Tu sais que je t'aime ?

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       «Dis moi. Dis moi que se sera bientôt fini. Dis moi que je ne pars pas dans la souffrance. Dis moi de belles paroles avant mon extinction. Dis moi que tout va bien se passer. Dis moi que je ne vais pas mourir. Dis moi où est le paradis. Dis moi que les anges seront miséricordieux. Dis moi que tu m'aimes. Car tu sais, moi je t'aime.»

      Il s'est éteint. Son feu a cessé de brûler. Il avait une flamme de joie dans ses yeux. Son cœur était chaleureux. À chaque fois que je le prenait dans mes bras, c'est comme si je rentrais dans le chalet de mon enfance et que je me posais dans le fauteuil en cuir, lisant un bouquin de romance en face de la cheminée. Il était tout pour moi. Je l'ai perdu à jamais.

     Se fût ses dernières phrases avant de mourir. Je ne lui ai pas répondu. Je ne pouvais pas. J'étais noyée par mes larmes et étranglée par ma tristesse. Il reposait dans son lit d'hôpital. J'ai quitté sa chambre avec lenteur. Je suis sortir dans la rue. La nuit noire surplombait le ciel massif et haut. Je regardais les étoiles. Il devait en faire partie maintenant. Tant mieux. J'espère le meilleur pour lui. J'enfonce violemment mes écouteurs dans mes oreilles et balance une playlist «it's 1am and I still miss you». J'engouffre ma tête dans la capuche de mon sweat et je détale dans la rue.

      Je ne sais pas ce que je fais, je ne sais pas où je vais. Je veux juste m'enfuir. Je suis perdue dans un brouillard de désolations et de lamentations qui progresse vers mes nerfs et me fait péter un câble. Hors de question que j'aille chez moi. Je n'ai plus de chez moi. Je suis une âme solitaire qui titube dans les rues d'une foutue ville de merde. Je suis vulgaire ? Et alors ? J'ai perdu quelqu'un. J'ai mes raisons et peu importe si elles ne sont pas valables.

       Je grimpe dans les montagnes pour être au plus proche des cieux. Je veux être au plus proche de lui. Je veux l'entendre. Je veux le sentir. Je veux le voir. Je serai près à tout faire pour qu'il reste à mes côtés, mais il est partit. Je n'arrive pas à l'accepter. Je ne peux faire mon deuil. Ma colère est si intense que j'en perds le Nord. Je perds espoir. Je perds la confiance qu'il avait bâti en moi avec ardeur. Je l'aime putain ! Pourquoi on me l'a pris ?!

       Je fixe le ciel de ténèbres cherchant une réponse, mais je ne vois rien. Le silence. Ce silence qui ne m'avait point manqué. C'est comme si votre bonheur disparaissait du jour au lendemain, et que vous vous preniez un retour de flamme, vous foudroyant l'âme tel un éclair. Je suis seule maintenant. Mon cœur n'est plus. Il l'a emporté dans sa tombe. La prochaine fois, emporte moi en entier. Sans toi, je ne peux plus être utile.

       Depuis ma naissance tu m'as offert le plus beau cadeau du monde, grâce à mes parents. Des bisous des câlins, des caresses, des mots tendres. Dans mon enfance j'ai eu de la joie, j'ai vu de la fierté à mon égard dans les yeux d'autrui. Dans mon adolescence, j'ai découvert le «couple». Une sorte d'entente entre deux êtres compatibles, apte à communiquer de façon cordiale l'un envers l'autre, de s'aimer, de faire des choses ensemble... Et la, je rentre dans le monde adulte, la où j'ai besoin de toi pour me fonder, et tu t'en vas.

      Tu m'as toujours dis que j'allais y arriver. J'y ai cru. J'y ai cru car tu étais présent à mes côtés. Maintenant que tu es mort, ma fleur de rose se fane, ta couleur rouge chatoyante roule sur mes bras, ta chaleur rassurante n'est que brasier de haine.

Mon Amour... J'ai besoin de toi.

Mon Amour... Je ne te le dis pas souvent, mais...

Tu sais que je t'aime ?

Tu sais que je t'aime ?Where stories live. Discover now