L'attente (partie 1)

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Ce soir, je ne reconnais plus ma ville. Je ne sais pourquoi tout me semble immense. C'est comme si, en un instant, tout avait grandi ! Ou peut être est ce moi qui suis plus petite. Les lumières des phares des voitures m'aveuglent, le défilé du paysage par la vitre me donne le tournis. Je me sens étrangère. Qui suis-je ? Qu'est ce que je fais là ? Un homme s'arrête devant moi. Il sort de la voiture et me regarde. Que veut-il ? Il semble m'appeler mais j'ai peur. Peut être que je devrai aller le voir. Derrière des gens klaxonnent. Qu'ils le fasse, s'il ne se passait rien, ils le feraient quand même. J'aime pas la ville. Mais j'aime bien cet homme qui me fixe. Ça devrait me mettre mal à l'aise mais non. C'est comme si je l'attendait, si je savais qu'il allait venir. Je lui sourit. Puis, avant de le regretter je sors. La nuit m'enveloppe de suite. Elle non plus je ne l'ai pas vu venir. L'homme est grand, le visage caché derrière une capuche, un regard un peu fou que l'on devine plus que l'on ne voit. Vêtus d'un jean et d'un manteau long, il rentre totalement dans le décor. Pourtant on sens directement qu'il est étranger. Enfin il me sourit, et me dit.

« Bonsoir, je vous attendez »

Pourquoi m'attend t'il ? Je ne sais pas. Mais j'aime bien l'idée. Vraiment, cet homme me plais. En sa présence l'air parait plus pure, la sol plus stable. Cet être mystérieux, si sûr de lui, bouleverse totalement ma vision. Autour tout disparaît. Il est là. Un simple de ses mots peut tout faire changer, un simple de ses gestes peut désespérer. Et pourtant, je suis si bien avec lui, il me rassure, il me calme. Ses souffles lents et réguliers apaiseraient même le plus poltron des hommes et pourtant, c'est avec moi qu'il est. Seul. Je l'ai choisit et il est là. J'apprivoise ses sombres humeurs, je dompte ses élans démoniaque. Et lui, il me guérit. Il me guérit de ce monde impur, de ses vaines idées, de ses désirs de normalité. Je sais que je ne devrais pas être là, avec lui, mais je n'ai peur en rien. Je ne le connais pas, mais j'aime la sensation que j'ai maintenant qu'il est là. La sensation d'être en vie. C'est pire qu'une drogue, je me rattache à lui comme la pauvre désespérée que je suis. Son odeur, ses gestes tout me plais. C'est un inconnu mais c'est en lui que je vis, c'est pour lui que je vis. Sans lui, plus rien n'a de sens. Les autres, leur banalités, je leur laisse. Moi je l'ai. Un être grand, unique, puissant... Un homme qui souffle le désir, qui corromps les cœurs.

Je t'ai et je profite. Après tu repartira, après je devrai faire sans, attendre un geste, un mot puis te revoir. Je souffrirai en t'attendant, je vivrai comme je le peux, même si au fond de moi je n'attend plus rien. Pourquoi ne veux-tu pas de moi ? Pourquoi ne m'emmènes-tu pas ? Ne vois tu pas combien je souffre ici ? Ne vois tu pas combien j'attend ta venu, à chaque fois un peu plus ? Emmène moi, ne me laisse pas là, seule avec ses autres qui ne me comprennent pas, seule avec ses autres avec lequel je doute. Prend moi et ne me laisse plus, plus jamais. Je te suivrai sans pleurer, je te suivrai sans geindre. J'aimerai ta douleur, j'aimerai tes silences. Ce silence, ce silence si pur que je poursuit, ce néant, offre le moi. Toi seul peux faire ça pour moi. Je t'en supplie, libère moi, libère moi de ce monde que je ne comprend pas, libère moi de ce monde que je hais, au plus profond de moi il me répugne. J'en hurlerai si ça pouvait te faire fléchir ! Mais rien n'y fait tu ne veux pas, tu ne veux jamais hein ? Je te hais, je le hait si fort. Il me refuse la paix, l'éternité. Quel but a tout ça, quel but a continué ? J'en peux plus, j'étouffe et toi tu reste de marbre. Monstre que tu es. Je ne te mérite pas, très bien j'attendrais. J'attendrais mon tour, j'attendrais mon heure. Et ce jour là je serais prête, crois moi je le suis déjà. Ce jour là, tu me prendra dans tes bras et moi j'expirerais enfin.

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