Partie 124

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• PDV de Diouldé

Partir, est la seule et unique solution à mes yeux. Je ne suis plus en mesure de rester dans ce pays. J'aurais bien aimé que les choses se passent autrement tout en ne baissant pas les bras de cette façon. Mais je n'ai pas le choix ! Le bon Dieu en a voulu ainsi. Je ferais mieux de l'accepter. Je suis triste à l'idée de tout abandonner aussi facilement sans compter que je me suis battue comme une dingue pour pouvoir arriver à un tel niveau de ma vie.

À présent le plus important dans toute cette histoire, c'est de pouvoir s'en sortir vivante. De ce fait, il serait difficile pour ma personne d'être égoïste tout en pensant à l'argent (mon salaire) et au statut que je dois laisser ici sans pour autant penser à ma sécurité et au bien-être de ma famille. Raison, pour laquelle j'ai pris l'initiative de partir avec ma mère et mes frères et sœurs. Vu que mon père refuse de m'écouter et de se joindre à nous, j'espère tout simplement qu'il changera rapidement d'avis dans l'espoir qu'il nous rejoindra un jour. Par contre, je suis quand même heureuse d' être toujours accompagne du reste de ma famille, je me suis pourtant donné corps et âmes pour qu'ils viennent avec moi.

Je ne leur ai pas encore expliqué la véritable raison de notre départ. Je leur ai seulement fait croire que j'ai été affectée dans d'autres hôpitaux qui se trouvent à l'étranger, pour un échange d'expérience de quelques mois  entre de jeunes infirmiers. J'ai hâte de partir tellement que j'ai souffert durant des mois et des mois, je n'ai plus envie de revivre tout ce que j'ai vécu durant ces derniers temps. Je suis la seule personne qui est au courant de toute cette affaire et personne d'autre, car j'ai peur que la situation s'empire.

Pour pouvoir réaliser ce grand voyage, il m'a fallu débourser toutes mes économies qui sont en ma possession, j'ai aussi pu compter sur le soutien de quelques-uns de mes collègues. Je ferais d'ailleurs de tout mon possible pour rembourser ma dette au plus vite. En outre, avant mon voyage, je me suis assurée de fournir et de rassembler tous les papiers administratifs nécessaires, mais aussi, j'ai profité de l'occasion pour renvoyer ma lettre de démission à distance. Car je ne supporterai pas de remettre les pieds à l'hôpital.

C'est fini ! Je suis actuellement à Kaolack afin de profiter du peu de temps qui me reste. C'est une grande bénédiction pour moi de renouer des liens avec cet endroit. Je suis si émotive du fait de poser mes pieds sur ma terre natale. Là, où j'ai grandi là où tout a commencé. Je suis toujours cette petite fille pleine de joie et de bonne humeur. Ma vie n'a pas toujours été toute rose.

J'ai toujours rêvé grand malgré mon niveau social. Car pour moi, la réussite d'une personne ne repose pas sur son environnement social. Qu'importe d'où l'on vient, on doit toujours viser loin. Je ne peux vous cacher tout le chagrin que j'éprouve en ce moment-ci, une chose est sûre :  N'eût été le regard persistant de ma famille qui m'attend dans la voiture à ma sortie, alors je me serais déjà effondrée au milieu du quartier.

J'essaye malgré tout de me contrôler au maximum et de rester forte, car rien ne doit se voir, ni se sentir. Je ne fais que sourire bêtement pour me voiler la face. Avant de monter, je lance un dernier regard à notre petite maison. Je n'aurais jamais cru que je partirai un jour de cette façon. Je prononce un " Bismillah " tout en s' avançant vers la portière quand je vois Fatima surgir de nulle part. Elle a l'air désorientée et inquiétante, je lui lance un dernier regard plein de messages avant de me précipiter dans la voiture. Très vite, j'ordonne au chauffeur de démarrer rapidement le véhicule.

On a plus de temps à perdre ! Pendant que la voiture est en marche, je me retourne une dernière fois quand je la vois courir derrière nous sans arrêt tout en criant mon nom. À ce que je vois rien ne peut l'empêcher et rien ne peut la décourager aussi facilement. Mais à un moment donné, Fatima s'est arrêtée tout en s'effondrant par terre parce que la voiture roule plus vite. Elle n'a aucune chance de nous rattraper et dieu merci.

My Destiny 1Where stories live. Discover now