Chapitre 1

16 0 0
                                    

"Papa,
Ma résolution cette année était d'arrêter de penser a toi. Je voulais arrêter de penser au visage un peu flou que les vieilles photos me montraient. Je voulais arrêter de penser à l'homme qui m'avait abandonnée. Je voulais arrêter d'espérer ton retour et surtout, je voulais arrêter d'essayer de combler ce vide qui était en moi depuis 20 ans maintenant.
C'est bientôt mon anniversaire. Est-ce qu'au moins tu le sais ? Je pense que non. Tu dois être beaucoup trop occupé, avec ta nouvelle vie. Je me demande ce que tu fais, comment tu vis. Avec qui. Est-ce que ta nouvelle famille est gentille ? Est-ce qu'elle te plait plus que moi et maman ? J'espère que tu es heureux loin de nous, et sache que j'ai finis par accepter le fait qu'on ne te suffisait plus. Qu'on était pas ceux que tu voulais près de toi pour l'éternité. Ça fait mal. J'aimerais pouvoir te regarder dans les yeux, rien qu'une fois, et te crier à quel point je te hais. Est-ce que tu baisserais les yeux devant ma colère ? Est-ce que tu te détournerais de moi pour ne plus avoir à contempler ton plus grand échec ? Malgré tout je suis désolée. Désolée d'être celle que tu n'aurais jamais voulu avoir. Peut-être que si je n'étais pas née, tu serais encore avec maman. Je suis désolée, tellement désolée.."

Je pliais la lettre un peu n'importe comment et la glissais dans le tiroir de ma table de chevet. Encore une que j'allais garder pour moi. Comment peut-on envoyer une lettre a quelqu'un si on ne possède même pas son adresse ? J'en avais peut-être écrit une cinquantaine, que j'avais finis par jeter.

Je me levais de mon lit pour me retrouver devant mon miroir. Bon, qu'est-ce que je pouvais bien faire pour m'arranger un peu ? L'élastique de mon poignet droit me servit très vite à faire tenir le gros chignon décoiffé qui se dressait maintenant sur le haut de ma tête.

Quelques mèches s'échappèrent en cascade autour de mon visage tandis que je me dirigeais vers mon dressing afin de commencer mes valises.

Effectivement, j'allais faire mon entrée à la fac demain. Après une année à enchaîner les petits boulots et à ne rien faire de spécial, j'avais décidé de reprendre mes études. Ma meilleure amie Cléo était entrée directement en fac d'anglais après son bac, contrairement à moi. Elle me manque terriblement, mais demain, je la reverrais enfin.

Au fur et à mesure que ma première valise se remplit, je me remémore un message qu'elle m'a envoyé hier soir :

« Hâte que tu arrives bichette. Je viens juste de terminer de ranger ta future chambre ahah, tu verras, tu seras bien ! Je t'ai même libéré une armoire. Et puis tu vas voir, la bande est cool ! Tut'intégreras vite ! Bisous »

Je stresse à l'idée de rencontrer « la bande ». On a  toujours traîné que toutes les deux depuis l'école primaire, avec Cléo, vu que les autres nous rejetais. On était un peu vue comme les filles bizarres à chaque fois. Et on peut dire que ça s'est pas mal empiré au collège quand on a débuté nos premières expérimentations de coloration de cheveux et qu'on a eu nos premiers piercings sur la goule.

Cependant, j'essayais de relativiser. Même si j'ai presque toujours vécue seule, cette solitude là, je n'en pouvais plus. Ma Cléo me manquait, j'étais plus ou moins en froid avec ma famille car ils en avaient marre de mon caractère souvent mal luné et pour la première fois de ma vie, je ressentais ce besoin de présence humaine autour de moi.

Des fois, ma mère m'appelait pour prendre des nouvelles. Les conversations téléphoniques restaient courtes et ne s'éternisaient pas. Il faut dire qu'on a jamais été très proche. Elle s'est remarié et est partit de ma ville natale il y quelques années maintenant sans plus jamais revenir. Mon frère avec qui j'étais très proche est partit avec elle pour cette nouvelle vie. Je n'ai pas voulu suivre. Disons que j'ai eu du mal a rebondir après cet abandon. Heureusement que les parents de Cléo était là. Ils m'ont prise sous leur aile quand j'en ai eu besoin et je ne les remercierait jamais assez.

J'ai vite chassé ces souvenirs de mon esprit quand mon estomac m'a fait comprendre qu'il était temps de manger un bout.

Dans l'après-midi, j'ai tranquillement terminé de préparer mes affaires, j'ai chargé mes valises dans ma petite voiture pour être tranquille demain matin et c'est le cœur lourd de stresse concernant la nouvelle vie qui m'attendais que je suis allée me coucher. Demain matin, le réveil allait sonner de bonne heure, et les kilomètres se prévoyaient terriblement long.

04h30

J'éteins ce foutu réveil qui me sort d'un sommeil déjà léger. 

Aller, motivation, pensais-je en boucle comme si ça allait m'aider a me lever.

Après une bonne tasse de café et une clope, mes résolutions étaient revenues au galop. Je n'avais plus qu'une envie, repartir sur de bonnes bases, retrouver Cléo et j'espérais que les années que j'allais passer à la fac déboucheraient sur ce fameux diplôme, celui qui m'épargnera à tout jamais des petits boulots qui m'ont bouffés la vie cette année. Est-ce que j'allais y arriver ?


C'est sur cette question que j'attachais ma ceinture de sécurité, et que je démarrais enfin vers cette nouvelle vie.

__________

NA : Et voilà le premier chapitre de YOUTH ! J'avais commencé a écrire cette histoire il y a environ 4 ans et récemment j'ai eu l'envie folle de tout réécrire. J'ai gardé le fil conducteur de l'histoire que j'ai créée à l'époque mais j'y ai rajouté le plus de cohérence possible, avec un regard plus mature sur certaines choses étant effectivement plus âgée aujourd'hui :) ! J'espère que ça vous plaira, n'hésitez pas à laisser des commentaires :) ! 

Il s'agit de Swann en média.

xx


YOUTHWhere stories live. Discover now