Rouge carmin et rouge sang

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Rouge carmin et Rouge feu

Un homme venait de rentrer dans la salle richement décorée. Des boiseries ornées et vernies, une moquette rouge carmin et des fauteuils en cuir noir ornaient la pièce qui baignait dans une lumière chaude et rassurante. Il se dirigea, hésitant, incertain et méfiant vers l'un des fauteuils afin de s'y asseoir.

Sa peau blanche et ses cheveux clairs lui donnait un air angélique sur ce décor qui semblait sortir du bureau du diable en personne.

Que faisait-il là déjà, lui-même n'était plus sûr. Avachi dans le fauteuil, il repensait aux évènements de ces dernières semaines ... La voiture accidentée, l'homme blessé dans sa cave, l'incendie. Tout cela n'était pas arrivé par hasard, ni par malchance. C'était lié à de l'ésotérique, c'est un fait. Mais cela semblait faire un peu trop de coïncidences durant cette dernière semaine.

La solitude lui laissa le temps d'arpenter ses souvenirs... C'était ce mardi, durant la soirée, la pluie était battante et frappait le bitume avec force, fureur et détermination, comme si elle voulait le recouvrir éternellement. Son téléphone vibrait dans sa poche, il devait être aux alentours de 21h, il espérait vainement que ce soit sa mère ou alors son copain, mais le téléphone révéla le nom de son chef : c'était la caserne.

- "Lambert, on a besoin de toi ! Un mec s'est planté en voiture sur la route de la forêt !"

- ".... J'arrive aussi rapidement que je peux !"

Il en avait déjà marre. Que c'était-il passé cette fois ? Alcool ? Excès de vitesse ? Somnolence ? ... Qu'importe en fait, il devait se mettre en route.

En quelques rues il arrivait en vue de la caserne, il fila enfiler un uniforme et monta dans le camion qui allait partir. Sur le chemin, son esprit s'égara, qui sait dans quelles landes étranges son esprit vagabondait, lui-même ne parvenait plus à s'en souvenir aujourd'hui, mais vu la semaine horrible qu'il avait vécue, pouvait-on vraiment le blâmer.

En arrivant sur les lieux, il vit la voiture éventrée sur le côté de la route, explosée sur un arbre. Après avoir fait le tour du véhicule, il eut une sale impression : "Et si quelque chose avait fait ça ?". Il eut un frisson en imaginant l'animal qui aurait pu lancer une voiture sur plusieurs mètres de distance, avant de se ressaisir. Il secoua la tête, se donna deux petits coups gentils sur le casque avant de poursuivre.

Le conducteur agonisait juste à quelques pas de l'épave. Les blessures semblaient plus que graves : des lacérations sur presque toute la partie haute du corps, de multiples contusions, des os fracturés... tout semblait indiquer un accident. Un accident violent, mais rien de plus qu'un accident. Pourtant il ne pouvait pas se débarrasser de cette impression. Entre le rideau de pluie à l'arrière du camion, les gyrophares éclairant la forêt, le vent hurlant et le froid mordant, il n'arrivait pas à tout surveiller.

Mais les ombres des arbres, les nuages grondants et les vagues causées par les rafales semblaient l'observer autant que lui ne les scrutait. Quelque chose n'allait pas.

Il remonta dans l'ambulance et observa le corps encore une fois. C'était un jeune homme blanc, les cheveux bruns coupés courts, une personne banale somme toute. En découpant les vêtements afin de commencer les premiers soins il remarqua quelque chose d'étonnant, l'homme avait des yeux améthyste. La pigmentation était suffisamment atypique pour avoir marqué son esprit. Il s'arrêta quelques secondes qui lui parurent une éternité.

- "Lambert ... Lambert ! T'es avec nous ? Faut qu'on range le matériel et on file à l'hôpital !"

- "Euhhh ... Ouais, ouais, bien sûr, excuse-moi ! Je m'y mets !"

La Terre voléeWhere stories live. Discover now