| Chapitre 7 |

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3 mois.

J'ai seulement trois mois pour obtenir le maximum d'informations sur cette meute si je veux assurer mon avenir ainsi que celui de ma mère aux mains de cet homme que je déteste du plus profond de mon être. Et ce, un peu plus à chaque heure qui passe et s'écoule dans le fil continu du temps. Je ne sais pas si je dois m'estimer véritablement chanceux d'avoir survécu à cette terrible soirée. Mais si j'étais parti comme je l'ai idiotement souhaité de toute mon âme sous la souffrance dont mon corps avait été le martyre, et l'était toujours, tout aurait été bien plus simple. Ma mère n'aurait jamais été un moyen de pression. Aucune épée de Damoclès n'aurait pesé au-dessus de sa tête.

Bon sang, seulement trois mois. Et j'ai perdu deux semaines à être couché dans cette chambre où je n'avais conscience de rien tant j'étais perdu entre éveil et sommeil. Si je n'avais pas autant souffert, j'aurais au moins profiter un minimum de ces petites "vacances" pour me reprendre convenablement et rassembler le peu de dignité qu'il me reste après tout ce qui s'est passé. Entre temps, j'aurais pu mettre en place un plan pour me la jouer les apprentis espions comme prévu. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Je n'ai pu faire ni l'un ni l'autre.

Plus tard, oui, j'aurais tout le temps de me remettre de ma souffrance, de mon humiliation et des évènements qui ont suivi. J'aurais le temps de reposer mon cœur, mon corps et ma tête, de les guérir et d'en prendre soin. Mais ce temps, pour le moment, je n'y ai pas accès. Je n'ai tout simplement pas assez de temps. Je ne suis pas ma propre priorité, je ne peux pas le permettre.

Gagner la confiance des tarés de la forêt va de loin être une bonne partie de plaisir afin de glaner des informations à droite et à gauche, et ne parlons même pas de l'alpha. Une multitude de frissons désagréables dégringolent le long de mon échine à la simple pensée de ce fameux Reyes, et plus encore au sujet des rumeurs qui chantent à son sujet. Grand Dieu, je ne suis pas de nature pessimiste mais c'est sûr que je vais me faire tuer. Ce que je dois éviter le plus possible pour ma mère, accessoirement. Puisque si je me fais tuer, elle mourra forcément quand mon père comprendra qu'il ne pourra jamais obtenir ce qu'il voulait de moi. Après tout, comment pourrait-il savoir que je me suis fait tuer et non désister ? Cette histoire est un sacré merdier. Vraiment. Tout comme mon existence.

C'est aussi simple que ça : si je me fais attraper en train de fouiner là où je ne devrais pas, je me fais tuer. Si je pose des questions étranges, je me fais tuer. Et s'ils ont le malheur d'apprendre que je suis un loup latent, je me fais encore et toujours tuer. Et dans aucun des scénarios possibles, je ne connaîtrai une mort douce et calme. Je suis sûr à cent pour cent que je m'en irai dans d'atroces souffrances. La douleur que j'ai ressentie jusqu'ici me semblera bien fade à côté. Non sans oublier qu'une fois le temps écoulé, il me faudra retrouver ma meute. Alors en sachant que je me suis fait si facilement attraper parmi les miens, ici, j'ai comme qui dirait très peu d'espoir. Même en ayant les informations adéquates pour me barrer de la meute Red Moon, évidemment.

Ne.Sois.Pas.Pessimiste. Merde !

Petit, petit... où te caches-tu ma bonne étoile ?

Il serait sincèrement temps de montrer le bout de tes fesses !

Assis sur le bord de mon lit depuis déjà plus d'une heure, je prends ma tête entre les mains et ferme les yeux dans un soupir à fendre l'âme. Je ne vais jamais réussir, c'est irréalisable. Je ne suis pas fait pour jouer la doublure de James Bond et je ne suis pas non plus fait pour survivre dans ce monde-là. Bien que ma vie tourne sans cesse et sans relâche autour de ce mot. Survivre encore et encore. Éternellement.

Tout compte fait, je suis peut-être assez bon à ça. Il me faut au moins un bon truc pour embellir mon CV lorsque j'irai rencontrer mon créateur, outre que flemmard et emmerdeur professionnel. Je râle et me frotte vigoureusement le visage en dépit de la douleur que me cause cette action. Déprime et pessimisme, je déteste me sentir comme ça. Ces termes semblent me coller à la peau sans que je ne puisse m'en détacher depuis mon réveil. Et mon corps me paraît brûlant aux endroits où il a été touché...

Cœur de Glace [En Réécriture]Where stories live. Discover now