Replonger Dans Ses Souvenirs

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Posé sur son lit, Shota Aizawa faisait défiler son fil d'actualité à mesure que le temps passait. La chaleur que lui procurait les nombreuses couvertures en laine qui l'entourait alourdissaient sa fatigue. Ces derniers temps, il n'avais pas de répit : il se devait de préparer les nombreux cours à venir, corriger les centaines de copies -pour la plupart désastreuses -entraîner Hitoshi Shinso personnellement, surveiller constamment la petite Eri qui n'est pas à l'abri d'une nouvelle crise d'angoisse pouvant causer d'importants dégâts, ou encore, et pour lui, la principale cause à son manque d'énergie, devoir supporter un "Present Mic" qui ne cessait de l'importuner à n'importe quel moment de la journée.

En bref, le travail se rajoutait de jour en jour pour lui. Alors que ses doigts continuaient à glisser continuellement sur son petit écran, ses yeux se fermèrent délicatement, le plongeant ainsi au sein du Royaume de Morphée. Quelques heures s'écoulèrent. Le vent faisait rage dehors. L'agitation des courants d'air frais filtrants par les volets les faisaient claquer et siffler. Bien qu'au départ, ce bruit en fut fortement désagréable, le fatigué s'y habitua très vite et y trouva même une ambiance apaisante par la monotonie du son. Le silence était lourd, s'accompagnant à cela la torpeur lugubre d'une fraîche nuitée. Le clair de lune transcendant éclairait à travers les stores le visage du noiraud. L'ambiance légère et calme plaisait grandement à Shota, qui aurait préféré que ce moment dure une éternité, loin des bruits du blond à l'allure arriérée. 

 

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-... (La vue que Shota Aizawa a depuis son appartement, de son balcon)...-

Perturbant son doux sommeil, un bruit assourdissant d'une sonnerie que Shota méprisait tout particulièrement vint le réveiller en sursaut, tel un adolescent forcé de travailler un dimanche matin.

Il laissa sonner une fois, sans même prendre le soin de vérifier qui l'appelait à une heure aussi tardive. Il se doutait que c'était Hizashi Yamada, cette idiot de première. Pourtant, au bout de la deuxième sonnerie, il rassembla le peu de force qui lui restait pour jeter un rapide coup d'œil à son vieux  téléphone portable. L'écran affichait un "numéro inconnu". Un numéro qu'il reconnu paradoxalement, étrangement bien.

Reconnaissant ce numéro aux nombreux chiffres qui fit soudainement écho en lui, Aizawa se décida à répondre malgré quelques hésitations. Après tout, il n'allait pas laissé planer le doute en lui, il jugeait cette situation irrationnelle.

Au premier son de sa voix, il reconnu une voix fébrile et brisée. Et ça lui fit remonter quelque chose en lui... Quelque chose que sa mémoire avait mis de côté, depuis tant de temps.

/!\ CONVERSATION ENTRE SHOTA AIZAWA ET "LE NUMÉRO INCONNU" :

- Bon-Bonjour... Sh-Shota... Tu as mis du... du temps à... à m-me répondre.

Aux premiers abords, il ne reconnu qu'une simple voix féminine, bien que frêle.

Alors, il répondit simplement :

- Bonsoir. Qui êtes-vous ?

Dans la voix du professeur, un brun d'hésitation se fit ressentir.

- N'ai-ai-je pas le... le droit de pa-parler à... mon fils...? 

Le noiraud ouvrit grand les yeux, très étonné par cette réponse. Mais il préféra ne pas faire ressortir ses émotions, cela aurait été encore plus irrationnel.

Il se décida à répondre, d'un ton calme et neutre, bien qu'on puisse y discerner une pointe de colère :

- Tu m'appelles ton "fils", maintenant ?

La voix répondit sèchement, malgré une pointe de tristesse et un ton soudainement morne : 

- Tu l'as toujours été, Shota.

Le concerné répondit tout aussi froidement :

- Pourtant, je n'en ai jamais vraiment eu l'impression.

La femme semblait à présent pleurer, à travers son téléphone, et articula difficilement cette phrase :

- Par-Pardonne-moi pour... pour ce qui s'est... ce qui s'est passé...

Le cerné se remémora un bref instant une certaine partie de sa vie, dont il avait particulièrement souffert.

- C'était il y a 15 ans. Je me suis reconstruit depuis.

- Non. Je sais que... que tu ne t'es pas reconstruit. Je te co-connais Sh-Shota. Tu es mon... tu es mon fils.

- Ne m'appelle pas "ton fils". Je te le demande une dernière fois, pourquoi m'appelles-tu ?

- Je... je vou-voulais m'excuser une dernière fois.

- "Une dernière fois" ?

Dans la voix du professeur, une haine grandissante montait, pour former une petite boule qui lui picotait la gorge et le bout de ses doigts, au fur et à mesure des secondes qui défilaient. La discutions tournait en rond, et ça le fatiguait.

- Oui mon...- Shota. Je su-suis très ma-malade. Ça fait depuis 5 ans que...-

Il l'a coupa, toujours sans montrer nulle émotion :

- Pourquoi tu ne m'en a pas parlé avant ?

La petite voix, hésitante et essoufflée, repris :

- Hé bien... ça fait depuis 10 qu'on... qu'on ne s'est plu-plus vu, ni même pa-parlé. Je... je t'ai envoyé une centaine de... de lettres durant ces années-là... mais tu ne m'a jamais répondu. Alors durant tout... tout ce temps, on... on m'a en-envoyé à l'hô-hôpital.

Le trentenaire demanda, insensible :

- Dans quel hôpital as-tu été affilié ?

- A... à l'hôpital métropolitain "Matsuzawa" de Tokyo.

- Je vois.

- Tu... tu me par-pardonnes, alors ?

Il répondit, toujours plus sèchement :

- On ne pardonne pas si facilement. Jamais je ne pourrai pardonner certaines actions que tu as faites. Ni certaines paroles que tu as dîtes. En revanche, je vais venir te rendre visite. Malgré tout, tu restes ma génitrice et ce, que je le veuille ou non.

Quelques minutes, paraissant interminablement longues, s'écoulèrent. Et pourtant, cela n'agaça pas plus l'homme qui n'aimait pas perdre son temps, il jugeait ce silence nécessaire.

Brisant le malaise installé, la femme adressa ses derniers mots à son "interlocuteur" :

- Tu... tu peux ve-venir sa-samedi prochain... vers 12H00... si tu le souhaite.

- Je n'ai pas vraiment le choix.

Suite à cela, il raccrocha. Cette conversation avait fait remonter en lui toute la rencune qu'il avait accumulée durant de nombreuses années, mais aussi un fond de fierté. Il avait su ne pas perdre ses moyens face celle qui est sa génitrice.

Et dans le cœur de Shota Aizawa,

Ces douloureux souvenirs refirent surface.

Des souvenirs dont jamais il ne pourrait se séparer...

𝑴𝒀 𝑪𝑶𝑵𝑽𝑬𝑹𝑺𝑨𝑻𝑰𝑶𝑵 𝑨𝑪𝑨𝑫𝑬𝑴𝑰𝑨Where stories live. Discover now