C'était un petit coin de paradis doux,calme et serein, baigné de tous côtés par une mer fraîche et bleutée. Au Sud, comme un fil qui sortirait du tissu d'un pantalon, le pont s'élance au dessus du bras de mer qui nous sépare du monde. Fin, doucement arquée, discret pendant le jour. C'est la nuit qu'il s'éveille, prenant les couleurs de belles Charentes et s'inventant tout à coup une parure de saphirs miroitant dans les reflets de la Lune. A ses pieds, véritable citadelle qui protège notre Dame, le Château semble jouer avec le temps, se moquant de lui en l'esquivant et traversant les décades contre vents et marées. De ces deux énergumènes construits s'étendent jusqu'au Nord des plages de sable, de galets, et des forêts d'épineux qui vous piquent les pieds si vous osez les braver. Les Saumonards gardent l'Est, tandis qu'à l'Ouest, le port de la Cotinière surveille l'océan.
Mais c'est au Nord que le vrai Roi se tient. Celui qui ancre la Dame aux récifs est haut, noir rayé de blanc, attentif et les yeux rivés sur l'océan. Il fixe le large, espérant trouver dans les reflets bleutés de ses yeux quelque secret enfoui entre les rochers immergés. A ses pieds, les falaises calcaires plongent dans les remous, semblables à la proue d'un bateau fendant les flots. Dans cet endroit isolé ou seul le phare tient tête au vent, les embruns salent les végétaux qui se couchent contre le sol.
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Les Embruns
General Fiction"Et on dit que sur cette île demeuraient des trésors Volés aux navires par des individus sans foi ni loi De leurs lanternes, ils faisaient naviguer si droit les bateaux vers la côte qu'ils devinrent ceux que l'on nomme les naufrageurs. "