(Nouvelle) Le Pont

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L'orage venait d'éclater. La pluie commença à tomber sur les cadavres qui se vidaient de leur sang. Elle charriait les immondices en bas de la colline dans des torrents sanguinolents. Le néophyte regarda le ciel, fermant les yeux pour se protéger de la pluie. Il était recouvert du sang de ses ennemies. Le blanc de son tabar avait presque disparu. On pouvait encore distinguer l'héraldique des Black Templar, une immense croix pattée sur l'étoffe. L'eau lava son visage fatigué. Il passa une de ses mains dans ses cheveux maintenant détrempés. Un éclair illumina le ciel au-dessus de sa tête. Le tonnerre gronda quelques secondes plus tard. Il regarda enfin autour de lui pour ne voir que mort et désolation sur cette colline. Des corps mutilés de gardes impériaux, d'hérétiques, et de mutants jonchaient le sol boueux. Des blocs de plastbéton criblés d'impacts de balles, étaient recouverts pour la plupart de membres déchiquetés des ennemis de l'Humanité qui avait essayé de les franchir. Les gardes à couvert derrière avaient tant bien que mal essayé de se défendre devant la charge ennemie, mais s'étaient faits tailler en pièces.

Le néophyte et son escouade avaient été envoyé pour défendre cette position stratégique et épauler les gardes dans leur combat. Ils avaient été déployés par module d'atterrissage, directement au sommet de la colline, en plein milieu des combats qui faisaient déjà rage. A peine les portes du module s'étaient-elles ouvertes, que les dix Astartes sortirent en mitraillant, tailladant, hurlant leurs catéchismes de bataille. Ils avaient combattu avec les survivants de la compagnie Cadienne contre l'avancée ennemie. Ce fut un massacre. Aucun garde ne survécut, ni aucun cultiste des Dieux sombres.

A travers cette épaisse pluie qui tombait maintenant à verse, le néophyte distingua ce pourquoi ils étaient là. Il était encore intact, malgré les affres de la guerre et du temps. Ce pont permettait de traverser les gorges profondes dont était balafrée cette maudite planète. A quelques centaines de mètres au sud de la colline B-deux cent trente-quatre, le joyau de l'architecture impériale resplendissait par sa simplicité et sa résilience. Ses pilonnes renforcés en aciers plongeaient dans le gouffre obscur, portant le tablier principal du pont. Des motifs de l'Aquila impérial, forgé dans un métal sombre surplombaient les deux côtés de la vallée qui approchaient du pont. Loin, plus au sud, on pouvait percevoir des grondements et des roulements rauques. Ce n'était pas le tonnerre, mais l'artillerie lourde de la garde qui pilonnait la dernière cité encore occupée du continent. Ce pont était la clef de voûte de la défense du flanc droit de la dernière attaque, celle qui devait libérer cette planète d'une guerre qui l'avait mise à genoux.

Celons les rapports émis par les instances de l'Administratum, un vaisseau suspect et non identifié était apparu il y a quelques années dans l'espace proche de la planète. S'ensuivit des largages et des parachutages, que certains définiront comme des forces de guérilla et de sabotage hérétiques. Le vaisseau disparu aussi vite qu'il était apparu. Dans les mois qui suivirent, les actes de vandalismes, de cannibalismes, de meurtres et de kidnapping augmentèrent drastiquement. La force brute fut employée, pour mater un début de révolte jamais vu sur cette planète pauvre mais travailleuse, dévouée à l'Empereur Dieu de l'Humanité. Les forces de défenses planétaires durent réprimer des soulèvements qu'elles qualifièrent « d'inhabituel ». Les disparitions d'enfants, de soldats, et de membres de l'Arbites augmentèrent exponentiellement parallèlement aux attaques ciblées et aux attentats meurtriers. Les forces de sécurités furent vite dépassées, sur toute la planète.

Bientôt ce fut une guerre civile qui éclata. Des groupes en armes sortirent dans les rues, massacrant tout ce qui ne portait pas leurs couleurs blasphématoires et impies. Le vaisseau précédemment aperçu dans l'espace proche de la planète réapparu aussi soudainement que la première fois mais accompagné par deux autres de même tonnage, mais cette fois il largua bien plus que de simples agents du chaos en vue de déstabiliser un gouvernement. Ils avaient lâché des chiens de guerre sur une population déjà terrifiée.

Black TemplarWhere stories live. Discover now