Escape the game

Chapitre 12 : Comme s'il n'avait pas de regard

THOMAS

J'ouvre les yeux difficilement l'esprit encore embrumé, je relève la tête. Rien que ce mouvement me rappelle ce coup de matraque que j'ai reçu. J'étouffe un gémissement de douleur en regardant mon ventre. Je ressent encore la brûlure de la matraque. Je rend vite compte que je suis assis sur une chaise les poignets ficelés aux accoudoirs, au milieu d'une pièce toute blanche et fortement éclairée. Je ne sais même pas comment je suis arrivé ici. Je reprend peu à peu conscience des évènements qui nous ont menés ici. J'aurais préféré que ce soit un rêve. Je remarque qu'en plus des cordes, une menotte était accroché à mon poignet droit qui, j'ai compris en me contorsionnant, est reliée au poignet de personne d'autre que Damien, assis dans mon dos dans la même configuration. Je me redresse et tente de l'appeler.

Aucune réponse, sa tête penche sur le côté, je crois qu'il n'est pas réveillé. Je me sens un peu seul pour le coup. Je remarque que mes vêtements et mes cheveux sont secs. Combien de temps sommes-nous restés inconscients ? Les cordes qui entravent mes poignets me lacèrent la peau et réduisent considérablement ma liberté de mouvement. Je fronce les sourcils, sentant le sang séché qui avait coulé le long de ma tempe. Il n'y a rien autour de nous, une pièce avec une porte comme unique issue. Je commence vraiment à être largué dans cette histoire. Qu'est-ce qu'on pouvait faire maintenant ? Comment allions-nous sortir d'ici ? Je commence à me faire à l'idée que je ne rentrerais plus jamais chez moi, on va disparaître sans laisser de trace et mourir entre les murs de ce bâtiment de merde. Je tente plusieurs fois d'appeler Damien mais il semble plongé dans un sommeil profond. Je suis en possession de tous mes moyens à présent et je m'agite pour me détacher et j'aurai pu y arriver, si le bruit d'une clé dans une serrure ne m'avais pas arrêté.

Je m'immobilise et tourne la tête vers la porte, attendant de voir qui allait apparaître. Mes battements de cœur s'accélèrent, mes muscles se tendent. Je ne suis pas surpris de découvrir le même homme toujours derrière ce masque effrayant, mais qui m'inspire plus de la colère pour l'instant, que de la peur. Il entre avec une femme qui se place dans le fond de la salle. Elle porte une longue tunique blanche qui fait penser à une infirmière. C'est peu rassurant je vous le cache pas, mais ce n'est rien comparé à cet endroit. Le modérateur demeure muet, je le regarde. Damien ne se réveille pas. Je ne sais pas quoi faire. C'est le moment de silence le plus long de toute ma vie et peut-être le dernier...

- Tu n'as pas de questions ? demande-t-il.

Je ne répond pas, tassé contre le dossier de ma chaise comme pour m'éloigner le plus possible de lui. Un autre silence se dépose. Il me fixe, en fait, on aurait dit qu'il me fixait, mais c'est comme s'il n'avait... pas de regard. Je ne baisse pas les yeux.

- Tu as perdu ta langue ?

Je sens que Damien remue derrière-moi. Enfin je ne suis plus seul. Il sursaute, sûrement en comprenant la situation dans laquelle nous nous trouvons tous les deux. L'homme me regarde encore quelques secondes et se dirige sur ma gauche pour qu'aussi bien Damien que moi, puisse le voir.

- Maintenant que vous êtes réveillés, on va pouvoir parler.

- Parler ? répète Damien. Vous vous foutez de notre gueule vous pensez qu'on a envie de parler avec vous.

- Avec vous... Vous ne voulez pas savoir ?

Damien ne répond pas, tout comme moi.

- Ça va Thomas ? demande-t-il au bout d'un moment.

- Ça va.

Le modérateur reste là, planté, il avait vraiment l'air d'avoir bugué. La femme dans le coin de la pièce écrit des choses sur un carnet. Elle semble prendre des notes un peu comme un psy. Elle aussi était badante, tout est creepy ici, ça en devient fatiguant. Et puis je me rend compte d'une chose, je la regarde en plissant les yeux.