- Pas assez à mon goût. Murmurais-je tout bas à moi-même.

- J'hésite à venir dans ton groupe mais...

- C'est complet, désolée.

- Ah ? Bah tant pis, Émilie est bonne aussi.

- Voilà !

- Je te laisse, tu sembles occupée.

- Merci.

Carine... Je ne savais pas qu'elle venait toujours. Après notre brève aventure d'un soir elle avait juré de ne plus remettre les pieds ici. Les gens ne tiennent jamais parole... Je souris à ma pensée. Tout le monde est là apparemment, je compte rapidement et confirme mon hypothèse. Je vois Monsieur "mec de Amandine" s'asseoir.

- Monsieur ?

- Oui ?

- Il va falloir participer. Mettez-vous avec quelqu'un.

- Mais.

- Y'a pas de mais, pas de spectateur dans mon cours.

Me reconnaissant il fulmine, Amandine me lance un regard noir. Je n'ai jamais dit qu'il pourrait être passif, ils se mettent donc ensemble. Il me reste une personne sur les bras comme Monsieur n'était pas prévu à la base. Ils sont une trentaine, je trouve ces conditions déplorables. Cette jeune fille semble ravie d'être mon cobaye tout de même. Ce cours correspond exactement à ce que j'ai fait jeudi dernier, à peine répétitif. Anaïs n'est pas vraiment douée, comme la plupart ici. Ils sont beaucoup plus mous que mon groupe, il me tarde de finir je ne ferai pas une minute de plus. J'observe Amandine et Cédric, son prénom je le connais grâce à elle. Elle semble agacée qu'il ne s'investisse pas et donc rouspète souvent.

- Mesdames, Monsieur, le cours est fini.

- Sérieux ?

Je suis surprise par la prise de parole d'Anaïs.

- Il est l'heure oui.

- Mais moi j'étais entre de bonnes mains pour une fois !

Je me mets à rire, elle n'a que 14 ans et déjà un caractère bien trempé.

- Tu reprendras la semaine prochaine.

- Avec les autres mollusques là...

- Pas très sympa de dire ça de tes partenaires.

- Mais quoi ? Me dis pas que t'as pas remarqué.

Je redouble de rire.

- Je ne peux pas venir dans ton cours du jeudi ?

- Non je suis navrée, ne te plante pas de créneau l'année prochaine !

- Pfff ! L'arnaque !

Elle se dirige vers les vestiaires en traînant les pieds et avant de disparaître se retourne avec un air de chien battu.

- Si je me fais attaquer et que je n'arrive pas à me défendre tu l'auras sur la conscience !

Les jeunes... Ça me fera toujours sourire. Amandine est encore là, elle paraît tendue quand son ami l'embrasse devant moi. Cet acte m'indiffère.

- Ah mais regardez-les ! Y'a des hôtels pour ça !

- Anaïs va te changer, laisse les gens tranquille !

Sa mère la traîne hors des lieux pour de bon. Cédric part en direction de la sortie, de mon côté je consigne comme à mon habitude ce qui a été fait sur une fiche. Plus personne n'est là. Je m'en assure en levant les yeux de mon bureau, enfin le calme. J'inspire profondément, je suis fatiguée. De plus, ce repas de famille qui m'attend, je serais bien tentée de dire que je ne peux pas venir. Je ferme la porte, direction la gare.

*

Je marche tranquillement quand une masse sombre s'abat sur moi. C'est ce connard qui revient à la charge. Un coup de genou bien placé et le voilà à terre.

- Pauvre gars va.

- J'vais te défoncer pétasse.

Je pense qu'il fait du rugby car je me retrouve fermement plaquée contre un mur. Un craquement et un déchirement me laisse déduire qu'il vient de me péter une côte. Il rit en me voyant souffrir. Je ne sais par quel moyen mais ma douleur est refoulée et je m'acharne sur lui. Il saigne de la tête inconscient, je prends son pouls qui bat fortement. Je me remets de cette transe alors qu'il sort de son état comateux.

- Je vais te baiser salope !

- Ah ouais ?

Je lui lance un coup de pied dans la rate et il se met à pleurer.

- Lâche-moi, ok ? Ta petite poule ne m'intéresse plus.

- Si tu t'en approches je te tue.

- Empêche-la de venir alors. Tiens-la en laisse, j'en ai rien à foutre mais lâche-moi. Sache que si j'avais voulu me la faire ce serait déjà fait.

Il tente dans un mouvement de rage de me toucher mais je l'évite. La douleur s'est réveillée, j'ai tellement mal. Je le dédaigne et m'en vais sous ses vaines insultes et menaces. Je ne peux pas aller à l'hôpital je dois partir bien que j'ai une bonne raison de ne pas rejoindre ma famille maintenant. 

Self ControlWhere stories live. Discover now