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  J'ai toujours eu l'habitude de me cacher derrière de gros pulls et de larges jeans. Je me suis toujours promenée le casque sur les oreilles, écoutant put your head on my shoulder en boucle, mais pas trop fort, pour éviter qu'on ne l'entende.
Une immense timidité me rongeait, je tremblais de honte à ce que l'on ne m'adresse la parole ou à ce que l'on ne me touche par maladresse.
De grosses lunettes rondes ornaient mon visage pour cacher mes yeux grâce au reflet de la luminosité extérieure ou intérieure, ici bas, avec cet accoutrement on ne me reconnaissait pas.

J'avançais d'un pas aussi lourd que léger vers mon établissement. Je suis en étude d'art pour parler autrement que par les mots, si cela peut au moins m'aider à m'exprimer. Dans ma classe, je connais peu de personne, Lewis, Claire ou encore Janice. Bref. Je connais trois personnes. Je ne parle pas aux autres, je ne parle d'ailleurs pas non plus à Lewis, Claire et Janice, je hoche seulement la tête lorsqu'ils me proposent de venir manger un jour avec eux à la cafétéria. Au final, il est clair et net que je n'irai jamais.

J'arrive en classe, je dépose mon sac et m'assoie. Nous avions un projet à préparé, et devinez qui l'a oublié chez elle. Sans blague, ce n'est pas une devinette compliquée, si ? Bref. Timide comme je suis c'est un réel plaisir que de ne pas me présenter suite à cet oublie. Mais le plaisir n'est que de courte durée quand on m'annonce que je devrai présenter ce projet dans une semaine, lors de la journée porte ouverte de l'école. Oui. Il y aura bien plus de monde dans cette salle. Déjà que la vingtaine d'élèves que nous sommes m'angoisse.

Je tire les manches de mon pull avant de les froisser avec mes mains. Mon genou saute : crise de stress extrême. Mon regard se bloque sur Lewis qui me lance un « ça va ? ». Bien sûr abruti, je pète la forme. Évidemment je n'ai pas dit ça, j'ai hoché la tête en guise de oui avant de bloquer mon regard sur le sol.

Ouf, ça sonne. Je vais enfin aller aux toilettes du premier. Ici personne n'y va, il paraît que ça fait peur, certes la lumière fonctionne une fois sur deux et vu l'entretien il ne vaut mieux pas fermer le verrou mais tout de même, c'est calme. Je monte. Mes pas retentissent dans l'escalier. Arrivée au niveau des toilettes j'entends l'eau du robinet couler, alors j'attend. J'attend que la personne qui s'y trouve sorte. Mais après dix minutes d'attente je suis forcée de croire que cette personne n'est pas motivée à sortir d'ici. J'ouvre la porte, c'est une fille. Elle marmonne :

– je croyais que personne ne venait dans ses toilettes...

Je croyais aussi, rassure-toi. Elle reprend :

– toi aussi tu viens là pour le calme ?

– je crois...

Deux mots en une phrase quel exploit.

– Sacha, enchantée. Tu es ?

– Jane.

– bah je suis ravie Jane. Tu es en quelle spécialité ?

– je... graphisme.

Elle me lance un regard bizarre à travers le reflet de la glace dans laquelle elle se mettait du gloss. Puis elle me sourit.

– c'est cool alors, à plus Jane.

Oui c'est ça, à jamais.

Je ne comprend pas, pourquoi parler à quelqu'un dont on connaît la timidité ? Bon certes elle ne me connaît pas, c'est une raison supplémentaire pour ne pas me parler. Résultat je connais une quatrième personne : Sacha.

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⏰ Last updated: Nov 26, 2019 ⏰

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Ton RefletWhere stories live. Discover now