Natalia Stanvisky

Chapitre 13.

Le lendemain matin, Cléo se réveilla difficilement. Elle n'avait eu aucunes nouvelles de la star et n'avait pas oser lui écrire en premier, par peur qu'elle ne réponde pas mais surtout par fierté. Au milieu des draps blancs de la couche, son corps mince et en partie dénudé se recroquevilla sur lui même. Une boule au ventre présente depuis des jours, voir des semaines, lui appuyait fortement sur l'estomac, lui faisant mal et presque avoir des nausées. Elle ne savait pas pourquoi elle ressentait tous ces maux, elle se sentait stupide de voir qu'une personne pouvait avoir tant d'autorité sur son humeur, qui plus est quelqu'un qu'elle ne connaissait à peine. Elle aimerait tellement pouvoir arracher toutes ces mauvaises ondes et les lâcher dans le vide, heurtant les vitraux de l'immeuble à travers les étages.

" - Oh mais reprends toi ma fille, reprends toi ! Cria-t-elle presque à travers la pièce, en enfouissant sa tête dans un imposant oreiller du lit."

Sans qu'elle le voit arrivé, quelqu'un vint toquer à sa chambre. En sous-vêtements, l'artiste enfila un peignoir que l'hôtel lui avait fournit afin d'ouvrir la porte. Tony se trouvait sur le seuil, toujours aussi bien apprêté qu'à son habitude. 

" - Bonjour Cléo, je te fais la bise, on se connaît bien maintenant. Salua-t-il, se penchant vers elle.

- Bonjour Tony. Répondit-elle, se penchant à son tour.

- Le voyage s'est bien passé ? Pas trop dur avec le décalage horaire ?

- Oui super. Je vais vite m'y habituer je pense. Vous venez d'arriver avec Natalia ?

- Non du tout, cela fait trois jours que nous sommes sur place."

Trois jours ?! S'insurgea Cléo. Et pas même un signe de vie ?

" - Ha d'accord. Répondit-elle seulement.

- Je vais te laisser te reposer un peu, je voulais être sûr que tout se passait bien pour toi.

- C'est gentil, vous êtes dans le même hôtel ? 

- Oui oui, Natalia réside dans la chambre juste en face de la tienne. Bon aller, on se voit demain pour le grand soir. Prépares toi psychologiquement car il y aura encore plus de monde que d'habitude. A bientôt. Dit le jeune homme en commençant à partir"

Bouche bée, l'artiste n'en croyait pas ses oreilles, Natalia se trouvait juste à quelques mètres d'elle. Elle regarda la porte, comme si celle-ci lui faisait de l'œil et la défiait. Elle s'avança dans le couloir, se retrouvant à quelques centimètres de l'antre de son cœur, mais se retint finalement pour ne pas aller y toquer. Pendant un court instant, elle s'imagina la fracasser afin de faire une grande leçon de morale à la star. Quelle garce ! Pensa fortement Cléo, avant de se résigner à revenir dans sa chambre.
Toute la journée, elle eut tant espérer que Natalia franchisse le seuil de la porte pour s'engouffrer dans sa suite, cependant plus les heures passaient plus l'espoir de la retrouver aujourd'hui s'amenuisaient. Elle n'était pas sortie de sa chambre, de peur de la rater. Elle s'était contentée de regarder la télévision, alitée et désespérée. Elle vouait une véritable obsession pour la star mondiale, pas comme tous ses fans qui l'idolâtraient non, d'une manière bien plus réelle et profonde que cela. Elle était devenue le cliché que l'on voit souvent dans les comédies romantiques, le cliché qu'elle détestait tant, le coup de foudre obsessionnel n'avait rien de réel pour elle, avant ces dernières semaines. Parfois, elle se sentait sale, voir souillée, d'avoir laissé entrer ces sentiments bien trop intenses dans tout son être. Puis elle se rendait compte qu'ils demeuraient incontrôlables. C'était si étrange pour elle qu'elle avait l'impression de marcher, de errer dans un monde parallèle. La nuit tombée, Cléo peinait encore une fois à s'endormir, l'écran de la télévision éclairait à peine la chambre, ainsi que la lune presque entière, comme un phare dans la pénombre. Elle savait qu'elle devait se contenter de croiser Natalia le lendemain durant l'exposition, elle avait du mal à imaginer la façon dont elle allait réagir en la revoyant. Elle avait tant d'amertume, tant de rancœur qu'elle ne sut trouver le sommeil que tard.