Chapitre 2

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Voici un nouveau chapitre...

Il devait être publié hier soir mais j'ai dû faire face à un petit accident mettant en scène une mini princesse de 3 ans avalant une pièce de monnaie, les pompiers, et les urgences pédiatrique..... Par chance tout va bien... Plus de peur que de mal 🙄🙄😁😁

Bonne lecture en espérant que ce chapitre vous plaise autant que le précédant 😉😍😉😍

N'oubliez pas de voter et de commenter comme bon vous semble ❤❤❤❤❤❤❤❤❤❤❤❤❤❤
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Gabrielle

Voilà bientôt plus deux heures que je suis assise sur le fauteuil en cuir de cette voiture respirant le neuf. Autant de temps à me sentir perdue, partagée entre chagrin et colère, entre l'envie de m'approcher, de l'accompagner vers sa dernière demeure et celle de m'enfuir. J'ai finalement choisi de ne pas bouger. J'ai aperçu les gens s'agglutiner autour de sa tombe, et ce cercueil que j'exècre, disparaître lentement de mon champ de vision pour être enseveli sous des couches de terre. Mais je ne suis pas sortie. Au travers de ces vitres teintées, le cri inhumain de sa mère, hurlant à son dieu qu'on lui rende son bébé, m'a coupé le souffle. Pourtant, je suis restée figée. Je les ai vus chacun leur tour quitter peu à peu le cimetière, rejoindre leurs véhicules, et se diriger vers le domicile familial. Nous avons suivi à notre tour ce cortège de voitures silencieuses.

Cependant, je n'esquisse toujours aucun mouvement.

Mon regard se perd sur cette maison à la pelouse parfaitement tondue. Sur le gravier où je me suis jadis écorché le genou. Sur le vieux chêne dans lequel nous avions pris l'habitude de grimper, elle et moi. Sur l'ancienne treille entourée de lierre que nous avons tant de fois escaladée. Puis, sur cette fenêtre au rideau clos par laquelle nous entrions discrètement lors de nos sorties nocturnes... Je me détourne prestement, refoulant comme je le peux les souvenirs. Cependant, lorsque mon attention s'arrête sur cette porte rouge au heurtoir de bronze, je ne peux réfréner l'afflux d'images qui m'assaille. Si je ferme les yeux, je peux encore sentir l'odeur de terre humide qu'il y avait ce matin-là. Mon cœur s'est fissuré sous les mots blessants que l'on m'a assénés, puis s'est entièrement brisé quand le battant a claqué devant mon nez.

Je rouvre avec précipitation les paupières, ancrant mon esprit dans cette triste réalité et me répète inlassablement cette promesse lointaine de ne plus jamais y penser. Je n'ai qu'une parole. Hélas, les promesses que l'on se fait à soi-même sont souvent les plus difficiles à tenir. À cet instant, je me demande si je serais capable d'exécuter celle qu'elle m'avait ordonné de lui faire, celle d'être présente en ce jour funeste. Je suis ici pour elle, toutefois je me sens incapable de franchir cette porte, de sortir de la sécurité que me procure la tôle qui m'entoure.

Je ne suis qu'une lâche.

- Que veux-tu faire, Gab ? Tu n'as qu'un mot à dire. Si tu me le demandes, je mets le contact, je t'emmène loin d'ici et tu n'auras jamais à revenir.

Malgré le poids de son regard posé sur moi, je ne me tourne pas vers lui. Fixée sur cette grande bâtisse dont je ne peux détacher mon attention, il m'est impossible de prendre une décision.

- Ou bien... on peut aussi entrer et affronter tous ces idiots. Dans tous les cas, je ne te lâche pas. Ensemble contre le reste du monde, tu te souviens ?

J'attrape sa main qui se pose sur la mienne et la serre en fermant les yeux. Un soupir empli de tristesse m'échappe. En ai-je seulement la force ? J'ai honte de moi, honte de redevenir par ma simple présence dans cette ville, cette petite fille effrayée. Celle que je m'étais juré ne plus jamais être...

Opération Reddition - éditéWhere stories live. Discover now