1. Maelia - Volantis

341 23 28
                                    

Maelia se déplaçait furtivement dans les rues de Volantis, ses traits fins enfouis sous un tissu. Elle avisa l'étal et d'une main experte déroba deux fruits qu'elle glissa dans la doublure de sa cape. Alors qu'elle repartait, elle ressentit une inhabituelle pression qui lui parcourut le dos. Elle marqua un arrêt. Autour d'elle la foule se mouvait dans un brouhaha assourdissant. Mais même noyé dans cet océan de couleur, elle le vit. Ses yeux perçants d'un noir d'encre la scrutaient de la tête au pied. Coupable, elle avait l'impression que les pommes s'étaient faites plus lourdes dans sa poche. À l'évidence, cet homme n'était pas d'ici. Rares étaient les personnes se déplaçant sur un beau destrier comme celui-ci. Vêtu d'une cape brodée, elle avisa une bourse accrochée à sa selle. Sa peau extrêmement pâle contrastait avec ses cheveux aussi sombres que la nuit.

Le soleil arrivait à son apogée et il commençait sérieusement à faire chaud. Elle se décida à rentrer chez elle.

« T'en as pris du temps, lui fit remarquer une femme au teint buriné lorsque la jeune femme fit irruption dans la pièce.

- Pardonne- moi Tissalia, lança Maelia en retirant son foulard.

Tandis qu'elle déposait les pommes sur la table, elle cueillit un petit garçon dans ses bras.

- Tu commences à te faire lourd Wyn, soupira t-elle en l'embrassant sur la joue.

- Est- ce qu'un jour tu m'apprendras à me battre ? lui murmura t-il dans le creux de l'oreille.

Maelia le reposa.

- Un jour... »

Elle entreprit d'aider Tissalia à préparer le repas et appela les autres enfants. Ils étaient cinq ou six, des enfants abandonnés dans la rue, sans parents et bien trop jeunes pour survivre seuls.

Maelia en avait fait partie autrefois et c'était la deuxième fois que quelqu'un la recueillait.

Elle se souvenait parfaitement du jour où Tissalia lui avait sauvé la vie.

Une chaleur harassante embrasait la vallée et Maelia aidait son père à aiguiser des armes qu'il devait vendre le lendemain. Elle avait pris pour habitude d'en subtiliser une, un poignard orné d'une lame en acier valyrien, avec lequel elle s'entraînait. Un jour il l'avait surprise et contre toute attente, lui avait appris à se battre. Elle savait qu'il n'était pas son vrai père, ce dernier le lui avait déjà répété maintes fois et au souvenir de sa voix un sourire vint éclairer son visage.

Tout avait commencé par des bruits de sabots. Puis l'apocalypse. Des sauvages sur monture avaient entrepris de dévaster tout le village. Une odeur âpre de chair calcinée lui picota les narines et elle serra ses poings.

« Des Dothrakis » Avait hurlé son père les yeux emplis d'horreur. C'étaient les dernières paroles qu'elle l'avait entendu prononcer.

Puis plus rien. Seulement des braises et de la fumée. Elle se souvint n'avoir rien ressenti. Juste une peine immense qui alourdissait un peu plus son cœur à chaque pas. Son corps s'était peu à peu recouvert d'une pellicule de suie si épaisse qu'on ne voyait plus un seul morceau de sa peau.

Elle était arrivée à Volantis, complètement hagarde, recouverte entièrement de cendres, sans vêtements. Ses larmes avaient laissé des traînées noirâtres sur son beau visage. Tissalia l'avait tout de suite prise sous son aile.

Et Maelia n'avait pas pipé mot durant presque un mois entier. Elle était retournée une fois à son ancien village pour constater l'étendue des dégâts. Dans un tas de braises elle avait entr'aperçu des lames brillantes. Elle s'était empressée de récupérer les deux dagues en acier valyrien , derniers souvenirs de son père.

Rising FlamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant