sur un coup de tête

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ils ont repeint le portail, on dirait. je reconnais pas trop le jardin, non plus. puis, je sursaute à l'entente d'un chien qui aboie. un rottweiler un peu vénère, je le fixe sans capter.

wesh ?

mes parents n'ont jamais aimé les chiens. je regarde si je ne me suis pas trompée de numéro au premier abord, mais non, je suis bien au bon endroit. je trouve finalement la force de sonner, sceptique.

si ça se trouve, ils font du dog sitting. ou alors, ils gardent le chien des voisins. ils aiment bien jouer les bons samaritains comme s'ils étaient à wisteria lane. ça ne m'étonnerait pas trop d'eux.

ça pue la merde ouais.

sans réponse de leur part, je sonne une deuxième fois et remet quelques mèches de cheveux en place. je suis putain de stressée, c'est mieux ils viennent vite, qu'on passe à autre chose.

la porte finit par s'ouvrir et dévoile un monsieur que je ne connais pas. il dévale les trois petites marches de son palier et me demande d'un ton pas très commode :

— oui ? c'est pour quoi ?

bonjour, déjà.

— bonjour... je crois que je me suis trompée.

— ah oui, sans doute. vous cherchez qui ?

je déglutis.

— mmh... monsieur et madame sobrevega ?

— je connais pas, désolé.

il me regarde chelou et reste sur ses gardes. il n'a pas l'air d'être convaincu du motif de ma présence. il droit croire que je mens.

poto j'suis pas témoin de jehovah, j'men fous de ta vie.

je ressens un poids dans le coeur que j'essaye par dessus tout de camoufler.

— très bien, pardon pour le dérangement.

je me tire sans attendre qu'il réplique. un peu choquée et surtout perdue. depuis quand ils n'habitent plus ici ? et ils n'ont même pas pris la peine de me prévenir.

d'un coup je suis prise de panique, et pour la première fois depuis longtemps, mes yeux s'humidifient.

et s'il leur était arrivé quelque chose ?

je jette la pâtisserie dans la première poubelle que je vois et prend mon visage dans mes mains. j'essaye de réfléchir, de trouver une excuse valable. de toute façon, s'ils étaient morts, on m'aurait prévenue, je suis leur seule enfant. donc c'est pas ça.

je vais virer paro si je reste sans réponse. alors je décide d'appeler un de mes cousins. celui dont je suis le plus proche aka celui qui ne m'a jamais cassé les couilles.

j'ai le coeur qui bat fort, clairement. et ce couillon ne répond pas. alors je l'harcèle comme never. au bout du dixième appel je finis par lui laisser un message :

— « c'est kamiya s'te plaît rappelles-moi ou je vais faire une dinguerie là... »

sur ces mots je retourne à la voiture et démarre en deux deux. faut que je rentre chez moi.

étrangement le retour se fait beaucoup plus rapidement qu'à l'aller. je respecte aucune limitation de vitesse et je joue la go fast sur l'autoroute.

c'est dingue ce sentiment contradictoire. j'avais pas envie de les voir il y a vingt minutes de ça, et maintenant je suis tétanisée à l'idée de ne pas savoir où ils se trouvent.

mon cousin me rappelle quand je suis sur le périph ma vingtième clope de la journée à la bouche.

— « putain c'est pas trop tôt... je réponds en guise de bonjour.

ShinkūWhere stories live. Discover now