Maudis-moi !

[Chapitre 40]

Le contraste avec l'eau glacée et la rage bouillonnante en moi m'avait fait réaliser une chose.

C'était là la fin. La fin de tout.

L'histoire est bientôt terminée au lieu que la nôtre avait à peine débutée. Je refuse de le laisser partir ainsi, je le veux auprès de moi plus longtemps.

L'arme qu'on avait utilisé pour m'éliminer n'était pas celle qu'un homme de main ordinaire détient dans son armurerie.

Mais ça ne m'a pas tué.

Je nage vers la surface et dans la précipitation, je frappe l'adversaire de Maximilian pour qu'il s'éloigne.

Je ne sais pas ce qu'il lui a fait mais le jeune humain avait reçu des coups.

Je l'aide à se relever et me débarrasse rapidement des chiens de garde poster un peu autour.

Mark Vandlås marmonne une plainte en se levant et je vais sur lui pour mettre fin à cette mascarade.

Cependant, je sens qu'on me retient par ma veste.

-Ne t'en mêle pas, c'est entre lui et moi.

Oh, c'est vrai. Il veut en finir par lui-même. Il y tient vraiment à cette vengeance.

Maximilian fonce sur son cousin, gérant la situation maintenant. Pourtant son ennemi est tout aussi expérimenté que lui.

-Je vois que tu t'es entraîné pour ce jour, Max.

Bien entendu. Et avec les meilleurs entraîneurs.

-Tu es aussi déterminé que ton père autrefois, même si ton visage est surtout ressemblant à celui de Katrine.
Continue ce dernier.
-Je t'interdis de parler d'eux !

Les mots du traître l'atteint au vue de la position dans laquelle il se trouve. Si Maximilian ne réussit pas à se relever je vais me défouler sur son adversaire.

Je me crispe quand je vois un poing puis un autre aller vers le jeune maître mais il les tient fermement malgré sa posture.

-Au fond je regrette de ne pas avoir fait ça par moi-même, j'aurais pu voir le visage de chacun des membres de tordre  de douleur. Je me demande si ton frère a pleuré en appelant ton nom.

Un déclic se fait envers Maximilian, je le sens s'échapper de lui. Sans que je m'y attends, le plus âgé se retrouve à terre.

Le rouer de coups ne suffit pas puisqu'il encaisse bien et repousse le jeune homme pour qu'il tombe dans l'eau.

L'eau.

Si il tombe c'est fichu pour lui. Mais une fois de plus, Mark Vandlås se retrouve à terre à cause d'un coup de bouteille à la tête.

Il m'a dit de ne pas intervenir mais je peux l'aider. Je casse une barre en fer du bateau, une arme de fortune que je passe au bourreau.

Avec haine et colère, il l'enfonce afin de venger sa famille.

Il laisse le bout de fer en lui et malgré la douleur que la victime éprouve, il murmure ses derniers mots que je n'entends pas.

Je me sens soulagé que Maximilian n'ait rien. Il a réussi, il a gagné. Mark Vandlås est bel et bien mort.

Un poids s'est sûrement retiré face à ça. Je viens à ses côtés, il tremblait encore.

Ayant du sang sur son visage, je passe mes doigts sur les traces pour les retirer.

-C'est fini hersker, vous avez gagné.
-J'ai gagné..j'ai gagné..

Je l'aide à retourner sur le bateau de sa famille, je le porte presque et nous ramène au port. Il a usé toutes ses forces mais on peut rentrer maintenant.

On va pouvoir reprendre une routine plus stable, son entreprise sera la meilleure de tout le pays. On reprendra nos entraînements, je veillerai à lui donner de meilleurs leçons.

Il pourra aussi engager Morten comme employé dans son entreprise de jeu vidéo. On sera tous ensemble. Rien ne pourra nous séparer maintenant.

Esben Stålk est mort, Niels Tarbo est en hôpital psychiatrique et le traître est enfin vaincu.

On peut continuer de vivre ensemble.

-Tobias..quelle heure est-il ?

Je regarde un moment la montre à mon poignet, celui qu'il m'avait offert pour nos deux ans de rencontre.

-Il est minuit dix monsieur.
-Oh..
-Qu'est-ce qu'il y a ?

Je sens sa tête se lever vers le ciel.

-J'ai 21 ans maintenant.

Sa phrase me fige. Oh c'est vrai. On est le jour de son anniversaire.

Morten avait pu acheter un nouveau costume pour l'occasion. Annika et Nicolaj étaient partis faire des courses il y a deux jours pour l'événement.

On descend du bateau et je le dépose dans un coin pour qu'on ne soit pas déranger. C'est un moment intime une fois encore qu'on partage.

Sûrement le dernier.

Il était souriant, pourquoi il est si souriant ? Ça lui fait plaisir de jouer avec moi comme ça ?

-Est-ce que ça fait mal ?
-Non hersker, seulement si vous le souhaitez.
-Non, fait doucement, la nuit est belle ce soir.

Mon poing se serre légèrement. Il va vraiment me laisser ? Je me mets à sa hauteur sans le lâcher du regard.

Ne fait pas ça.

-Je vous en prie Max.
-Tobias..

Non je refuse..

-Je vous ai protégé..
-Tu dois le faire.

Non, je peux toujours attendre..

-Je me suis battu pour vous...j'ai tué pour vous !
-Ne m'oblige pas à le faire..

Non s'il te plaît..écoute moi ! Reste..

-Je vous ai aimé. Je vous aimerais toujours. Pas ça je t'en prie.
-C'est un ordre Tobias, prends mon âme.

Je me sens faible. Je me sens trahie. Il est qu'un humain ingrat. Il ne pense qu'à sa vengeance.

Quand son regard croise le mien, une perle salée vient caresser ma joue. Il la chasse en gardant un sourire.

Køter. Tu t'es joué de moi depuis tout ce temps ?

-Moi aussi je t'aime, mon svensker, merci pour ces trois belles années avec toi. Tu m'as offert une belle vie.

Non je veux pas que ça se finisse maintenant...pas comme ça. Et pourtant, je me dois d'exaucer ce qu'il souhaite.

Je ne dois pas être égoïste et essayer de le garder pour moi. Puis avec un faible sourire, mon visage près du sien, je lui dis doucement ces mots suivant.

-Je n'ai jamais autant aimer la mienne qu'à tes côtés Max.

Pour prendre une âme il suffit qu'il se laisse faire tout en échangeant un baiser. Celui qu'il m'offre comme notre tout dernier est salé mais doux en même temps.

Son âme est un régal même après 3 ans d'attente mais...

J'aurais aimé pouvoir profiter d'être à ses cotés pour 3 années de plus.

Ses souvenirs, son amour, tout ce qu'il a ressenti sont présents avec moi, c'est tout ce qu'il me reste de lui maintenant.