Lorsque l'on monte dans le véhicule, le silence prend place et l'angoisse en moi ne se fait pas prier, rendant mes mains moites, alors je les frotte discrètement sur mon uniforme, sans le froisser pour autant, afin d'être parfaite devant les familles.

Mes deux amis, assis derrière ont eux aussi mis leurs tenues de circonstances et cela rend la situation encore plus sérieuse et difficile. Il ne faut que trente minutes pour nous rendre à la première adresse, Celle de Maureen. Mon regard se perd alors sur le paysage environnant et je m'aperçois qu'elle ne nous avait pas menti en nous disant qu'elle vivait presque dans les bois. Constatation qui me fait légèrement sourire car vivre ici doit-être tellement agréable.

— C'était presque Robin des bois au féminin, Maureen ! Je comprends mieux pourquoi, elle avait autant de mal avec le sable, précise alors Keegan avec un léger amusement, ce qui fait du bien avant ce qui nous attend.

Quand notre chauffeur stoppe enfin le véhicule, devant un immense chalet en bois, je ne prends pas le temps de réfléchir et sors, afin de me diriger dans le coffre et y prendre les papiers de circonstances ; les condoléances et remerciements de l'armée, ainsi que les affaires de celle-ci. Les honneurs lui seront rendu comme il se doit le lendemain, lors de la cérémonie militaire.

Lorsque je grimpe les marches, je me compose un visage neutre, celui de la Capitaine en mission et ce, afin de ne pas flancher. Autant dire que cela ne s'annonce pas gagnés mais pour mon amie, je me dois d'être là, de venir moi-même annoncer à cette mère de famille que sa fille ne rentrera plus chez elle. Qu'elle ne la serrera plus dans ses bras.

Voilà aussi pourquoi, je ne souhaite nouer aucune attache avec qui que se soit, seuls mes amis et membres de mon équipe me suffisent. Peut-être changerais-je d'avis, une fois mes services remercier, mais pas avant, pas avec un risque que ma mort cause du mal auprès de quelqu'un. Encore pire un enfant, pense-t-elle alors en regardant rapidement Keegan, qui est père depuis peu.

Une fois devant la porte d'entrée face à nous, je regarde Keegan et Mélanie et tous deux m'offrent un signe de têt en soutien. Il ne m'en faut pas plus pour frapper deux coups sur le panneau de bois et attendre que l'on nous ouvre. Moins d'une minute ne se passe avant que la porte ne s'ouvre sur une femme d'une cinquantaine d'années, un sourire aux lèvres.

Celui-ci se fane aussitôt lorsqu'elle nous voit, mais surtout après examiner nos tenues et ses yeux s'embuent sans même attendre que je ne prononce le moindre mot, me valant de perdre une partie de mon sang-froid face à la détresse de cette mère.

— Non... Pas ma fille... nous laisse-t-elle entendre entre deux sanglots.

Aucune chance que je reste de marbre une minute de plus, au diable le protocole, pas devant cette femme que j'ai rencontrée à plusieurs reprises. Je m'avance d'un pas et elle se jette dans mes bras que je referme sur son corps tremblant. Je n'ai donc pas besoin de me présenter comme l'exige normalement le protocole en de telles circonstances.

— Je suis désolée, Madame Peters... Votre fille est morte au combat et en héroïne, vous pouvez être fière d'elle, lui dis-je alors afin de tenter de la consoler au mieux.

— Merci... Merci de me dire cela... répond aussitôt cette femme qui parvient à se reprendre et me faire face, les yeux rougis.

— Vous n'avez pas à me remercier, votre fille était mon amie, bien plus que l'un de mes hommes ! C'est donc pour cela que je me devais de venir vous le dire en personne et surtout vous rapporter ses affaires, qui je le sais, elle voulait que vous les ayez... précisais-je ensuite, en lui tendant le paquetage de mon amie et qui contient tous ses effets personnels, ainsi que la fameuse lettre.

Madame Peters, prend le tout et serre le sac contre son corps, toujours secoué par ses sanglots. Je l'averti ensuite que la cérémonie militaire et l'enterrement auront lieu le lendemain. Non sans omettre que bien sûr l'état s'occupe de tout comme l'ont précisé les hommes avant de partir, c'est-à-dire pour Maureen, reposer auprès de ses frères d'armes dans le cimetière militaire. Souhait que nous avons tous fait, afin d'être tous ensemble, même dans la mort. Ce qui prouve encore plus à quel point nous étions tous liés. Lorsque les explications sont finies et qu'elle me confirme sa présence le lendemain, nous la saluons et lui précisons que nous devons y aller. Elle me remercie encore une fois avant de rentrer chez elle, le cœur lourd. Tout comme le mien et ce n'est que la première partie pour moi.

