puis, cette sale peste n'a rien à voir avec Blair Waldorf. Pour ça, un minimum de classe est exigé. 

Elle est écarlate, ses yeux noisette brillent de rage mais personnellement, je n'ai jamais été aussi satisfaite de ma vie. Le truc, c'est quand la seconde qui suit, je me prends une gifle. 

Pendant quelques secondes, je reste en transe, abasourdie par ce qui vient de se passer. Même Chloe semble surprise. Seule Annabeth a un sourire victorieux sur les lèvres, qui s'efface bien vite quand mon poing emprisonne sa tignasse blonde et la secoue violemment. 

OK. Je sais. C'est bien moi qui parlait d'avoir un certain niveau de classe il y a une minute. Mais manifestement, les limites ont été franchies alors je ne compte pas me laisser faire. Sans compter que ma joue me brûle. 

A DANGEROUS GAMEWhere stories live. Discover now