Putain de vie

3.

***Petit disclaimer : je vais publier dans ce chapitre des nouvelles courtes , il s'agit d'exercices fait en atelier d'écriture, mais je trouvais ça intéressant de vous le partager. Du coup voilà voilà, bonne lecture ;)***

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Le Portrait

Voilà des mois qu'il travaillait dessus. Oh mon beau portrait, comme je brûlais de le scruter dans les moindres détails ! Comme il me tardait de le voir, de le sentir, de le toucher. Le peintre, avec une pointe d'anxiété dans les yeux, fit glisser doucement le tissu qui couvrait son œuvre. Mais à mesure que la chose se découvrait, mon enthousiasme s'évaporait tels les derniers grains du sablier. Je découvris un regard terne, une peau pâle, des cheveux rêches et de vulgaires ridules. La vue de cette horreur m’était insupportable. Le peintre, s'apercevant sûrement de mon chagrin mêlé de colère, cru bon de s'exprimer :
-Votre portrait ne vous convient pas monsieur Gray ? Pourtant je trouve que vos pommettes vous mettent en valeur...et cette chemise est particulièrement saillante !

Pour ma part, je trouvais que le couteau dans sa gorge fut plus saillant que le pinceau derrière son oreille.

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L'erreur

2010, ces foutus matous avaient pris le contrôle d'internet. Ils pullulaient sur la toile sous toutes les formes, de la plus grotesque à la plus admirable. Les hommes ne pouvaient résister à leur trogne, empreinte à la fois de mignonnerie, mais aussi de vice.

Eh oui, le genre humain ne les avait pas vu venir. Après tout, ils ne faisaient que retweeter des vidéos de chat-chat jouant à la baballe. Mais cette activité, innocente en apparence, servait avant tout d'ascenseur à la suprématie de ces félins. Ces viles créatures utilisèrent cette haute visibilité afin d'obtenir quelques privilèges.

Ils réclamèrent une augmentation de croquettes. On leur accorda. Puis la suppression des vétérinaires. Il ne fallut qu'une semaine pour leur concéder. Et puis tout dégénéra. Ils miaulèrent des droits civiques, un droit de vote, ou encore un droit d'éligibilité !

Félix Ier fut élu en 2090. Sa gouvernance se caractérisa par un retour à l'esclavage, et par une chasse effrénée aux derniers vétérinaires rebelles. Les hommes furent privés d'accès à internet pour se consacrer intégralement au bien-être de ces fauves.

Les minous en prirent le contrôle. Chaque chat avait droit à au moins un humain. Bien entendu, ils se devaient de le nourrir, de lui faire ses vaccins, et de ne pas l'abandonner. Beaucoup finirent par se prendre d'affection pour eux. Des vidéos commencèrent à tourner sur la toile, où ces hommes étaient montrés sous toutes les formes, de la plus grotesque à la plus admirable. Les matous ne pouvaient résister face à ces vidéos d'humains jouant à la baballe. Ils les retweetaient sans cesse.

Seulement, un grand dessein se dessinait derrière cette activité pourtant innocente...

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Cucendron

Sa belle-mère la surnommait Cucendron. Pour une raison inexplicable, cette petite souillonne était toujours là, le cul dans les cendres de la cheminée, à jouer avec deux satanées souris qui ne voulaient pas déguerpir. Elle ne pouvait pas faire comme ses deux filles, bien sagement scotchées sur leur portable ?

Non, Cucendron aimait faire la pouilleuse avec ses jeux curieux. Mais ce qui déplaisait le plus à sa marâtre, c'était le fait qu'elle soit si vilaine. Et elle ne faisait rien pour y remédier la sotte. Au moins, ses filles lui avaient demandé pour leur dix-huit ans un petit coup de bistouri, histoire de se refaire les lèvres. Après tout, n'est-ce pas la moindre des choses que de correspondre un minimum aux critères de la société ?

En tout cas, Cucendron sentait sa différence, et c'est pour ça qu'elle préférait parler aux souris de la cheminée plutôt qu'aux humains. Ils l'ignoraient de toute manière.

Seulement, un jour, alors que la souillonne se trouvait dans son repère, quelque chose lui tomba sur la tête. Elle ébouriffa ses cheveux et sentit comme une espèce de papillon qui se débattait dans ses tifs. Le curieux animal était en fait une fée ! Qui parlait en plus ! Mais surtout, qui lui proposa de réaliser un de ses vœux contre un bon vieux Virgin mojito. Cucendron saisie l'opportunité et s'exclama qu'elle voulait être aimé des autres. La fée la scruta de bas en haut, perplexe, songeant à la complexité de la tâche, avant de claquer des doigts. Notre Cucendron fut transformée en véritable bimbo Latina botoxée.

Tout heureuse de cette métamorphose, elle détala en direction de la salle à manger où se trouvait le reste de la petite famille. Mais à la place d'une ovation générale, ce fut une assiette qu'elle prit en pleine poire. Manifestement, sa belle-famille haïssait cette beauté bien supérieure à la leur. Après tout, n'est-ce pas honteux de vouloir ressembler à toutes ces femmes sans cervelle ?