Chapitre IV

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Le pinceau valse sur la toile, et l'odeur de la peinture à l'huile prend le dessus sur les effluves du repas en cours de préparation dans les cuisines

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Le pinceau valse sur la toile, et l'odeur de la peinture à l'huile prend le dessus sur les effluves du repas en cours de préparation dans les cuisines. Huxley annoncera le dîner à dix-neuf heures sonnantes. Il me reste quand même assez de temps pour terminer mon tableau, puis pour me changer. Les Green ne plaisantent pas avec les horaires, alors que je passe mon temps à être, soit en retard, soit trop en avance. Une manie que ma mère tente de corriger en vain, comme toute une longue liste de mes défauts d'ailleurs.

Je m'absorbe dans mes traits, mes courbes, le bout de la hampe claquant par intermittence entre mes dents. J'imprime un mouvement fluide à mon arme artistique pour tracer les contours du visage d'Archie Wright : un portrait de son corps post-mortem, dans les moindres détails. Un chef d'oeuvre, peut-être pas, mais la ressemblance est saisissante, et ce même avec mes digressions créatrices et mes déviations fantasmagoriques.

Depuis mon jeune âge, je possède une étonnante capacité mnésique. Je retiens le moindre visage que je croise, capable de les reproduire à la perfection en dessin ou de reconnaître une personne croisée une seule fois à l'angle d'une rue. Alors qu'un individu normal peut retenir en moyenne cinq-mille visages, je dois avoisiner le double.

Un don de physionomiste qui ravi mon père, capable de saluer le même individu deux fois dans la même soirée ou de passer sans le voir devant une connaissance de longue date. Il faut dire que c'est un homme distrait, mon père. Encore plus depuis qu'il prend ces cachets.

Quoiqu'il en soit, sans mon terrifiant organe génital féminin, je travaillerais depuis longtemps à la Langdon Court, la Police des Polices, au service des portraits. Aucun meurtrier digne de ce nom n'aurait échappé à ma mémoire éléphantesque et mon coup de crayon. En attendant, je me contente de les peindre après leur mort plutôt que sur des avis de recherche.

Depuis mon tout premier jour au Secteur de la Mort, chaque condamné qui passe entre mes mains finit immortalisé sur un tableau de mon cru. Une habitude assez étrange, certes, mais qui me permet de vider mon esprit plus facilement que l'eau d'un puits avec un sceau. Et du vide, cette maison toute entière n'en souffre malheureusement pas. Mon antre privé, qui se trouve pourtant dans un sous-sol sombre, voir humide, et regorge de bric-à-brac, ne renvoie pas une telle sensation d'étouffement. Une vraie indigestion décorative !

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⏰ Last updated: Apr 09, 2020 ⏰

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Macabre - La beauté cachée [EN PAUSE]Where stories live. Discover now