Quant Keegan s'aperçoit de mon état mental, peu réjouissant, il vient me serrer dans ses bras afin de me réconforter, tout en me disant alors que j'ai très bien agi et que l'on s'en fou des protocoles, ce qui a le don de me faire sourire.

— Ouais, ce n'est pas toi qui risques les réprimandes, c'est pour ça que tu dis cela ! m'empressais-je alors de lui dire, tout en reprenant mes esprits et m'avançant vers la voiture.

— Même si ce que tu dis à une pointe de vrai, sourit-il. Il n'en reste pas moins que ses familles te connaissent, tout comme tu les connais ! En six ans que l'on travaille tous ensembles, c'est même logique ! Donc rester impassible n'est pas une chose envisageable et même si tu veux te la jouer gros dur, tu n'es pas ainsi, finit-il par m'avouer.

Pas de doute, mes amis mes connaissent très bien, preuve en est maintenant et cela me fait chaud au cœur je dois avouer.

— Merci de briser ainsi mon image, Keegan ! grognais-je juste pour le fun lorsque je monte enfin dans le véhicule et que mes amis en font de même.

Plus un mot de plus ne se fait entendre et le silence reprend ses droits dans l'habitacle. Le chauffeur nous conduit maintenant dans un village de Picardie, à plus d'une heure et du nom de Viels-Maisons. Là où réside la famille de Braxton, plus précisément son frère ainé et sa sœur cadette, comme il le leur a souvent précisé.

Nombreuses sont les fois où il parlait d'eux, mais aussi de ses autres frères, ceux du MC auquel il appartient. Contrairement aux autres membres de mon équipes, je n'ai jamais rencontré quiconque de la famille, ou même des amis de Braxton. Non que l'un ou l'autre ne le voulions, mais vu leurs activités peut recommandables et surtout en contradiction avec l'armée, il préférait ne pas que l'on se retrouve en porte à faux. Je n'ai jamais été contre son choix, après tout cela lui convenait ainsi, alors il en était de même pour moi.

Par chance, afin de m'aider à trouver les concernés, Braxton nous avait montré nombreuses photos d'eux, ce qui va donc être plus simple pour nous de les trouver. Fait qui s'avère encore plus vrai quand lorsque l'on se gare sur l'immense place du village, une dizaine de motos sont présentent, ainsi que quelques Bikers, contre l'un des murs du Club, discutant entre eux. Toutefois, leur attention se portent sur nous lorsque je descends du véhicule et me tourne vers Keegan qui a abaissé sa fenêtre.

— Putain, ça craint là ! Tu es certaine de vouloir y aller ? Ses gars ne m'ont pas l'air très accueillant, si tu veux mon avis.

— On s'en doutait bien, Keegan ! Braxton nous avait avertit sur qui il était ! Puis, j'en ai maté des biens plus coriaces, ce n'est pas une bande de gros bras en cuir qui va me faire peur, lui dis-je avec un sourire que je veux rassurant.

Lorsque je lui fais part de cela, je ne mens pas, aucune peur vis-à-vis de ses hommes, seule la douleur de l'annonce que je m'apprête à faire à cette famille ne me quitte pas. Une fois le sac en main, je reviens vers mes amis et leur précise de m'attendre là, car voir trois militaires débarquer en force, risqueraient de braquer ses hommes et rendre la situation encore plus difficile.

Une fois cette précision de faite, je reprends constance et m'avance avec droiture et sérieux, le regard rivé sur la porte vitrée qui me fait face. Je l'ouvre et l'odeur, d'alcool de sexe et de musc vient aussitôt m'agresser les narines mais par chance, avoir été au front et sentir des odeurs bien pire lors de déminages ou autres missions m'aide à ne pas me laisser assaillir par les odeurs et grimacer. Ce qui à coup sûr me décribiliserai auprès de ses hommes, fait que je dois bien évidement éviter.

C'est donc avec une démarche assurée que je me dirige vers l'homme au bar, afin de savoir où sont les frères et sœurs Cooper. Je ne manque pas les regards peu ravis ou surpris de me voir ici, surtout en cette tenue, mais je n'en tiens pas cas. Afin de leur offrir aucune possibilité de venir me faire chier. Non que j'aie peur, loin de là même, simplement je n'ai pas envie de me battre, pas aujourd'hui.

Red Eagles Riders ~ 1- TYR, Unité Fantôme ( Terminé, Sous Contrat )Where stories live. Discover now