Rouge Gorge

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Cet OS est issu du projet commun de Calendrier de l'Avent datant de décembre 2018. Il s'agit donc de la republication d'un texte inspiré par le fanart ci-dessus, que vous pouvez toujours trouver sur le compte de Lyuushi dans le recueil "Inspiration".

N'hésitez pas à aller jeter un coup d'œil. C'était un très beau projet avec des autrices toutes très talentueuses.

Bonne lecture 🌻



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Hôpital de mon cœur
Clinique de ma vie
Ce n'est pas vraiment un hôpital
Ce n'est pas vraiment une clinique
C'est juste moi
(Et toi)
Et toutes nos choses brisées.






    Le bourdonnement, puis le cliquetis, puis le fracas et puis le brouhaha. Ce sont les premiers bruits que j'entends. On roule depuis des kilomètres dans cet endroit froid. Ou bien, ça ne fait que  quelques minutes. Ou bien juste un instant. Je n'arrive pas à me rappeler. Le cliquetis des roues, les morceaux de métal qui se cognent les uns contre les autres, le son des pas, et des voix, et puis moi. 

    « -C'est une urgence type sanglante ! On se bouge ! »

    J'ouvre les yeux et je vois les néons blancs qui défilent sur le plafond. J'entends le brancard qui avance à toute vitesse dans ce couloir qui pue l'asepsie. Et ils sont tous là. Les médecins dans leur blouse blanche impeccable. Tout est beau et parfait. Et eux, ils ont l'air pressé. Et moi, j'ai mal. J'ai mal. Je crois que je n'ai jamais eu mal comme ça. Et je crois que je me suis mis à pleurer, parce qu'on m'éponge partout sur le visage. Et j'ai mal. 

     « -On l'emmène en salle de réanimation.

     -Qu'est-ce qu'il a docteur ? 

    -Une sale lésion...

    -Ah bon ?

    -Oui, il a le cœur brisé. »

     Voilà. J'ai mal là. 

     Au cœur

     Je suis sûr que ça saigne de partout, que ça coule sur le sol, que c'est rouge, que ça brille et que j'ai mal. Et le plafond défile. Défile. Défile. Puis soudain s'interrompt. Une porte s'ouvre. Puis se referme. J'entends les battants qui flottent dans le vent. Les pas ralentissent. Les pas s'arrêtent. Les voix se taisent. Le vide m'entoure. Je m'enfonce dans le silence aussi brutalement que si c'était l'océan. J'attends un instant. Un long instant. Plus rien ne vrille, plus rien ne tangue, plus rien autour de moi. Quand je me redresse sur ce brancard inconfortable, il n'y a personne. Rien que moi. Moi, dans une salle aux murs blancs délavés, aux fenêtres couvertes de rideaux troubles, au carrelage presque propre. Moi, et cette vaste étendue effrayante de calme. 

     Un autre instant, je laisse mes jambes pendre au dessus du vide frais et clair. Quand mes pieds nus rencontrent le sol, ça fait l'effet d'un lac couvert de glace. Je tiens debout, mais j'ai mal. Autour de mon poignet, un bracelet. C'est écrit en gros et en noir sur blanc « Park Jimin ». C'est moi. Dans un mur, une porte. Au dessus c'est écrit en gros et en rouge pétant « PEINE DE CŒUR : RÉANIMATION. » Je suis debout, je marche, mais j'étouffe. Devant cette grande porte d'hôpital grise, je tends la main. J'en caresse la surface. C'est long, c'est lent, et c'est gris. Depuis l'autre côté, pas un son. Peut être qu'il n'y a rien. Peut être qu'il y a tout. J'y pose mon oreille. Non. Toujours rien. Il faut que j'avance. Alors mon bras pousse contre la porte de toutes les forces qu'il lui reste. Et soudain une lumière pâle m'engloutit tout entier. 


Rouge Gorge - VminUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum