2. Wiegenlied

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 « Chut, ne fais pas de bruit, tu vas réveiller la petite

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 « Chut, ne fais pas de bruit, tu vas réveiller la petite. »

La petite est cependant éveillée dans son lit, silencieuse au milieu des bruits nocturnes de la vielle bâtisse qu'elle habite avec sa famille. Ysee repose droite dans son lit, les bras croisés sur son petit ventre, recouverte d'une couverture et d'un drap typiquement français. Elle sait que si elle bouge, le replis du drap remontera et la couverture chaude grattera sur sa peau. Donc elle reste immobile, ses grands yeux d'enfant de quatre ans rivés au plafond gris dans la nuit, seulement éclairé dans l'angle par la lumière rose et douce de la veilleuse en forme d'étoile. 

« C'est toi, arrête de crier, je ne vois même pas pourquoi tu t'énerves, c'est ton idée de lui donner des cours de piano ! »

« Oui mais quelle idée ma-gni-fique tu as eue de commander un demi-queue !Tu sais combien ça coûte cette merde ? »

Un gros mot, un euro. Ysee aimerait se boucher les oreilles comme le fait papa quand il y a des horreurs à la télé, mais elle sait qu'elle les entendrait encore dans sa tête. Alors elle reste là, allongée dans son pyjama en velours Petit Bateau, bordée dans son lit à la française bourgeoise, trop grand pour elle le lit, trop grand pour le petit corps crispé malgré le matelas mou. 

« Ça va, c'est pas comme si on avait des problèmes d'argent !Rappelle moi combien elle t'a coûté ta Bentley ? »

« Tu sais très bien que c'est pas ça le problème, arrête de te voiler la face ! »

« Ah oui ? »

« Oui. »

« Bah non en fait je ne vois pas. Vas-y, va au bout de ta pensée ! »

Ysee ne sait pas si elle préfère les grandes disputes à cris et coups de poings sur les tables. Au moins les émotions sortent, et s'évaporent. Mais les disputes la nuit sont les pires. Pas parce qu'elles l'empêchent de dormir, mais parce que les chuchotements sont lourds de sentiments haineux. Empêchée de sortir, la colère suinte des voix, malgré le ton bas, Ysee reconnaît les accents terribles des fins de phrases énervées, la voix qui se brise sous la pression de la colère. Et ça lui fait peur. Ça lui pique les yeux et ça rend ses mains moites. Ça lui noue le ventre, quelques nuits elle se lève pour aller vomir aux toilettes, parce que la boule l'envahit et remonte dans sa gorge. 

« Tu sais très bien ce que je veux dire ! »

« Non je ne sais pas !Tu évites toujours les problèmes en faisant tes sous-entendus dégueulasses ! »

« Me remet pas la faute dessus ! »

« Dis moi les choses en face alors ! »

« Fais pas comme si j'étais le méchant alors que c'est toi qui la pousse à bout ! »

La boule revient, comme quand on parle d'elle. Ysee le sait. Ce n'est pas la première fois que ses parents se disputent à propos d'elle et de la musique. Le piano à queue c'était son cadeau d'anniversaire, mais elle n'en veut plus, puisque c'est un prétexte pour que les deux personnes qu'elle aime le plus au monde s'entretuent. 

 « Je la pousse à bout ? Moi, sa mère, je la pousse à bout ?Tu sais au moins de quoi tu parles, Lionel ?  »

 « Mais oui !C'est toi qui voulais qu'elle prenne ses cours ! À quatre ans, bordel !  »

 « Je ne vois pas en quoi c'est mauvais pour elle !Tu sais que plus on commence tôt plus il y a des chances pour qu'elle devienne bonne !Son prof a dit qu'elle était douée, elle adore jouer, on a les moyens alors pourquoi on s'en priverait ? »

La culpabilité. Oppressante. La petite tête dans son lit réfléchit :elle n'est pas assez forte pour maman, elle est encore trop petite pour papa. Si seulement elle pouvait devenir plus grande et jouer aussi bien que Monsieur Klein, peut-être que ses parents s'aimeraient de nouveau ?

 « Ce n'est pas une question de s'en priver ou pas ! Tu lui gâches son enfance !  »

Puis le silence. Les mains invisibles serrent et appuient sur la poitrine de Ysee, sur ses poumons, son ventre ou son cœur, elle ne savait pas trop. Juste envie de bouger de ces draps sans plis, comme si s'installer sur le flanc et mettre son pouce en bouche pouvait la libérer de ces sensations pesantes.

 « Tu dépasses les bornes, Lionel. Je te rappelle que tu n'en voulais pas, du bébé, alors tu es mal placé maintenant pour mettre ton grain de sel.  »

Papa ne m'aime pas. Il ne m'aime pas.

Le coup de poing qui coupe le souffle, les larmes qui montent inexorablement. Le manque d'amour qui dévore l'estomac comme un acide puissant. Trop de choses indescriptibles que personne, et surtout pas un enfant ne devrait connaître.

Perdue dans le vide du désespoir, Ysee n'entendait jamais comme son père défendait qu'il aimait leur fille de tout son cœur, même si au début il ne croyait pas qu'il puisse assurer.

★━━━━━━━━━✏️ Note ━━━━━━━━━━━★

Bousoir ! (je finis d'écrire ce chapitre à 2h du mat', donc voix fatiguée)

*étouffe un baillement* Pourquoi j'écris aussi tard moi ? Pff. J'vas pas assumer demain. Mais j'ai envie alors...🤷‍♀️

Don alors ? Comment ça va lilas ? (rime de qualité) Tout le monde a évité le virus jusqu'ici ?Bien, ne cédez pas à l'hystérie et vois serez sauvés (mdr les gens qui se tartinent de gel antibacterien en mode c'est le remède ultime alors que le covid 19 c'est un VIRUS lol).

Alors qu'avez vous pensé de ce chapitre ? Il est court, vrai, mais peut-être que je vais poster plus souvent comme ça...

Gros soutien à tous ceux qui ont des parents séparés, on a vraiment aucune idée de ce que c'est alors force à vous ❤️

Ah et je préfère prévenir mais on va avoir une bonne dose de drames familiaux dans ce roman alors... Vous êtes prévenus mdr

Bisous et bonne nuit les petits.

Smack

Magenta

Magenta

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PianoWhere stories live. Discover now