Chapitre 3. Cora

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La réaction de mon corps me trahit, en parfaite inadéquation avec ce qu'essaie de me faire croire mon cerveau. Mon estomac se noue douloureusement sous l'effet de l'angoisse et de l'appréhension, accompagnant avec lui de puissantes vagues de chaleurs alors que mon tour arrive enfin, et je ne comprends même pas pourquoi. Je me déteste de réagir ainsi face à lui. Il est là à quelques mètres de moi seulement lorsque je l'aperçois enfin. Je ne sais pas ce qui me prend mais mon incapacité à contrôler mon stress me provoque soudainement une violente nausée difficilement dissimulable si bien que je suis certaine d'être blanche comme un linge. Darren est tout simplement à couper le souffle, mais surtout, il en impose par une prestance dingue. Il est intimidant, et je me sens petite et ridicule à ses côtés.
Ok, Ell', j'te revaudrai ça.

J'aperçois difficilement au loin, sur la pointe des pieds et entre les silhouettes de personnes devant moi, la photographe placée juste devant Darren. La file d'attente avance rapidement, et, de pas en pas, mon champ de vision s'élargit pour me permettre de le distinguer parfaitement désormais.

Darren est peut-être mégalomane et sûr de lui, c'est un fait, mais il est aussi très charismatique. Je ne peux le nier même si cela m'embête franchement de l'avouer. Sa fière allure et son aisance naturelle sont telles que tout semble tourner autour de lui. Non, tout tourne réellement autour de lui, et il en est énervement très attirant.

— Un... Deux... Merci, au suivant ! Un... Deux... Merci, au suivant ! Un... Deux... Merci, au suivant ! s'agite la photographe devant le stand du comédien.
Ah. C'est ce qu'on appelle être rapide.

J'aperçois les femmes devant moi, composant un public essentiellement féminin, venues spécialement ici dans le but de faire une photo avec ce fameux Darren dont je ne connais foutrement rien. Elles se trémoussent en gloussant, puis le regardent avec admiration pendant qu'il donne l'impression de ne même pas les voir, et, pour dire vrai, elles me font plus de peine qu'autre chose.

Quant à moi, je me retrouve au beau milieu de femmes hystériques dont je ne partage pas l'engouement. Je tacherai de remercier Ella en me vengeant de ses plans foireux, encore une fois. 

Mon regard s'attarde à nouveau sur Darren qui semble être l'attraction principale de l'inauguration. Son attitude est fascinante, il possède une confiance en lui que beaucoup doivent lui envier, c'est certain. Il répond aux compliments et aux remarques des uns et des autres par un sourire parfait et enjôleur mais qui apparaît étrangement faux et figé. Comme s'il était en train de jouer la comédie. C'est très étrange comme première impression, mais plus je l'observe, plus cet homme me met mal à l'aise.

Une adolescente avance à petit pas devant lui.

— Bonjour, Darren. Tu sais, je suis venue de loin pour te voir...glousse-t-elle.
Oh non. La pauvre.

Je ferme les yeux en me demandant sérieusement ce que je fous là, et me retiens de rire en pouffant malencontreusement dans mes mains peu après que la scène se soit déroulée sous mes yeux. J'arque un sourcil et croise les bras sous ma poitrine en tentant de retrouver un semblant de sérieux lorsque j'assiste, malgré moi, à une autre conversation passionnante. Deux amies positionnées tout juste devant moi se battent en duel depuis maintenant près de dix minutes afin de savoir laquelle des deux passera la première.
C'est trop, je dois intervenir.

— Eh, les filles... murmuré-je, pour m'immiscer dans leur conversation en tapotant légèrement l'épaule d'une des deux. Vous savez que son attitude de coureur de jupon et de briseur de cœur n'est qu'une facette pour dissimuler son homosexualité, quand même ?

Je hausse les épaules et me pince les lèvres pour ne pas rire, sous leurs yeux écarquillés. Elles grimacent en se regardant pendant que je secoue la tête devant elle avant d'en rajouter.

L'ombre au tableau [Sous contrat chez Nisha et cætera] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant