2_Jason

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-Action!
Je regardais mon meilleur ami en secouant la tête: ce dernier causerait sa perte avec cela et le pire, c'est qu'il faisait tout ça pour un petit béguin d'adolescent puceau. C'était tellement humiliant ce qui allait lui arrivait....
Je sortis déjà mon téléphone pour filmer.
-Tu vas devoir aller trouver ce gars-là, et lui dire des cochonneries à l'oreille, rigola l'organisateur de cette party.
Matthew ouvrit la bouche quelque secondes avant de la refermer sans rien dire en voyant le garçon baraqué à qui il allait devoir se frotter. Et cet idiot avait espéré que l'action serait d'embrasser la sublime, intelligente et sensuelle Victoria. Quel naïf.
Je filmai la scène et me moquant de lui et il me fit son regard que je connaissais si bien, celui qui me disait «Attends-toi à une belle Vendetta sale Batard». C'était en partie pour cela qu'on traînait toujours ensemble: on savait prendre les actes de l'autre à la rigolade et surtout, on avait le même humour. Il revint les joues rouges et je me retins de lever les yeux au ciel lorsque je vis les regards en coin qu'il jetait encore à la jeune-fille, qui n'en avait rien à faire de lui. Que c'était triste.
On finit par quitter la fête avec quelque grammes d'alcool dans le sang. J'aurais aimé dire qu'on rentra dans une voiture super classe pour griller tout les feux rouges en rentrant chez nous mais, honnêtement, on a marché pendant trente minutes et se cassant la gueule plusieurs fois.
Au bout d'un moment, Matt me donna une tape sur l'épaule et s'exclama:
-Je crois que je suis amoureux, Bro'!
-Matt, on sort toute les semaines et dès que tu voix une jolie blonde, tu tombe d'amour pour son beau décolleté.
-Tu comprends pas, t'as jamais ressenti ça!
J'accusais le coup sans broncher. Était-ce ma faute si je ne trouvais pas de filles à mon goût? Elles m'avaient demandé de sortir avec elles, certaines sans amour propre m'avaient même supplié.
Mais je n'avais rien ressenti, sauf pour une fille. Victoria Lenbry. Je n'en avais jamais parlé à Matt parce que ce n'était pas vraiment de l'amour, plus le genre de béguin innocent que j'avais comme tout le monde à seize ans.
Mais Matthew crevait pour elle, je ne pourrais jamais lui faire ça.
-Tu sais quoi? Elle a fini par me donner son numéro, peut-être même qu'elle m'aime aussi?», répliqua-t-il en titubant.
Mon cœur se serra doucement, parce qu'elle m'avait donné son numéro, à moi aussi. Mais je ne l'appellerais pas, non, je ne pouvais pas faire ça à Matt.
Même si celui-ci tombait amoureux de chaque fille qu'il croisait....
Mais c'était mon meilleur ami, et je n'étais pas vraiment amoureux. J'avais peut-être un faible pour elle.... Mais je ne trahirais jamais mon pote pour une petite-amie, jamais.
****
Un mois passa, et Matthew finit par vraiment sortir avec Victoria, et par tomber vraiment amoureux.
Moi, je n'étais rien pour elle, je ne voulais rien devenir. On se parlait quelque fois, pour que mon meilleur ami soit heureux. Mais c'était dur de faire comme si je n'avais pas de boule au creux de la gorge, dur de penser que peut-être, je pourrais l'avoir.
Ses clins d'œils, toute ces fois où elle l'effleurait le bras.... Oui, je pourrais l'avoir. La première fille que je voulais.
Et je ne l'aurais pas, jamais. Je ne ferais jamais ça a Matthew....
****
Le coup de file de mon meilleur ami m'alerta, sa voix sortait encore plus rauque que d'habitude. On avait jamais été du genre "connecté" mais je pouvais quand même dire qu'il allait mal.
Je débarquais chez lui dix minutes plus tard et sa mère m'ouvrit avec un soupir de soulagement.
-Il est enfermé dans sa chambre depuis hier soir, je ne savais plus quoi faire, me confia-t-elle en me donnant deux cannettes de Coca.
J'ouvrais lentement la porte et y glissa ma tête, mon meilleur ami se tenait assis au pied de son lit, la tête en arrière de telle sorte que je me demandais comment il faisait pour ne pas avoir de torticolis.
-Bah alors Vieux, ça va pas?
-Pourquoi tu ne m'as rien dit?
-Pardon?
-Pourquoi tu m'as caché que Victoria te draguait?», dit-il en relevant sa tête pour me regarder.
J'entrai complètement dans la pièce et refermais derrière moi.
-Tu m'en veux?
-Pourquoi? Pour lui avoir mis d'énormes vents? Non, au contraire, tu es un gars génial, Jass'. C'est moi qui a été con de croire qu'elle pouvait vraiment s'intéresser à moi. C'est toi le beau gosse, je le savais depuis le début.
-Attends Matt, que s'est-il passé?
-On s'est disputé lorsque j'ai vu les sms qu'elle t'envoyait depuis le début. Tu ne répondais jamais.... Et pourtant, c'est à toi qu'elle racontait toute ses journées, tout ses problèmes... Est-ce que j'ai merdé quelque part?
-Non, elle voulait juste briser une amitié....
-Tu sais ce qu'elle m'a dit? Qu'elle ne sortait avec moi que pour se rapprocher de toi. Je n'ai été qu'un putain de pion.
Je posais ma main sur l'épaule de mon meilleur ami avant de m'asseoir à côté de lui et de nous ouvrir nos canettes de Coca, lui passant la sienne.
-Dommage qu'il n'y ait pas un peu de Whisky dedans...
-C'est ta mère hein, pas ta barman personnelle.
Il me renvoya un sourire lasse et je voulus tuer cette Victoria lorsque je vis les larmes embués ses yeux. Je n'avais jamais été très démonstratif, pour les filles, pour ma famille et jamais, je n'avais pleuré. Matthew était plus sensible que moi, et que la plupart des homme en général.
-Mais je l'aimais, cette salope, pour la première fois, je l'aimais.
Je pris une longue gorgé de mon coca, regrettant moi aussi le fond de Whisky. Parce que j'avais eu le béguin pour elle, moi aussi. Pas un gros béguin, mais un tout petit. Un minuscule béguin.
-Tu sais quoi, mon pote? On va lui faire la plus grosse vendetta de sa vie et ça, crois-moi, elle va le regretter.....», déclarais-je, la mâchoire carrée et le regard sombre.
J'allais nous vengé de cette fille. Et je me vengerais sur chaque suivante. Elles étaient toutes comme ça de toute façon, vicieuse et manipulatrice. Elles brisaient les amitiés.
L'amour n'existait pas, c'était simplement le besoin de plaire qui nous contrôlait.
Le lendemain, je la trouvais à l'école et lui sortis mon plus beau sourire, malgré que je ne ressentais plus que du dégoût en moi.
-J'ai appris, tu sais....
-Je suis tellement désolée! Tu peux lui dire? Je n'ai jamais voulu lui faire de la peine....
-Oui, oui, je le ferais..... Mais je ne disais que maintenant que tu n'es plus avec lui, on pourrait.... Se rapprocher?
Elle sourit et s'approcha de moi au point que je sentais son souffle dans mon cou. Timidement, je fis semblant d'hésiter à l'embrasser et enfin, elle vint d'elle-même sur mes lèvres.
J'avais attendu ce moment tellement de fois, j'y avais parfois songé des heures entières et pourtant, à cette instant, je ne ressentais rien d'autre que le goût amer de la haine. Je la détestais.
Et j'allais lui faire payer.
*****
J'ai couché avec elle une semaine plus tard, franchement, cela me parut trop facile.
Elle m'avait de l'attendre chez elle le lendemain, elle finissait une heure plus tard et avec toute sa confiance naïve, elle m'avait donné les clés de sa maison. Elle ne voulait pas que je reste à la rue et ses parents travailler encore.
Elle avait elle-même signé son arrêt de mort.
Victoria avait une meilleur amie, Lucie. Et j'avais le numéro de cette dernière. Et je l'ai invité à me rejoindre, pour pas que je ne me sente trop seul.
A croire que tout le monde n'avait pas les mêmes valeur, parce que jamais je n'aurais aidé la petite-amie de Matthew à le tromper. Mais Lucie ne se gêna pas. Et Victoria rentra pile à ce moment-là. Je ne l'avais pas vu au début, mais son sac tomba lourdement sur le sol et elle lâcha un vase. Je l'entendis gueuler sur Lucie en remettant mes habits et honnêtement, j'avais accompli la vengeance que je voulais, un peu trop rapidement d'ailleurs.
-Jasy.... J'ai cru que tu m'aimais.
-Tu as dit quoi déjà à Matt? Que c'était moi le beau gosse? Et bien rappelles-toi d'une chose: je suis surtout le connard.
Je lui souris avant de partir vers la porte mais elle cria mon nom et je me retournai pour la regarder, elle et ses pathétiques sanglots.
-Je pourrais te pardonner! S'il te plait, je le ferais, on pourrait construire quelque chose, je t'aime et je....
-Je crois que t'as pas bien compris: je ne ressens rien, pas même une once de sympathie. Tu me fais pitié, Viky, vraiment.
-Jasy....
-Excuse-moi, mais il n'y a que mes amis qui peuvent utiliser ce surnom.
-Je t'en pris.
-Ne t'approcher plus de moi, et encore moins de Matt. Ou je te promet que je te règlerais ton compte, même à une fille.
Je la regardais de bas en haut:«Si on peut appelé ça comme ça». Je claquais la porte derrière moi et, malgré le sourire que j'arborais sur mon visage, une pointe de tristesse s'installait dans ma poitrine en revoyant ses larmes.
Mais elle le meritait, elles le méritaient toutes.
J'arrivais chez Matthew et le raconta tout les détails, mon meilleur ami me fixa durement.
-Tu n'avais pas à faire ça, Jass.
-Tu te rappelles de ce que cette fille t'a fait?! Et tu prends encore sa défense!
-Jason, honnêtement, qu'est-ce que tu ressentais pour elle?
-Mais rien, où vas-tu cherché ça?
-Parce quel pour en vouloir autant à une personne, il faut être impliqué dans l'histoire.
-Comment pourrais-je être amoureux? L'amour n'existe pas, il a été inventé pour que moins de suicide n'a lieu.
Matt me regarda avec suspicion avant de me passer un verre de Coca.
Et cette fois-là, je ressentis la brûlure du Whisky dans ma gorge.
Et cette fois-là, je bus mon verre cul-sec.

Recueil OS sur TimideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant