Chapitre 13.

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Dans un avion de ligne, les nuages défilaient à travers les hublots de l'appareil. Cette masse blanche ressemblant à un amas de coton donnait l'envie à Cléo de battre des ailes. Si la jeune femme aurait pu choisir un don cela aurait été incontestablement celui de pouvoir voler : s'enfuir quand le besoin s'en faisait ressentir, voyager à travers le monde pour voir d'autres paysages, battre des ailes aussi fort qu'elle puisse se sentir libre en criant et s'extasiant à travers le ciel. Si elle pouvait s'envoler, Cléo irait au plus haut pour apercevoir des personnes qui lui manquaient tant, elle irait au plus loin pour rejoindre la femme qui hantait ces rêves. Quand cela serait fait, elle la prendrait dans ses bras et l'emporterait avec elle à tout jamais, l'emmenant dans un coin de paradis qu'elles pourraient bâtir, ensemble. 

Après tant de rêverie et d'évasion, après tant d'heures d'avion, les ailes d'acier approchèrent enfin du sol, synonyme de retrouvailles tant attendues par deux êtres liés jusqu'à la fin des temps. Cléo traversa l'aéroport, espérant et imaginant que Natalia vienne la chercher. Quand elle vit un homme tenant une pancarte avec son nom, ses espoirs partirent en fumée. Il la conduisit vers l'extérieur, auprès d'un véhicule noir qui l'emmènerait à l'hôtel, celui-ci était vide, laissant la jeune femme dans une grande morosité. Égoïstement, elle ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Natalia de ne pas être le centre de son monde, elle qui représentait petit à petit la capitale du sien. Si tous les sentiments qu'elle ressentait étaient contradictoires, passant du bien-être fou à la frustration frénétique, un seul demeurait intact : la passion dévorante. 

La voiture avança à travers les rues de la grande ville asiatique, il faisait nuit mais les lumières des écrans, des commerces et des bâtiments l'éclairaient de mille feux. L'artiste se pensa dans un autre monde, tout ici était si différent de tout ce qu'elle avait connu. Elle avait toujours rêvé de venir dans cette partie du monde, elle n'était pas déçue de ce qu'elle voyait, semblable à son imaginaire. Le véhicule se stoppa devant un grand bâtiment vitré, un voiturier vint lui ouvrir la porte, apparemment elle se trouver devant son hôtel. Le même homme prit ses bagages dans le coffre et la convia à l'intérieur de l'immeuble. Par chance pour elle, la femme derrière l'accueil parlait quelques mots de français. Quand elle demanda son nom, un large sourire éclaira alors son visage :

" - Oh vous êtes l'artiste qui travaille avec Madame Stanvisky ! S'exclama-t-elle.

- Euh... Oui, c'est ça.

- Alors ça, c'est une sacrée chance !"

La petite dame ricana tout en cherchant la carte de la chambre de la jeune femme. Pleine d'admiration, elle lui tendit le sésame tant attendu par Cléo, qui fut éreintée de son voyage.

" - Mao va vous conduire à votre chambre, je vous souhaite un bon séjour Mademoiselle Marchand.

- Merci..."

Je vais être connue pour "la fille qui travaille avec MADAME Stanvisky"... Songea Cléo, exaspérée, suivant le jeune homme qui la conduisait à sa suite.
L'artiste se rendait compte que, à l'exception de l'histoire qui l'unissait à Natalia, tout le monde ferait de suite le rapprochement avec la star quand ils entendront son nom. Elle sera toujours l'artiste qui a travaillé à ses côtés pendant des mois. Si un jour elle voulait ne plus entendre parler d'elle, cela serait strictement impossible. Dans la vie professionnelle, comme dans la vie personnelle, elle était liée à elle à jamais, qu'elle le veuille ou non.
Après avoir emprunté l'ascenseur aux côtés de l'artiste pour se rendre au dernier étage, l'employé de l'hôtel ouvrit une porte au milieu d'un long couloir. Il invita la jeune femme à entrer pour découvrir sa chambre qui était bel et bien une suite, encore une fois. Elle était gigantesque, moderne et subliment décorée. Mais ce que préférait Cléo était la petite terrasse à l'extérieur, offrant une vue imprenable sur Tokyo. S'appuyant sur la rambarde, le vent s'engouffrant dans ses jolis cheveux châtains, la jeune femme se demandait où Natalia se trouvait. Était-elle déjà arrivée ? Était-elle en train de longer une rue éclairée de la ville ? Ou peut-être était-elle plus proche que cela, dans une chambre adjacente à la sienne. Où es-tu Natalia...?

Natalia StanviskyWhere stories live. Discover now