Une dernière valse

une minute

*

- Aitor, tu m'entends?

-J'ai du...mal à respirer.

-Calme ton coeur. Est ce que tu me vois?

-T'es floue Ariane. Je te vois...en double.

-Quelle chance tu as.

-De?

-De me voir en double.

-Ne... ris pas.

-Pourquoi?

-Je veux te...garder encore auprès de...moi. Attrape...mon doigt. Tu y arrives?

-Aitor?

-Oui?

-Ta main est chaude.

-Serre la aussi fort que...tu peux.

-Dans moins d'une heure, elle sera glacée.

-Regarde... moi. Je t'aime.

-Tu as mal? Tu saignes beaucoup...

-Non, je n'ai pas...mal. Ça fait... ça fait des années que je n'ai plus mal.
Tant que tu es là, je n'ai plus... mal.

-Je pars pas. Tu veux que j'aille où? Je pars pas.

-Tu... pleures?

-Je crois bien.

-Pourquoi?

-Parce qu'il risque de faire bien froid, sans toi.
Je veux pas mourir, Aitor...

-Je crois que... je crois que tu n'as pas le... choix.

Les larmes roulent sur les joues d'Ariane, s'amassant au coin de sa bouche ouverte. Ses doigts tremblent, comme dans l'espoir d'un dernier mouvement. Dans peu de temps, ils ne bougeront plus, embarqués dans un autre monde. Ils seront étalés sur le sol, sans vie, au milieu de la route, animée par leurs chants célestes quelques heures plus tôt.
Au début d'une nuit parsemée d'étoiles filantes.