Cours : Le libertinage

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Nous avons vu précédemment que le XVIIe siècle était un siècle de conflit théologique entre les Jésuites et les Jansénistes sur la foi, l'homme et son salut et la prédestination.

Parallèlement à cela, un petit courant de libres penseurs s'est créé. Les personnes appartenant à ce courant refusent de se soumettre à des dogmes. Ainsi, leur devise est la suivante : « Non à la loi, non au roi, non à la foi. » Il s'agit alors d'un libertinage d'esprit érudit.

Ce mouvement du libertinage tient son nom de libertinus en latin signifie « esclave affranchi ». Au XVIIe, les libertins, jugés hérétiques par l'Eglise, sont brûlés au bûché. Cependant, le courant aura une véritable influence et donnera naissance aux philosophes des Lumières.

Il y a deux sortes de libertinage :

Ø Le libertinage de pensée

Il consiste à s'affranchir des règles de la religion et de la morale.

Ø Le libertinage de mœurs

Ce libertinage se retrouve dans le mode de vie amorale des libertins. Ils sont sans cesse à la recherche du plaisir, charnel ou non.

->  Dom Juan incarne les deux. Molière connaissait les libertins.

-> Dom Juan, pièce du libertinage, est source de scandale. Molière aurait pu en faire quelque chose de moral car Sganarelle est un homme moral et croyant. Or Sganarelle est ridicule : il aurait fallu Blaise Pascal face à Dom Juan.

Le théâtre classique du XVIIe

La comédie est un terme qui désigne le théâtre entier mais aussi un genre en particulier qui existe depuis l'Antiquité, tout comme la tragédie.

Or, au XVIIe, la distinction est encore très grande entre les deux genres.

Nicolas Boileau définit les règles du théâtre classique dans son œuvre L'Art Poétique, parue en 1674.

-Ainsi, une pièce doit respecter la règle des trois unités : l'unité de temps, l'unité de lieu et l'unité de crise.

-Cette règle est liée à la règle de vraisemblance.

-De plus, la pièce doit respecter la règle de bienséance : elle ne doit rien montrer de choquant sur scène (sexualité, mort...)

-Aussi, une pièce ne doit pas mélanger les genres.

-D'autre part, la fin est imposée : une comédie doit se finir en Deus ex machina avec un mariage le plus souvent tandis que la tragédie se termine par la mort d'un personnage.

Ces règles sont-elles respectées dans Dom Juan ?

-pas d'unité de lieu à Il y en a 5, Dom Juan est en déplacement constant. L'arrêt est dangereux pour lui. Voilà pourquoi nous sommes inquiets lorsqu'il s'arrête chez lui.

-pas d'unité de temps à Il y a des ellipses temporelles. Nous le remarquons lorsque Dom Juan invite la statue à dîner.

-pas de crise unique à Au début de la pièce, nous pensons que la crise est « Elvire va-t-elle récupérer Dom Juan ? ». Mais nous remarquons vite que ce n'est pas le problème. Le problème est le Ciel. La crise devient alors « Comment cela va-t-il finir ? ». C'est la principale préoccupation de Sganarelle.

-vraisemblance ? à Il n'y en a pas car nous retrouvons une statue qui bouge et qui parle.

-bienséance ? à Il n'y en a pas car la pièce traite de thèmes graves comme la foi.

-finit en comédie ? à Un mariage de fin n'est pas possible car Dom Juan est déjà marié. Nous devinons alors que cela va mal se finir. Cependant, seule la mise en scène détermine si la fin est tragique ou non.

Nous assisterons à une reprise de ces libertés au XIXe.

Cette pièce est donc irrégulière, ce qui la rend moderne.

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