Chapitre 3 : Les elfes

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Sthölein et Grûlan avaient scellé chacun un cheval et galopaient dans la forêt depuis le début d'après-midi. 

- Où est-on ? demanda Grûlan. 

- Je ne sais pas, répondit son ami. 

 - Il faudrait se repérer avec le paysage. 

- Ben là, c'est raté. Il aurait fallu le faire dès le début. Et puis ça nous est égal ! Le plus important, c'est de marcher vers l'Est.

- Oui, tu as raison. 


Quand la nuit tomba, l'elfe et le demi-géant continuèrent de galoper. Il devait être aux alentours de minuit quand Sthölein entendit un bruit suspect. 

- Chut ! murmura-t-il en arrêtant son cheval.

- Quoi ? demanda Grûlan.

- J'ai entendu quelque chose. 

- Oui, moi aussi. En même temps, c'est normal, on est dans la forêt et c'est la nuit. Les animaux nocturnes doivent être réveillés...

- Grûlan ! Ce n'est pas le moment de plaisanter ! Mettons pied à terre.

- Bon, bon.

Ils attendirent une bonne minute sans faire de bruit. Soudain, une flèche se planta juste devant les pieds de Sthölein. L'elfe se jeta à terre et roula dans les buissons. Grûlan, quant à lui, reçut une flèche dans l'avant-bras. 

- Aaaaw, ça fait mal !!! s'écria celui-ci en retirant le projectile. Montrez-vous, au lieu de vous cacher ! 

Pas de réponse. A part un hululement de chouette, tout était calme. C'est alors qu'une grosse pierre tomba d'un arbre et atterrit sur la tête de Grûlan. Il tomba dans un grand bruit, assommé. 

Une vingtaine d'elfes, cachée parmi les branchages, sauta au sol. Ils portaient de longues robes vertes et des sandales en cuir. Leurs visages étaient masqués grâce à des foulards noirs, on ne voyait donc que leurs yeux. Leurs longs cheveux étaient tressés en nattes. 

L'un d'eux prit la parole : 

- Ligotez le demi-géant. Nous allons l'interroger. 

- Mais, chef ! protesta un elfe. Il me semblait avoir entendu deux personnes ! 

- Eh bien pour l'instant, il n'y a que lui. Allez, va aider les autres ! 

- Bon, d'accord.

A travers les buissons dans lesquels il était caché, Sthölein observait ce qui se passait. Il pensa :

- Aïe, aïe, aïe... Ils croient que Grûlan est un ennemi ! Il faut les empêcher de l'emmener...

Alors, il se redressa et cria aux elfes qui se trouvaient devant lui : 

- Arrêtez ! Nous ne sommes pas méchants ! Nous sommes, comme vous, du côté de Matëo ! 

- Vous voyez, chef. J'avais bien dit qu'il y avait deux personnes ! sourit l'elfe qui avait protesté. 

- Oui, bon, ça va ! On peut se passer de tes commentaires à la noix ! Alors, comme ça, demanda le chef à Sthölein, vous êtes pour Matëo ?      

- Oui, bien sûr, répondit celui-ci. 

- Ha, ha ! Attrapez-le, lui aussi ! 

La moitié des elfes se mit à courir vers le fils de Sëmöth, arcs, épées et même filets en main. Sthölein grimpa à un arbre et se demanda pourquoi les elfes étaient contre lui. 

- Bon, ce n'est vraiment pas le moment de se poser des questions ! se raisonna-t-il. 

Il attendit que les elfes soit assez proche de lui, sauta au-dessus d'eux et, les deux pieds en avant, atterrit sur leur chef, qui tomba à la renverse. Alors, tous les hommes masqués se précipitèrent vers ce dernier. 

- Chef ! hurlèrent-ils. 

- Vous allez bien ? 

- Vous avez mal ?

- Aïe ! Vous avez reçu un gros coup dans le ventre ! 

- Ne vous inquiétez pas, nous allons vous soigner ! 

Dans tout ce brouhaha, le chef des elfes réussit enfin à se faire entendre. 

- Mais je vais très bien, bande d'imbéciles ! Occupez-vous plutôt de ceux-là !

En effet, Sthölein était monté sur son cheval, avait hissé Grûlan sur le sien ( car le demi-géant était toujours assommé ), et était en train de s'enfuir en guidant l'animal de son compagnon. Les elfes se rendirent compte de leur bêtise et commencèrent à les poursuivre. Sthölein n'allait pas très vite, car il devait faire slalomer les chevaux entre les arbres. Les elfes, eux, étaient beaucoup plus agiles et le rattrapaient peu à peu. 

- Zut ! lâcha le fils de Sëmöth. On va se faire avoir ! 

C'est alors qu'une lumière blanche aveuglante se répandit dans la forêt. Elle était tellement intense que Sthölein dut arrêter son cheval et fermer les yeux. Quand elle commença à se dissiper, il les rouvrit et regarda autour de lui. Leurs poursuivants masqués s'étaient écroulés au sol, sans vie. Mais ils n'avaient aucune trace de blessure. 

Alors, Sthölein aperçut le mage Déan, qui se tenait devant eux, les bras écartés. À ce moment-là, Grûlan se réveilla doucement. 

- Aaaah... aïe ! gémit-il. Celui qui m'a fait ça n'y est pas aller de main morte ! Que s'est-il passé ? 

- Je vous ai sauvé la vie, sourit Déan. 

- Merci infiniment, soupira Sthölein. Mais... qui sont-ils ? Pourquoi nous ont-ils attaqués ? 

- Ce sont des Elfes noirs, répondit le mage. Ce sont les seuls elfes qui ne sont pas du côté de Matëo mais qui soutiennent Djägo. Il sont plusieurs petits groupes et agissent dans l'obscurité. Ils sont masqués pour qu'on ne les reconnaisse pas.

- Ça alors. Si on l'avait su, cela nous aurait évité toutes ces mésaventures...

- Bon, je vais vous laisser, annonça Déan. Dorénavant, essayez de ne pas vous retrouver dans le pétrin à chaque fois que vous rencontrez quelqu'un...

Et, sur ce, il disparut.

Les Cinq Mondes ( Tome 2 : Périple )Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum