Vide mais remplie

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2/05/2019

Un mois maintenant que j'ai officiellement rejoins le banc des célibataires. Un mois, une éternité.

Je revois, moqueuse, la légèreté des premiers jours : délivrée de l'attente angoissante de tes messages - tu ne m'écriras pas, c'est moi qui te l'ai demandé -, je retrouve enfin un semblant de contrôle sur moi-même. Pour la première fois depuis longtemps, je respire.

Mais très vite le vide s'installe et laisse place à une quête désespérée, une forme d'errance pour trouver un sens à ma vie, qui soudain sans toi, n'en a plus aucun.

Alors j'arpente les clubs de jazz avec mes nouveaux amis, les marginaux du bureau des arts; je cours d'expo en expo, j'écris un peu, je me lance dans la guitare et le piano, et tout ça à la fois. Tout pour m'empêcher de penser ! 

À la recherche d'une nouvelle passion pour oublier l'ancienne... Qu'est ce qui pourrait bien m'intéresser ? Je n'en ai plus la moindre idée. 

Mais peut-être faut-il se perdre pour mieux se découvrir ?

"Tu fais un peu de tout, mais rien correctement !" se désolent mes parents qui ne sont décidément pas de cet avis. Tout en surface et rien en profondeur, oui oui je connais la chanson.

Mais peu importe, si je fais, c'est que je suis encore en vie.

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4/05/2019

AJ, 

Tu n'es pas là, mais ton influence est partout. 

Des objets auxquels j'étais insensibles hier, racontent soudain toute notre histoire et s'animent devant moi. Tu es dans la Valse , cette sculpture des amants passionnés et maudits de Camille Claudel.  Tu es dans les peintures torturées, sensuelles et sulfureuses d'Egon Schiele. Tu es dans chacune des chansons d'amour intemporelles de Charles Aznavour... 

Grâce a toi je redécouvre avec plaisir l'art sous toutes ses formes. Toutes ces oeuvres qui aiment avec moi, pleurent avec moi, et hurlent leur douleur à l'unisson - comme un témoignage magnifié de l'éternel recommencement des passions des hommes à l'intention des générations futures. 

Mais à travers l'art, c'est bien toute ma façon de penser le monde que tu as transformée en profondeur : Envolées mes grandes certitudes et autres jugements hâtifs et étriqués, je me veux désormais un esprit ouvert à la beauté en chacun et en toute chose, pour la partager au monde. Car il n'y a que la beauté qui vaille d'être partagée. 

AJ, est-ce toi ou les paysages du Vietnam qui ont changé mon regard sur la France ? Je ne regarde plus, je contemple. Il n'y a rien de plus jouissif que de redécouvrir la France et son architecture ! À Paris comme à Lyon, mon regard s'attarde sur chaque détail embelli par les jeux de lumières du soleil qui descend sur les façades. Je tente de les fixer a jamais dans ma mémoire, comme si c'était la dernière fois, comme quand j'étais a HCMC. S'il est bien une chose que j'ai apprise avec toi AJ, c'est que je suis certes une fille des villes mais que j'ai le gout de la nature et des grandes étendues. Dans la campagne française, je me surprends donc à admirer les reflets du soleil sur l'herbe, et comme au Vietnam instinctivement je cherche à discerner chaque nuance de vert aux alentours. Je suis alors surprise en regardant de plus près du nombre de nuances présentes en France et que je n'avais jamais pris le temps d'observer auparavant. 

AJ, Je ne sais plus si je t'en veux d'avoir mis à mal tous mes repères ou de m'avoir ouvert les yeux sur le monde.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 22, 2020 ⏰

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