je vais pas y aller en mode streetwear quand même ? mais même temps je vois pas quoi me mettre d'autre.

je dois avoir un seul pantalon plus ou moins habillé dans ma garde robe, le reste est chez ivy. et je me vois mal débarquer pour venir chercher des affaires, j'enverrais pas le bon message... tant pis, je ferai avec ce que j'ai. façon qui se met sur son trente-et-un à noël ? par définition, on se met sur son trente-et-un, le trente-et-un. ou bien c'est moi qui essaye de me rassurer ?

— ça va ? demande le bouclé.

— ouais nickel.

— je te ramène chez toi ?

j'ai pas envie de lui faire faire un détour mais qui va refuser un chauffeur privé ?

je l'attends à la sortie et on prend la route direction chez doum's. le trajet se fait en silence, parfois brisé par des paroles de niska que le babtou connait par coeur.

moi je n'ai pas la tête à ça. je n'ai pas la tête tout court, d'ailleurs. j'ai la migraine.

— on est arrivés, belle gosse.

je me penche pour l'embrasser et le remercie puis sors de l'habitacle. il me retiens.

— attends...

je me rassois et le questionne du regard.

— je me disais qu'on pourrait... tu vois se poser un peu chez toi, ensemble.

— j'suis en coloc' sasha. qui plus est, avec des mecs on dirait des dinosaures.

il sourit mais réplique.

— mais même wesh, j'suis jamais venu genre, en un mois.

on dirait un mois c'est un an. bref, laisse-le parler.

— c'est aussi une occasion de voir tes potes, enfin j'sais pas j'propose juste. je voulais rester avec toi...

je me retiens de soupirer et finis par acquiescer. c'est une bonne initiative de sa part, je pense. et avec un peu de chance, il n'y aura personne. j'aime pas faire les présentations, ça m'angoisse.

évidemment, mes prières sont vaines. doum's est déjà là accompagné de sneaz et lo. ils datent ces deux là. mais je suis contente de voir louis. j'aimerais lui demander des nouvelles de la brunette. je fais des présentations rapides et je sens que le regard de doum's s'attarde un peu trop sur sasha.

— ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? demande alors le tressé.

— mam's... je commence.

— tranquille, dit sasha. un mois.

— cool.

c'est moi qu'il regarde cette fois, en mode « on va parler ». il a vraiment des soucis ce gadjo.

je finis par leur fausser compagnie et arpente le couloir tandis que sasha me suit en silence.

— voilà, dis-je une fois entrés. c'est... petit.

— mais mignon.

il se met rapidement à l'aise et s'allonge sur mon lit tandis que je prends place sur la chaise. il arque un sourcil, je m'y attendais.

— wesh, je pue ?

— mais nan mais... ça fait bizarre pour moi.

— t'es une grande fille, hein.

— je sais mais c'est comme si c'était mes grands frères et du coup je suis pas hyper à l'aise sur ce qu'ils pourraient imaginer, t'as vu.

je ne le regarde même pas mais j'imagine parfaitement son sourire en coin.

— qu'est-ce qu'ils pourraient s'imaginer ? il demande alors.

je lève les yeux au ciel puis le regarde enfin.

— t'as très bien compris fais pas blerni.

— nan grave pas, explique-moi ?

son sourire me fait fondre. il se redresse et s'assoit au bord du lit. puis me demande de le rejoindre d'un geste de main. je finis par me lever et me cale entre ses cuisses tout en restant débout.

— t'es un forceur.

il penche sa tête en arrière pour pouvoir me regarder et je l'embrasse timidement. j'adore la couleur de ses yeux, un bleu façon caraïbes. dès que je les vois j'ai du mal à résister. de toute façon sasha c'est un fuccboi.

et comme je l'avais intérieurement prédit, il s'accroche à ma taille pour m'emprisonner. alors le baiser s'intensifie et j'en oublie presque les principes que je me suis imposée en franchissant tout à l'heure le seuil de la porte.

il dézippe ma veste et passe une de ses mains sous mon t-shirt. j'ai à peine le temps de réagir qu'on frappe deux coups à la porte qui s'ouvre dans la foulée. on se détache instinctivement en apercevant ken sur le pas de la porte.

— qu'est-ce que je peux faire pour toi ? je demande en guise de bonjour.

il sourit légèrement et s'excuse brièvement de nous avoir dérangés. en plus c'est pas comme si je lui avais jamais dit de frapper.

— rien, je voulais juste te passer le bonjour. donc... bonjour.

— bonjour, répond sasha un peu sèchement.

— ah ouais du coup, ken, sasha, sasha ken, dis-je dans le plus grand des ennuis.

— la forme ? commence ken en hochant la tête.

— nickel et toi, frérot ?

— tranquille.

il me regarde à nouveau et me lance un sachet que j'attrape de justesse.

— j'sais que t'avais kiffé la dernière fois alors je t'en ai ramené. dit-il avant de s'éclipser.

il ferme la porte et je reste focus dessus comme une débile mentale. putain ça me saoule qu'il m'ait vue en train de me faire peloter et ça me saoule encore plus d'ignorer la raison.

— bah regardes ce qu'il y a dedans ! souffle sasha.

je m'exécute à gestes lents et découvre un pot de tzatziki ainsi que divers mets grecs. il m'a prise de court le boug, je suis super étonnée mais super contente à la fois. heureusement que je ne suis pas très expressive en temps normal, sasha ne peut pas deviner l'effet que ça me fait et c'est pas plus mal. je pose le sac sur la table et me pose aux côtés du bouclé qui est resté silencieux depuis.

— j'peux pas m'le voir ce gars.

ShinkūWhere stories live. Discover now