III

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V  A  L  E  N  T  I  N

     Je balance ma tête de droite à gauche, lentement, au rythme de la musique. J'ai les yeux fermés, mais mes sourcils sont froncés. J'ai beau essayer de faire le vide dans mon esprit, je n'y parviens pas. Je n'arrête pas de repenser à la conversation que j'ai eu avec ce Félix. Il m'énerve.

Il est le genre de type que je déteste la plus. Le genre à vouloir une relation stable, et à être satisfait de la routine quotidienne. Le genre niais, qui tombe amoureux au premier regard. J'espère que je ne le reverrai plus jamais. Il est bien trop collant.

Pour être tout à fait honnête, j'avoue qu'au lit, il se débrouille bien. J'ai pris pas mal de plaisir avec lui. Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps de faire une aussi bonne pioche niveau sexe. Mais le fait qu'il veuille me revoir me débecte. Il n'était qu'un plan cul, et il va falloir qu'il l'accepte. Parce que s'il croit que je suis le genre de mec à vouloir se mettre en couple après une première partie de jambe en l'air, il se fourre le doigt dans l'oeil.

Je veux rester seul pour rester libre. C'est ma philosophie de vie. Rester célibataire pour ne pas subir les contraintes ennuyeuses de la vie de couple. J'ai déjà essayé une ou deux fois, et ça n'a jamais été concluant. J'étouffais au bout de deux semaines.

Non, décidément, je ne suis pas fait pour une vie comme ça, confortable et équilibrée. À mes oreilles, ces adjectifs sonnent comme morose et ennui. Je veux du frisson, de l'aventure, du renouveau. Et être enchaîné à une personne ne me permettrai en aucun cas d'accéder à tout ça.

Et puis je suis de nature frivole. Je suis infidèle. Je ne suis pas fait pour m'engager, j'ai besoin de sentir que je suis libre de faire comme bon me semble. Libre d'aller où je veux quand je veux, sans avoir besoin d'en informer quiconque. Libre, sans avoir de compte à rendre.

J'aime séduire, j'aime draguer qui je veux au gré de mes envies. Je suis joueur. Forcément que la vie de couple n'est pas faite pour moi. Mais paradoxalement, j'aime qu'on me court après. J'aime me faire désirer. C'est pour cela que je n'ai pas bloqué Félix tout de suite. Je voulais voir s'il se pouvait se rendre distrayant.

Mais au final, il était comme tous les autres. Il m'a lassé à partir du moment où il a voulu m'inviter prendre un verre. Cette demande était  terriblement cliché et sans intérêt.

Enfin, j'ouvre les yeux, sortant de ma transe. J'aperçois Lalie au loin, pendue au cou d'un grand rouquin. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je pense qu'il va falloir que je songe aussi à me trouver quelqu'un pour la nuit. C'est alors que mon regard croise celui d'un type qui m'est familier. Et merde, c'est Félix.

Je fais genre de ne pas l'avoir vu pour m'éclipser dans un autre coin de la boite de nuit. Malheureusement pour moi, on dirait qu'il en a décidé autrement puisque je le vois marcher à ma rencontre d'un pas pressé. Et alors que je déguerpis et que je pense l'avoir semé, une main m'attrappe le poignet.

— Tu me fuis ? me demande-t-il en me relâchant, après m'avoir entraîné un peu à l'écart pour que la musique se fasse moins forte.

— Ça se voit non ? Mais j'aime quand on me court après chéri, alors je te pardonne, dis-je un sourire en coin.

Je ne devrais pas jouer ainsi avec le feu. Mais peu importe. C'est distrayant, et c'est tout ce qui compte.
Il balbutie des choses sans queue ni tête. Je le perturbe. Et je me délecte de cet effet que je lui procure.

— Je crois que je suis fou de toi.

Je m'attendais à tout sauf à ça. Je dois avouer que cette déclaration me laisse pantois. D'un côté, je suis flatté, mais de l'autre, ça me fait quand même bien chier. Je sens qu'il va être casse-couilles.

— Cool, lâché-je avec désinvolture.

— Vraiment, je sais que je suis lourd, mais j'insiste une dernière fois. Accorde-moi une chance. Et je te promets que si tu refuses, je m'en vais, et je ne viendrai plus jamais t'importuner.

Finalement, il me serait plus facile que prévu de me débarrasser de lui. Il suffit que je dise non, et il sort de ma vie. Pourtant, je n'envisage même pas de choisir cette option. Ce serait bien trop facile, bien trop ennuyant. Il n'y aurait pas de défi. Je pense que mon côté joueur va prendre le dessus. J'ai envie de m'amuser un peu avec lui, pour voir de quoi il est capable.

— J'accepte de te laisser une chance, murmuré-je sensuellement à son oreille en me mettant sur la pointe des pieds. Mais ne te fais pas trop d'illusion. Si tu veux m'avoir, tu vas devoir me trouver. Et je ne te débloquerai pas sur mon téléphone.

— Tu me testes ?

Pour toute réponse, je me contente de lui offrir un grand sourire et un regard enjôleur.

— Challenge accepted, répond-il enfin au bout d'une dizaine de secondes.

— Bien. Sur ce, je te laisse, ça fait déjà quelques minutes que la belle brune là-bas me fixe, et je ne voudrais surtout pas la laisser filer. À plus beau gosse ! m'exclamé-je en lui tirant la langue, sautillant vers la demoiselle qui me dévore du regard depuis tout à l'heure.

Aller Félix, ne me déçois pas. Montre moi de quoi tu es capable pour gagner mon estime. Quoique tu fasses, de toute façon, tu ne gagneras jamais mon coeur, qui s'est bien trop endurci au fil des années. Mais surprends-moi, désire-moi, aimes-moi. J'adore me montrer inaccessible alors que l'on me court après. C'est jouissif.

— Hey, déclaré-je pour accoster la jolie brune.

— Hey... Tu es tout seul ?

— Et oui. Toi aussi ?

— Oui. On va chez moi ?

— Je te suis chérie.

J'adore les filles comme ça. Elles sont simples et sans prise de tête. Elles ont envie de baiser, elles baisent et puis c'est tout. Tout le contraire de cet ennuyeux Félix. Enfin, peut-être qu'il me réserve des surprises, qui sait.

TranseWhere stories live. Discover now