Pékin

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Charlie avait un bras en écharpe. Une mauvaise manoeuvre face à un de ses protégés lui avait valu le bras cassé. Il était malheureusement en arrêt de travail depuis une semaine et il commençait à avoir de la difficulté à endurer son petit copain. Il n'arrêtait pas de lui dire qu'il avait besoin d'espace et qu'il était trop encombrant, mais le français inquiet pour la blessure de son copain n'écoutait rien.

-Ludo! Je suis capable de manger seule. Pas besoin de me nourrir.

-Mais c'est de la soupe. Je ne veux pas que tu te brûles.

-C'est toi qui vas te bruler quand tu recevras un bol chaud dans le visage.

Lamontagne blêmit avant de reculer doucement devant son copain effaroucher.

-Désolé. J'ai recommencé. Je voulais bien faire.

-Oui, tu as recommencé.

-Si tu t'étais cassé le bras qui n'est pas dominant, je m'inquièterais moins.

-Ludo...

-J'arrête.

Il quitta même la pièce, pour s'assurer de ne rien rajouter. Le problème dans un petit appartement était que quand Charlie avait besoin de souffler, il n'y avait pas beaucoup d'endroits où aller. La chambre ou le balcon. Devrait-il envisager d'acheter une maison? Après tout, il voulait passer sa vie ici avec les dragons. Mais est-ce que son petit-ami accepterait? Il tenta de se nourrir, mais effectivement, la dextérité de son bras valide était beaucoup moins efficace. Il se gratta le début de barbe qui lui poussait. Allait-il le rappeler? Lui dire qu'effectivement, il apprécierait de ne pas s'ébouillanter en prenant son repas? Mais un hibou qui se posa sur son perron le ramena à la réalité.

-Ludovic, on a du courrier. Tu veux aller voir?

Le français sortit de la chambre et ouvrit la porte-fenêtre de leur balcon. L'animal s'engouffra dans la pièce et dès que le métamorphomage lui prit l'enveloppe, il commença à se nettoyer les plumes. Malheureusement pour le rapace, la maisonnée était habitée depuis peu par quatre dragons. Ce fut la nouvelle de la bande, qui voulant impressionner ces compères, qui sauta vers l'animal.

-Pékin! Non!

Ludo lâcha la lettre pour agrippa la créature en plein vole qui lui mordit le doigt effaroucher.

-Aie. Pourquoi je me fais toujours mordre ?

Charlie retient un fou rire devant les lamentations de son amoureux.

-Tu ne t'y prends pas de la bonne manière. Pékin vient petite.

Il montra un morceau de viande qui flottait dans sa soupe et aussitôt, le reptile ailé, s'envola vers son deuxième père. Elle fut rejointe par les trois autres qui demandaient eux aussi cette attention devant leurs maitres. Charlie commença à distribuer des morceaux à chacun le sourire aux lèvres et se retourna uniquement quand il entendit Lamontagne soupirer.

-Je ne rivaliserais jamais avec ses petites bêtes.

Son regard était triste, Charlie savait que la première relation du français s'était plutôt mal terminée et que depuis, il manquait quelque peu de confiance en lui. Il tenta alors de le rassurer.

-Ne dis pas n'importe quoi. Ses petites bêtes sont nos enfants. À nous deux. Il n'y a donc aucune rivalité à avoir.

Ludo lui lança un sourire las. Il s'était quand même fait gronder par le Weasley d'avoir tenté de le nourrir à la cuillère. Il lit le nom sur l'enveloppe.

-Ton frère Ronald t'écrit.

-Comment fais-tu pour savoir que c'est Ron?

-J'ai reconnu l'écriture.

Il montra le nom de Charlie gribouiller sur le dessus de l'enveloppe comme une évidence. Il n'y avait aucune évidence là, mais le rouquin s'abstient d'un commentaire.

-Je suis blessé. Tu veux me faire la lecture?

-Soudain, ça l'arrange que je sois au petit soin avec lui.

Charlie lui offrit un sourire charmeur qui arracha un petit rire à Ludo. Il lit la lettre avant de dévisager le dragonologiste.

-Ton frère a un bébé dragon?

-Non, pourquoi?

-Et bien, il semblerait dans sa lettre qu'il a besoin de ton aide pour le faire sortir de Poudlard le plus tôt possible et sans se faire repérer. Il aimerait que tu l'amènes vivre à la réserve.

-Ron?

-Oui.

Charlie réfléchit un moment.

-Bon, tu vas écrire à mes copains, pour qu'il aille le chercher. On ne peut pas transplanter à Poudlard, mais ils pourraient...

-Attends. Ça ne t'inquiète pas que ton petit frère a un dragon?

-Pourquoi ça m'inquièterait?

-C'est illégal. S'il se fait prendre? Comment l'a-t-il eu d'ailleurs? Je suis le seul à me poser des questions? C'est normal pour toi de recevoir ce genre de lettre?

Charlie pouffa de rire.

-Pour être franc. Oui, c'est normal. J'aurais été surpris si ça était venu de Percy, mais Ron ou les jumeaux... s'il veut m'en parler il m'en parlera, mais tu as raison, c'est illégal. Veux-tu que je te rappelle autre chose qui est illégal, les affaires douteuses de Jae et la façon qu'il a utilisée pour me trouver trois dragons ?

Ludovic resta sans mots un moment. Il avait après tout était celui qui finançait le trafic de dragon à Poudlard. Charlie enchaina.

-Voilà pourquoi on doit se charger de l'affaire le plus vite possible. À ta plume jeune Scribe! Mon frangin a besoin de nous.

Ludo éclata de rire avant de sortir parchemin et plume.

-J'aurais cru que tu aurais voulu aller le chercher toi -même.

Comme seule réponse, Charlie s'ébouillanta avec son bras valide. Question idiote. Il ne ferait que ralentir le processus. Lamontagne tenta quelques hypothèses.

-Tes amis pourraient utiliser le réseau de cheminée pour arriver à Pré-au-lard et ensuite aller chercher le dragon au château.

-Mais ils ne doivent pas être vus. Il faut que ça soit la nuit et Ron ne peut quitter le château après une certaine heure. Il faudrait qu'il amène le dragon à la tour d'astronomie. On dira à mes copains d'amener des balais!

Aussitôt, le linguiste commença à rédiger la note destinée à son beau-frère et aux collègues de son amant. Ils y passèrent presque une heure à faire des théories et émettre des idées saugrenues. Riant entre chacune d'elle. Rien de tel pour resserrer des liens que de planifier un acte parfaitement illégal dans le confort de leur foyer.

Une vie en Roumanie (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant