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A  L E  N  T  I  N

     C'est le vide dans mon esprit. Je n'entends rien d'autre que la musique qui vrille mes tympans. Je suis dans ma bulle, complètement coupé du monde. J'ai l'air en transe. Je ne fais pas attention aux gens qui se mouvent à côtés de moi, enivré par l'alcool et l'air de la chanson qui passe en ce moment. Un vieux rock des années quatre-vingt.

Cela fait maintenant deux mois que j'ai pris l'habitude de danser en boite au moins deux fois par semaine. J'y vais toujours accompagné de Lalie, pour pouvoir rentrer sans payer. C'est une bonne amie à moi, avec une vision de la vie assez proche de la mienne. Elle aime faire la fête pour oublier ses problèmes. J'aime faire la fête pour oublier mon ennui.

J'ai sombré dans la routine. J'ai désormais du mal à prendre du plaisir à faire quoique ce soit. Je m'ennuie de ma vie dépourvue d'aventure et d'excitation. J'aimerai pouvoir tout plaquer et partir loin d'ici, pour fuir la morosité de cette ville morne. Mais je n'en ai pas les moyens, et surtout, pas la force, pas le courage. Alors je reste, me contentant de ma seule distraction: danser en boîte, une fois la nuit tombée.

Ça me permet de faire le vide dans ma tête, de ne plus penser à rien. C'est mon échappatoire, mon moment à moi. Celui qui me fait me sentir vivant, qui me sort de mon train-train quotidien. J'ouvre les yeux que j'avais jusqu'alors fermés pour mieux faire abstraction de ce qui m'entourait.

Au loin, près du bar, j'aperçois Lalie qui rigole à n'en plus pouvoir, discutant avec un homme que je ne connais pas. En tout cas, il semble l'amuser. Je la vois l'entraîner par le bras en sortant de la discothèque. On sait tous les deux qu'il va finir dans son lit.

C'est également une de nos habitudes. Baiser pour s'enivrer et prendre un peu de plaisir, baiser pour penser à autre chose et se déconnecter, ne serait-ce que quelques minutes, de la réalité. Il se fait tard, je sens que je commence à fatiguer. J'ai dansé toute la soirée, il va falloir à mon tour que je trouve une proie à me mettre sous la dent.

Je sors de ma bulle, et capte alors le regard insistant d'un mec qui semble avoir mon âge. Il n'est pas mal. Grand, blond ambré, les yeux vert, tout à fait charmant. Je ne fais pas de distinction entre les filles et les garçons. Tant qu'iel ne pose pas trop de question et me fait prendre mon pied.

Mais c'est aussi le problème de forniquer à droite à gauche avec des inconnus, c'est qu'on ne sait jamais sur qui on va tomber. On peut aussi bien tomber sur une vierge inexpérimentée (dans ces cas-là, je lui donne une excuse bidon pour rapidement m'éclipser), qu'un véritable Dieu du sexe. C'est quitte ou double. Espérant que ce soir, j'ai une bonne pioche.

Enfin, le garçon qui me fixe depuis tout à l'heure finit son verre d'une traite et s'avance vers moi d'un pas décidé. Son physique me plaît bien. De toute façon, il est trop tard, je n'ai plus le temps de tergiverser ou de regarder s'il n'y a pas quelqu'un d'autre plus à mon goût.

Il n'est désormais plus qu'à quelques centimètres de moi. Il commence à se déhancher sur le rythme de la musique, se synchronisant avec mes mouvements. Je lui lance un sourire charmeur, suivi d'un clin d'oeil. Le rouge lui monte aux joues. Il est complètement sous mon charme.

Je ferme les yeux, mais les rouvre instantanément en sentant ses mains se poser sur mes hanches. Je ne le pensais pas si entreprenant, j'imaginais plutôt qu'il était du genre timide. Je m'étais visiblement trompé puisqu'il se rapproche un peu plus de moi.

— Moi c'est Félix ! Et toi ?!

Oh non. J'espère que ce n'est pas un bavard. Sinon ça ne va pas le faire.

— Valentin, me contenté-je de répondre laconiquement.

Il acquiesce, un petit sourire aux lèvres. Voyant qu'il hésite à aller plus loin au bout de quelques minutes, je décide de prendre les choses en main. Le surprenant, je pose ses mains sur mes fesses et passe les miennes autour de son cou. J'humecte mes lèvres. Si avec ça il ne comprend pas le sous-entendu, je le plante là et part me chercher quelqu'un d'autre.

— On va chez moi ?!

Ah, il est plus futé qu'il en a l'air. J'ai bien cru qu'il ne me le demanderai jamais. Et ça aurait été dommage de laisser filer ce beau blond.

— Avec plaisir, chuchoté-je à son oreille de manière sensuelle.

Il frissonne. Je le vois à son regard, il a très envie de moi. Il ne cesse de loucher sur mes lèvres. Et après sa demande, il reste planté là, devant moi, me détaillant. Ça se voit que ce gars n'a pas l'habitude de draguer en boite.

— On y va ? questionné-je d'une petite voix qui se voulait mignonne.

— Ah euh oui ! Suis-moi !

Je lui souris faussement. Bordel, il est long à la détente. En sortant, il me conduit jusqu'à sa voiture, une vieille twingo qui n'est plus tout à fait blanche. Ce n'est pas très classe mais je ne le juge pas sur ça puisque je ne possède pas de véhicule.

Il ne dit pas un mot de tout le trajet, ce qui n'est pas pour me déplaire. Nous arrivons chez lui en à peine quinze minutes. Il habite un studio pas très grand, où trône un lit double et un bureau. Ça fera l'affaire.

— Fais comme chez t-

Je ne lui laisse pas le temps de finir et le choppe par le col pour le descendre à ma hauteur, plaquant brutalement mes lèvres sur les siennes. Beau gosse, ce soir je ne veux pas parler, je veux baiser.

— Tais-toi et fais-moi grimper aux rideaux, lui ordonné-je d'une voix aguicheuse.

Il est décontenancé par mon annonce. Mais il se reprend bien vite pour mon plus grand soulagement et prend les devants, me poussant sur son lit en reprenant possession de mes lèvres. J'ouvre légèrement la bouche pour laisser sa langue rejoindre la mienne. Ce n'était peut-être pas un si mauvaise pioche tout compte fait, il embrasse bien.

Petit à petit, la tension monte, la température de la pièce se réchauffe, les vêtements tombent au sol et nos gestes se font plus pressants. Ses mains sont pleines d'assurance, il sait ce qu'il fait. Ça me rassure, ça m'aurait fait chier de le laisser en plan en découvrant sa virginité. Parce que je suis bien excité moi.

Nous finissons par atteindre l'orgasme, et il s'écroule à mes côtés. Je reprends mon souffle et finit par m'endormir, satisfait de ma nuit. Au réveil, j'entends l'eau coulé, et je présume qu'il prend sa douche. C'est le moment idéal pour filer à l'anglaise. Je ramasse mes affaires, me rhabille, et pars de chez lui, sans le moindre remord.

TranseWhere stories live. Discover now