Les Enfants

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Une chambre assez grande. A droite une armoire ouverte, des vêtements au sol. Au centre un lit avec au-dessus un ordinateur ouvert. Sur les murs des posters des idoles du moment sont accrochés. Un des personnages est debout, portant des habits trop grands pour lui, chemise, pantalon, veste. Une autre est assise sur le lit honteuse.

MARTIN. – Lia, comprends-tu pourquoi tu as été punie ? Comprends-tu la gravité de ton acte, le souci que tu nous as infligé à ta mère et à moi ? (le ton dur, il se tient droit comme pour se rendre impressionnant. La jeune fille sur le lit hoche la tête). Tu n’es pas rentrée à l’heure à la maison, pourtant nous avions bien stipulé que tu devais l’être. Deux heures. Deux heures de retard, tu te rends compte ! Ta mère m’a appelé, elle était inquiète, angoissée, en larmes, tu lui as fait peur, et moi j’étais au travail, ne pouvant rien faire si ce n’est essayer de la rassurer. Avais-tu conscience de l’inquiétude que tu nous as causée ?!

LIA, apeurée, la tête baissée. – Une amie m’a demandée de rester avec elle, il lui est arrivé une chose terrible, elle avait donc besoin de moi.

MARTIN. – Mensonges, je ne te crois pas et puis qu’est-ce qu’il y a de plus grave que de transgresser une règle établie par ses parents ?!

LIA, Révoltée. – Une règle que tu as établie, maman s’y opposait. Ces règles, tu les as créées uniquement pour pouvoir partir sereinement au travail, tout ce qui t’importe c’est de rentrer tard, et d’avoir ton repas de prêt. Jamais tu n’es venu nous dire bonne nuit à ton fils ou à moi. (Ses mains sont serrées, de rage).

MARTIN. – Ta mère n’a rien à voir la dedans, n’essaie pas de changer de conversation, tu croyais t’en tirer comme cela, mais je ne laisserai pas cet acte impuni. (Il se rapproche du lit).

LIA. – De toute manière, tu ne m’aimes pas. Sais-tu au moins ma date d'anniversaire, car à aucun moment tu ne me l’as souhaitée sans que maman ne te le rappelles, le matin même ! (Elle s’est levée, lui faisant face).

MARTIN, touché mais ne le montre pas. – C’est faux, l’année dernière j’ai été le premier à te le souhaiter ! J’ai même cherché le cadeau que tu voulais. Je me suis démené pour te le ramener. Un engin technologique dernier cri, qui, visiblement ne te sert même pas à être à l’heure.

LIA. – Tu me traites comme une enfant, alors que je n’en suis plus une. Je te rappelle que j’ai seize ans, seize ans ! Mon frère qui en a bientôt dix-huit, jouit de plus de libertés que moi ! Je trouve cela injuste, injuste tu entends !

MARTIN, un sourire moqueur aux lèvres. – Ton frère ! Mais ton frère est bientôt adulte. Il est donc normal que je lui autorise des choses auxquelles tu n’as pas encore le droit. De plus, lui, il ne nous déçoit pas. Il respecte les règles basiques qui régissent le bon fonctionnement de cette maison.

LIA, elle s’est rapprochée, maintenant en face de lui. – Le bon fonctionnement de la maison, hein ! Voilà tout ce qui te préoccupés ! Ceux qui y vivent ne t’intéressent donc pas ? Tu ne cherches même pas à les écouter (il regarde sa montre) je te fais perdre ton temps ! Combien de minutes m’accorderas-tu encore !

MARTIN, le ton froid. – Il suffit ! Maintenant donne-moi ton portable, pendant un mois tu n’auras plus le droit d’y toucher.

Il tend la main vers elle pour qu’elle y pose l’objet en question. Elle recule, ne voulant pas céder. Il s’avance, assez menaçant, au point de l’oppresser cherchant à passer derrière elle ayant vu où le portable se situait. Intimidée, Lia laisse une brèche que Martin s’empresse de saisir, il accourt vers l’objet, le prend et le lève en signe de victoire.

LIA, elle se laisse tomber à genoux. – Ecoute moi, je t’en conjure, j’ai besoin de cet appareil pour rester en contact avec Emilie. Si j’étais rentrée à la maison à l’heure, j’aurais eu la détresse de mon amie sur la conscience. Je te promets que c’était l’unique et dernière fois que je bafouais cette règle, (les larmes aux yeux) alors s’il te plait, laisse-moi récupérer ce qui m’appartient, tu as le droit de me faire la tête, de ne plus m’adresser la parole mais laisse-moi aider mon amie. (Elle le regarde dans les yeux) Je regrette, sincèrement de vous avoir causé du souci à toi et à maman, je ne voulais pas. Je te demande également de m’excuser pour toutes les paroles blessantes que j’ai pu dire sur toi. C’est parce que tu n’as pas voulu me croire, cela m’a blessée alors j’ai prononcé des mots que je ne pensais pas.

Un silence, une porte claque, les deux se regardent.

LIA, angoissée. – Mince, nous n’avons plus le temps. Le voilà qui rentre du travail, maman a dû le prévenir ! Alors tu m’as trouvée comment ? Ai-je été assez convaincante ? Y a-t-il des choses que je dois améliorer ?

MARTIN, un sourire doux au lèvres. – Rassure toi sœurette, tu étais très convaincante. Essaie tout de même d’y ajouter des larmes, ça ne le fera que plier en ta faveur. Cela évitera peut-être la confiscation du téléphone ! (Il commence à enlever les vêtements empruntés à son père qu’il avait enfilés par-dessus les siens.) Et moi, suis-je un bon imitateur ?

LIA, souriante. – Oh que oui, pas trop mal de la part du fils parfait et responsable ! En tout cas je te remercie de m’avoir proposé ton aide, je suis certaine que grâce à toi il n’ira pas jusqu’à la confiscation de son cher cadeau qu’il a mis des semaines à trouver !

MARTIN. – De rien c’est normal de s’entraider entre frère et sœur. Allez, je file, plus vite tu t’y colles plus vite tu pourras oublier cette mésaventure.

Il sort de scène, rhabillé en adolescent et Lia prête à se confronter à son père, se rassoit sur le lit. En arrière fond les pas du père se font entendre.

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Alors ça vous a plus ?

Je rappelle que je ne détiens pas les droits entier de la pièce, une personne m'a aidée et je l'en remercie. Grâce à elle j'ai pu réussir un texte de qualité !

PenséesWhere stories live. Discover now