nouveau tournant

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et les cinq premiers jours ont été incroyables.

on a visité les alentours, on a vu de la famille, on a bouffé comme des porcs, aussi.

mon papa a été très impliqué dans notre séjour tout en nous laissant des moments à nous. il nous a même prêté sa voiture, bref un amour.

on n'a jamais reparlé de ce qu'on s'est dit dans la cuisine. on le sait tous les deux, c'est l'essentiel et je compte faire un travail sur moi-même pour me soigner. tout ce que je sais c'est que je veux plus jamais être en froid avec eux.

on s'est quittés sur le port de praia avant d'embarquer pour boa vista tôt en matinée. on avait prévu en amont de reprendre l'avion de là bas pour revenir à paris.

personne n'a pleuré mais c'était émouvant. j'ai dit que je les appellerai une fois en france et ils m'ont répété de revenir très vite. à ken aussi, contre toute attente.

c'est magique ce qu'il m'arrive, j'ai même du mal à réaliser tout ce qui s'est passé en si peu de temps, je me sens bien. j'ai vraiment l'impression de vivre, là.

on a clairement fini notre nuit sur le bateau, et une fois arrivés, on a filé à l'hôtel pour déposer nos affaires, on a loué une gov pour la journée et on est de suite repartis. on part demain soir, on n'a que cette journée pour faire un maximum de choses.

première étape du parcours avant que le soleil ne soit au zénith, le désert.

d'après le guide, il est plutôt petit, c'est juste une petite parcelle de sable blanc dans un coin de l'île, mais ça nous suffit pour nous émerveiller.

du coup le pélo nous raconte l'histoire du désert, c'est grave passionnant mais à un moment donné on décroche.

— vas y c'est quand qu'on fait du quad là ? s'impatiente le brun dans mon oreille.

je me mords la joue pour m'empêcher de rire.

— j'sais pas. dans tous les cas c'est moi qui conduis.

— t'as craqué toi, il répond. tu vas derrière.

— on fait shifumi alors.

il me jauge du regard, puis me tend son poing.

— trois manches, je lis sur ses lèvres.

j'hoche la tête, le combat se fait en silence.

c'est hilarant parce que je sens le regard des autres sur nous, et cet idiot est déchaîné, il m'a enchainé les deux-zéro j'ai rien capté.

j'ai les nerfs mais bon, on va pas jouer les rabat-joie, la flemme.

— t'inquiètes beauté derrière c'est bien aussi, dit-il en m'enlaçant.

— ferme là.

et le guide exauce nos prières. il nous invite chacun à prendre un quad et à le suivre pour débuter l'excursion. j'arrête de bouder et monte à l'arrière. ken me caresse la cuisse et me sourit dans le rétro avant qu'on démarre.

mais on va à deux à l'heure.

en fait on est tous en file indienne et on roule au pas pour pouvoir admirer le paysage, ça tombe sous le sens, c'est vrai. mais... je sens qu'il a envie d'accélérer le petit. et moi aussi.

— vas y double-les ! je souffle pour qu'il m'entende.

il hésite. j'emploie les mots magiques.

— couille-molle.

il accélère et je manque de tomber à la renverse. on dépasse les quatre quad devant et on s'arrête à la hauteur du guide. il fait style de lui poser des questions pour justifier son allure.

ShinkūWhere stories live. Discover now