• ƈɧą℘ıɬཞɛ IV •

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Je me réveillai à l'aube, par l'horloge du boudoir qui teintait neuf coups. C'était comme le claquement d'un début de nouveau départ, d'une nouvelle vie.
Épuisée, comme vidée de mon énergie et avec des douleurs inhabituelles aux muscles, je descendit les marches du grand escalier avec une extrême lenteur, ne sachant quoi faire après. La maison demeurait toujours aussi déserte et muette.
Après plusieurs défaites je trouvais finalement, par moi-même, la salle à manger.
Une grande table rectangulaire couverte d'une nappe à carreaux dominait la pièce, une quinzaine de chaises en bois pleins autour. Des assiettes et une théière assortie pourpres avec des motifs bleus dessus, du pain grillé, un bol de confiture, des œufs, une très grosse tarte située au milieu de la table duquel une part avait été coupée.
Des petites mouches volaient autour de la théière et des morceaux de sucre. La table avait l'air d'avoir été mise depuis un bon bout de temps.

Mathurine devait être occupée dans la cuisine ou dans le solarium à arroser les fleurs. Matthieu étais parti je ne sais où, hier soir, il n'était toujours pas rentrer.
J'étais bien seule, libre de poursuivre mon enquête, mon investigation sur le passé étrange de cette maison.
Personne pour me poursuivre à longueur de journée en imposant ce que je devais faire.
Je ne me sentais pas à l'aise dans ce système, je n'avais pas l'habitude de me prendre en charge moi-même. Je voulais qu'on me dises où aller quand y aller faire si faire ça. Je n'aimais pas me réveiller seule à l'heure que je voulais et m'ennuyer dans une luxueuse maison où tout abondait. Par habitude, je voulais suivre des ordres, des règles ; unique moyen pour moi de me sentir en sécurité.

« MARTHE ! MAAARTHE ! »

Je tressailli. Je me précipita sans hésiter un instant vers le hall d'entrée, ma serviette toujours accrochée à mon col.

C'était un vieil homme grincheux, tenant une longue pelle à la main, légèrement voûté, vêtu
d'une veste sale vert kaki et dont la moustache noire se courbait à l'extrémité de sa bouche. Il s'arrêta net devant le seuil de la porte. Il me vit, et m'ignora, comme si j'eus été invisible.

« MAARTHE ! » hurlait-il de plus belle.

Je fut extrêmement étonné par cette attitude. La gouvernante sortît d'un recoin non identifié et s'avança vers lui avec un petit panier dans les mains.

« Oui, oui, j'suis là. Tiens, v'la ton déjeuner.»

Il lui arracher le panier brusquement des mains.

« Bonne journée ! » lui dit-elle, d'une voix gaie de petite fille.

Il s'éloigna vers la grille du parc en ronronnant des mots incompréhensibles.
Je l'observais avec de gros yeux, ahurie, puis me retournai vers la femme. En me voyant, elle sourit et s'en alla vers la pièce inconnue dont elle était sortie puis fit demi-tour.

« Ah, au fait, j'ai oublier d'te dire, Lucine va venir aujourd'hui, erh... vers midi. »

« Lucine ? »

« Oui, l'institutrice pour l'école. »

Je pointais mon pouce vers la grande grille :
« Et c'était qui ? Je pensais qu'on était seuls ici...»

« Oh... c'est Alfonso, le jardinier, lui aussi sa fait des lustres qu'il est là. » elle posa ses yeux mélancoliques sur la grille, au loin.

« Vous êtes mariés, tous les deux ?» demandais-je, curieusement.

Elle pouffa : « Oh non, du tout. Il pourrait être mon père ! Haha, ma petite Georgie, tu en a des idées ! »

Sur ce, elle s'échappa à grands pas en m'empêchant d'objecter. Mathurine n'aimait pas qu'on lui pose des questions, Matthieu non plus.

*°• Georgiana •°*Onde histórias criam vida. Descubra agora