Perséphone

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Enfant perdue entre les univers, Perséphone, trouble chaleur innocente qui trébuche sur la vie et tremble. Perséphone, flamme affaiblie, qui disparait chaque jour un peu plus. Au grès des courants, elle se laisse porter, parfois si loin que l'horizon la dévore, et on ne la voit plus. Elle pourrait avoir disparu, petite Perséphone, mais elle est là.

Elle chante, elle joue, elle ri.

Elle se souvient de tout. Des ombres qui l'ont forcée à grandir, de l'agitation brusque, mais aussi des cris joyeux autour d'elles, des courses et des jeux enfantins. Perséphone et ses plâtres, ses blessures, ses griffures aux genoux et son sourire aux lèvres.

Ses souvenirs en vrac cognent en écho contre mes tempes et bercent ma mémoire de lumière et d'obscurité.

Vas-tu t'en aller, Perséphone? Je n'ai pas envie de te voir partir. Reste avec moi, un peu. Peux-tu rallumer mon soleil enfantin? Il s'éteint lentement.

Ne t'abandonne pas, Perséphone. Si tu disparais, je ne saurai quoi faire. Pourtant, grandir t'efface, peu à peu. Perséphone, tu te fonds dans la peur de l'inconnu vers lequel tu es tirée.

Ancienne faille, vieille faille, reste encore un peu. La mélodie du passé n'aurait pas grand sens sans tes petites mains fraîches pour l'enlacer. Sans tes yeux bleus, si bleus, pour l'admirer et rappeler au monde qu'au fond, il est toujours là.

Elle a souffert, Perséphone. De ne pas comprendre les ombres qui l'entouraient, à l'époque. Du hurler en silence de détresse. Elle s'est soignée en grandissant, en se cachant derrière un masque de chair.

Inquiétante étrangeté qui forme son ancien monde, Perséphone, veux-tu jouer avec moi encore une fois? Tu t'efface lentement, dans quelques printemps tu pourrais t'évanouir d'avantage. Mais ne t'en vas pas.

Perséphone, souvenir de berceuse.

Perséphone, le passé s'éloigne.

Perséphone, précieuse enfant.

Failles (ou le rantbook d'une ado en noir et blanc)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang