Le garçon porté disparu

Décision

Il est tellement fatigué qu'il n'est même pas certain de ce qu'il est capable de faire. Se lever ? Trop compliquer. Dire à sa mère qu'il ne se sens pas bien pour rater les cours ? Flemme.

Ducous bouger son cul pour ne pas finir par être en retard ? Bien obligé. C'est ainsi qu'il sorti de son lit en ce lundi matin. Eh oui, entre deux heures de pause, il avait finit par s'allonger mollement dans son lit et ne plus pouvoir se relever.

Aujourd'hui la journée ne va franchement pas être intéressante. On est samedi matin et on a un cours d'anglais et un autre de maths. Deux heures de déplacé au total exceptionnellement à ce jour. Autant dire que le réveil est aussi horrible que son humeur.

Il sorti tranquillement de son lit lorsqu'il vit l'écran afficher sept heure quarante et se leva pour s'habiller. La vérité, en dehors de ces gestes perdu, c'est qu'il est en retard, mais bon ce n'est qu'une petite formalité.

Il s'habilla, fit son sac avec ses cours, descendit dans la salle de bain, se brossa les dents, se regarda dans le miroir, descendit-encore- et mis ses chaussures et son manteau. Rapide, simple, efficace. Mais. Il est en retard.

Sachant qu'il devrait se dépêcher il prit la lettre de Edone qui avait été amené hier soir, la fourra précieusement dans son sac et parti direction le lycée. En chemin il ne se pressa pas, il avait peu de temps mais bizarrement l'idée de vitesse lui était complètement abstraite aujourd'hui.

En regardant les conducteurs dans les yeux il leurs intimait l'arrêt. En marchant à une vitesse douce il obligeait les autres personnes à poser leurs regards sur lui. En laissant ses écouteurs lui créer un monde il obligeait, chacun, à faire attention, car lui ne le ferai pas.

Son lycée était un plein milieu d'une grande route très passante. Ça lui donnait une prestance mais aussi une impression que ce n'était qu'une sorte de douce industrie, régit par le même mécanisme.

Une fois arrivé au bout de cette même rue, il tenta de marcher d'une allure naturelle pourtant quelque chose bloquait ses jambes. Il sentait ses genoux se redirent et sa démarche virer robotique. Il détestait ce sentiment. Ça lui arrivait de la ressentir parfois, mais le plus souvent c'était dans cette rue. C'était à cause des regards des autres de son âge.

Mais il lui suffisait de replonger à nouveau dans son monde pour ne plus que les vices de ses genoux ne rouillent. Ce fut donc ce qu'il fit, il créa sa propre allure au rythme de sa musique, à la vitesse de son tempo.

Lorsqu'il arriva au milieu de la rue, face au lycée, il n'eut plus besoin que d'une route à traverser pour y arriver. Mais au moment où il s'apprêta à traverser ce passage piéton il croisa le regard de Salomé.

Elle aussi était en retard c'était comme un rituel pour elle. Il lui était impossible d'être en avance. C'est comme ça, elle ne flanche jamais, c'est sa nature. Soit elle est pile à l'heure, soit elle est en retard. Elle n'est pas du genre à accepter de se lever tôt pour au final passer du temps à ne rien faire en attendant la torture.

Un jour elle s'est confié à Aym, lui disant que ça serait comme voir un mouton se diriger dans la forêt des loups et attendre leurs réveils sans bouger. Sans savoir réellement pourquoi c'est à cet instant, lorsque leurs regards se sont retrouvés, séparés par une route qu'il repensa à ça.

Ils semblaient avoir tous deux trouvés quelque chose de magique en l'autre à cet instant. Une sorte de deuxième souffle...ou de première corde. Rien ne semblait bouger autour d'eux, tout c'est arrêté, en cet instant, sans magie.

S'ils se sentent spéciaux en cet instant c'est parce qu'ils se sont croisés alors qu'ils ressentaient exactement la même chose au même moment. Le vent envolé les cheveux de Salomé avec grâce et il battait le visage de Aym avec la tranquillité perdue des hommes, pourtant aucun des deux ne bougeaient.