The Rule of Secrets

Chapitre 3 : À deux Doigts de la Cata'

La sonnerie annonçant la fin de la matinée avait retenti, provoquant un soulagement général ainsi qu'un déferlement d'élèves dans les couloirs de Tetsuka. Certains se rendaient hâtivement à la cafétéria pour espérer être parmi les premiers à choisir leur repas, tandis que d'autres déplaçaient leur table de cours pour s'installer confortablement avec leurs nouveaux amis pour discuter du dernier sujet en vogue.

Sena s'était ruée hors de la classe, avec le plus de retenue que possible pour ne pas attirer l'attention, et arpentait à présent les couloirs à nouveau noirs de monde du lycée.

Elle avait cru sa matinée infernale enfin terminée jusqu'à ce qu'elle découvre que son carnet n'était plus dans son sac. Elle était restée interdite un bon moment, jusqu'à ce que la voix de la professeure la tire de sa stupeur pour la prier de se présenter. Elle avait bafouillé quelque chose qui ressemblait à une introduction, avec tellement de mal que Mademoiselle Kizokuchi l'avait regardé avec un sourire peiné.

Elle avait à peine suivi les cours de la matinée, tant elle ruminait ce qui avait dû se passer. Ca devait être lorsqu'elle avait été bousculée par les basketteurs, alors qu'elle avait ouvert son sac pour chercher la lettre qui contenait le nom de sa classe.

Elle essayait de se rappeler où est-ce que cela avait eu lieu, mais tout ce qui lui revenait en mémoire était que cela s'était passé à proximité d'une plante en pot.

Elle descendait les couloirs sans courir, car c'était interdit, mais en se hâtant autant que possible. Personne ne devait mettre la main sur ce carnet, et encore moins voir son contenu. Elle risquait l'expulsion si quelqu'un découvrait qu'elle avait amené un tel objet avec elle au lycée.

Au détour d'un croisement, il lui sembla reconnaître les lieux. Un corridor secondaire, avec des salles de classe sur la gauche et un mur plein sur la droite, avec une plante exotique qui étendait ses feuilles palmées au-dessus d'un pot en terre cuite. Et à côté, une jeune fille qui tenait un carnet vert pastel dans une main, en le fixant attentivement.

Sena sentit une sueur froide descendre le long de sa colonne vertébrale. Il n'y avait aucun doute possible, il s'agissait bien de son carnet. Est-ce que le destin s'amusait à la tourmenter en ne lui présentant que ce qu'elle voulait à tout prix éviter ?

Elle resta figée sur place, incapable de prendre une décision entre le combat et le fuite. Mais comme l'autre élève commençait a partir dans l'autre direction, le carnet toujours en main, elle commença à paniquer :

—Eh, att- Excuse-moi... attends !

Elle arriva au niveau de la jeune fille qui se retourna vers elle.

Pas beaucoup plus grande que Sena, elle arborait une coiffure en macarons, formée de deux tresses qui s'enroulaient en chignons sur le dessus de sa tête. Son visage imperturbable présentait une paire d'yeux turquoises qui la fixait d'un air glaçant.

Perturbée, Sena essaya de se donner de la contenance pour lui demander le carnet :

—Excuse-moi, je... C'est que, à vrai dire... enfin tu vois...

—C'est à toi ? Tiens.

La jeune fille lui tendit l'objet avant même d'avoir entendu la demande de Sena, ce qui ne manqua pas de la prendre au dépourvu

—Ah, euh... Oui, merc– En fait..., chercha à se justifier la pauvre fille, tout en le prenant nerveusement.

Mais son interlocutrice ne l'écoutait même pas, déjà en train de partir.

Indécise sur l'attitude à prendre en retour, Sena fut rappelée à l'ordre par son estomac qui lui signala qu'elle n'avait pas pris la peine de prendre son déjeuner avant de partir à la recherche de son précieux carnet. Elle se pressa de retourner à sa classe pour ingurgiter le bento concocté par sa mère avant que la sonnerie de reprise des cours ne l'en empêche.