Chapitre 10 : Instant suspendu

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     Et depuis l'aube, Lucy s'affairait à remettre la maison en ordre, autant qu'elle le pouvait. Elle en voulait un peu à son frère de ne pas être présent mais bon... Sandro était ce qu'on pouvait appeler un « aventurier » et dieu seul savait dans quel pays il était encore parti se perdre, à l'autre bout du monde. Au moins, il profitait !

     La jeune femme sentit dans la poche de son jean son téléphone vibrer mais, les mains encombrées par le plateau repas qu'elle avait préparé à l'intention de sa mère, elle n'y prêta pas attention. Après s'être annoncée, elle entra dans la chambre.

     - Coucou maman ! lança-t-elle joyeusement. Je t'ai préparé de la soupe, ça va, ce n'est pas trop lourd.

     Helena se redressa péniblement entre les oreillers, le visage émacié, la mine sombre. Pourtant, elle offrit un sourire aussi chaleureux que possible à sa fille lorsqu'elle entra. Lucy vint déposer le plateau sur les genoux de sa mère et s'assit à ses côtés, sur le lit.

     - Tu n'aurais pas dû, ma chérie... commença Helena. Je n'ai pas très faim aujourd'hui.

     - Une grande dame m'a un jour dit, alors que je ne voulais rien manger par peur de vomir : « un sac vide ne tient pas debout ! ». Maintenant, tu manges.

     Helena éclata de rire alors qu'elle se remémorait sans mal la mine résignée de celle qui, à l'époque, n'était une petite fille boudant obstinément son assiette.

     - Je ne sais pas qui est cette dame mais une chose est sûre, elle est pleine de sagesse, pouffa Helena tandis que sur les lèvres de sa fille se dessinait un sourire malicieux. Donc me voilà forcée de manger sous mon propre toit ?

     - C'est l'idée, oui, asséna Lucy. Et saches qu'à cause de cette dame pleine de sagesse, je me retrouve aujourd'hui avec cinq kilos à perdre que tous les efforts du monde refusent de faire fondre.

     - Peut-être mais tu n'en restes pas la plus belle fille de toute l'Angleterre.

     Lucy pouffa de bon cœur, arguant que toutes les mères dignes de ce nom trouvent leurs enfants plus beaux que tout le monde. Helena se défendit, affirmant qu'elle était la seule à avoir raison et à être parfaitement objective alors que sa fille dégainait son téléphone afin de jeter un œil à son fameux message.

     - Je connais ce sourire, lança Helena, malicieuse. C'est Peter ?

     La mine de Lucy s'assombrit instantanément et elle rangea son téléphone dans sa poche sans même répondre. Elle s'en voulut d'offrir un visage si déconfit à sa mère mais la plaie était trop récente pour qu'elle ne parvienne à feindre l'indifférence ou au mieux, un sourire poli.

     - Me reparle plus jamais de ce gros con, d'accord maman ?

     - Excuse-moi, chuchota Helena, désemparée face au brusque changement d'attitude de sa fille. Je... Je ne savais pas.

     - Ne t'excuse pas, s'il-te-plaît. Tu ne pouvais pas savoir.

     Lucy se leva du lit, déposa un baiser sur le front de sa mère et, pour faire bonne mesure avant de quitter la chambre, lança par-dessus son épaule d'un ton nettement plus enjoué :

     - Tu me feras le plaisir de boire cette soupe !

     Ce ne fut que lorsqu'Helena lui jura qu'elle se nourrirait que Lucy referma la porte.

oOo

     Que faîtes-vous ? Votre présence est nécessaire, ici.

𝙳𝚘𝚌𝚝𝚎𝚞𝚛𝚎 𝙴𝚟𝚊𝚗𝚜 : 𝚕𝚎𝚜 𝚖𝚎́𝚊𝚗𝚍𝚛𝚎𝚜 𝚍𝚎 𝚕'𝚎𝚜𝚙𝚛𝚒𝚝Where stories live. Discover now