Chapitre 1

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– Aidan Merrick sors de ce lit !

La voix forte, de Luke le réveilla en sursaut. Veillant à faire le plus de bruit possible, il s'avança jusqu'à la fenêtre et ouvrit les rideaux. En un instant, la lumière du jour révéla l'état apocalyptique du lieux. Luke repoussa du pied une part de pizza datant de plusieurs jours dans laquelle il avait marché, un air dégoûté plaqué sur le visage.

– Sérieusement Dan, ça fait trois semaines que tu vis reclus dans une chambre qui est, entre nous, à la limite de l'insalubrité.

Son talon butta a contre bouteille de bière vide, qui roula sous le lit.

– Alors à moins que tu ais décidé de devenir moine, ou de te transformer en cochon, tu va devoir te reprendre en main.

Aidan enfouit son visage dans les coussins tentant vainement d'éviter les rayons du soleil qui l'aveuglaient. Si rentrer dans les ordres, était le seul moyen d'avoir la paix, à cet instant il se sentait prêt à y consentir. Pour ce qui était du cochon il lui suffisait de rester une semaine de plus entre ces quatre murs. A son grand damne, il savait que son meilleur ami ne lui laisserait pas l'occasion d'atteindre ce genre d'objectif. Pire il s'était même mit en tête de le remettre sur pieds. Tâche à laquelle Luke s'attelait chaque jour avec ferveur. 

Jusqu'ici Aidan n'avait pas flanché, il avait refusé toutes les sorties et distractions qu'il lui avait proposé. Pour le moment il n'avait envie que de dormir. Cela restait encore le meilleur moyen de ne penser à rien. Cependant, Luke n'était pas de cet avis. Il tira d'un coup sec sur la couette enroulée autour d'Aidan. Conséquence direct des lois de l'apesanteur, le jeune homme propulsé hors du lit et alla s'écraser au sol dans un bruit sourd. Allongé sur le dos il ne fit pas l'ombre d'un mouvementent se contentant de maugréer :

– Je me demande vraiment pourquoi j'ai accepter de te donner les clefs de mon appartement.

Luke vint s'asseoir à ses côtés, plongé dans une réflexion toute feinte.

– Je ne sais pas, pour que j'arrose tes plantes?

Aidan arqua ses sourcils d'un air interrogateur.

– Je n'ai pas de plantes.

Ce à quoi il se contenta de hausser les épaules.

– Simple détail.

Cette réponse leur arracha un sourire. Mais ce ne fut que de courte durée, Luke repris une attitude sérieuse. Il se préparait à revenir à la charge.

– Ton avion part dans quelques heures, il faut vraiment que tu te prépares. Sans parler de nettoyer ce taudis.

Aidan se redressa et émit un grognement désapprobateur tenant plus de l'ours que de l'homme.

– Je te l'ai déjà dis, je ne ferais pas ce voyage.

Luke chassa ses paroles d'un geste de la main et se mit à fouiller son armoire en quête d'une valise.

– Tu vas y aller Aidan car tu en as besoin. Dis-moi, depuis combien de temps n'as tu pas pris de vacances ? Au moins deux ans. Même un bourreau de travail comme toi à besoin de faire une pause de temps en temps.

Cela faisait déjà deux ans. Le temps était passé si vite depuis qu'il était devenu le graphiste d'une agence de pub. Un titre bien pompeux, puisque sa tâche consistait majoritairement à réaliser des flyers ou des cartes de visite. Ce n'était pas le job de ses rêve mais il travaillait dur et cela il en était fier. Enfant, son père lui avait transmit le goût des choses bien faites. Il lui avait appris à regarder et à ressentir pour dessiner. Ensemble ils avaient découvert que le bois était leur support préféré. Ils aimaient le travailler dans leur petit atelier, usant de patience pour exploiter toute la richesse de ce matériau. 

Puis Aidan avait grandi, il avait fait des études et était devenu un homme raisonnable. A l'aube de ses 23 ans il passait le plus clair de ses journées enfermé dans un bureau les yeux rivés sur un écran d'ordinateur. C'était un travail que beaucoup de personnes lui enviaient, il en était conscient. Lui même s'en accommodait bien et cela payait les factures. C'était un travail honnête. Pas passionnant, ni exaltant mais honnête. La voix de Luke émergea dans son flot de pensées.

– Est-ce que tu réalises qu'en Écosse tu ne risqueras pas de tomber sur Olivia.

Bien que son ami se répandait en arguments depuis dix bonnes minutes, c'est cette dernière phrase qui ramena Aidan à la réalité. Lorsqu'il entendit le nom d'Olivia il sentit son ventre se nouer de colère. Il avait passé trois semaines à tenter d'oublier ce qui c'était passé mais rien n'y faisait. La douleur dans son estomac et la façon dont ses mains se crispées en était la preuve. Luke avait peut être raison, il devait prendre de la distance et se changer les idées. Il avait besoin de passer à autre chose. 

De toute façon ses congés étaient posés, les billets d'avions payés et il n'avait pas non plus annulé son logement. Aller en Écosse était, en quelque sort, la décision la plus logique à prendre. Aidan savoura l'ironie de la situation, le séjour qu'il avait organisé pour se rapprocher d'Olivia aller l'aider à l'oublier. De plus, l'idée de partir sans elle avait un goût de revanche qui ne lui déplaisait pas.

– Très bien, passe moi la valise.

L'expression victorieuse qu'afficha Luke eut le mérite de le faire rire. Tout deux passèrent l'heure suivante à tenter de réunir ce qui lui serait nécessaire durant ces 9 jours au fin fond de l'écosse. Luke déblatéra sur les belles écossaises qu'il allait rencontrer. Si bien qu'Aidan eu quelque remords de ne pas l'emmener avec lui.

– Tu sais, Argyll c'est vraiment la campagne, il est fort probable que la seule femme à des kilomètres soit la propriétaire du Bed and Breakfast.

Les deux hommes se regardèrent d'un air entendu. Seule une femme âgée souffrant de la solitude pouvait vouloir ouvrir sa maison à de parfaits inconnus. Ils se figurèrent l'image d'une vieille sorcière au dos voûté, vivant entourée de chats dans sa maison d'un autre temps. Alors qu'il fourrait les vêtements les plus chauds qu'il possédait dans sa valise, Aidan sentit le poids sur ses épaules s'alléger. Il allait réussir à remettre de l'ordre dans sa vie et lorsqu'il rentrerait à Londres, tout serait sous contrôle.

– C'est quoi déjà le nom du B&B ?

– Le cottage aux mille saisons.

Luke émit un léger rire. Voilà qui était prometteur.


Le Cottage aux Mille SaisonsWhere stories live. Discover now