I'll go with you

When our momma sang us to sleep

Automne 1980

Tyler avait du mal à respirer. Comme toujours, son ventre crispé se serrait sans qu'il parvienne à se détendre. Une angoisse sourde le tenaillait, et la solution ne venait jamais. Ces angoisses remontaient encore plus loin que ses sept ans. Il arrêta de respirer.
Sa mère, dans la pièce à côté, pleurait depuis un moment déjà. Tyler reprit son souffle et se leva. Il était minuit passé, et les sanglots de sa mère le tenaient éveillé. Il entra doucement dans la chambre de sa mère et s'assit sur la descente de lit. Il prit la main de sa mère, qui contenait déjà un mouchoir mouillé roulé en boule. Elle le lâcha et serra la main de son fils.

"Oh Tyler, qu'est-ce qu'on va devenir?" sanglota-t-elle.

"On va s'en sortir, maman. Il faut que tu arrêtes de penser à lui. Il a fait son choix, maintenant on a la paix. On va se reconstruire."

Sa mère était une vraie épave. Il me passait pas un jour sans qu'elle ne pleure, et les médicaments ne faisaient pas encore effet. Des idées noires et des angoisses la tenaillaient, et derrière son chagrin et son mal-être, elle ne mesurait pas les angoisses de son propre fils. A sept ans, il était déjà l'épaule patiente et l'oreille attentive de sa pauvre mère depuis bien longtemps. Elle passa la main dans les cheveux de son fils en reniflant. Elle le serra dans ses bras et se mit à fredonner une mélodie triste.

Now the night is coming to an end...

Rien n'était plus loin de la vérité. La nuit ne faisait que commencer. Une nuit sans fin, sans sommeil, et Dieu sait combien Tyler aurait eu besoin de dormir. Il resta là, sur le tapis de la chambre de sa mère, tenant sa main dans ses petits doigts. Le stress qu'il ressentait n'était pas un stress d'enfant. C'était la peur viscérale que sa mère sombre et qu'elle ne refasse plus jamais surface. Qu'allaient dire les gens? Pauvre gosse, sa mère n'est plus qu'une ombre... quelle vie il va avoir...

De bons souvenirs, il en avait. Il devait avoir 4 ans. Son père lui lisait une histoire dans le salon, et sa mère les regardaient amoureusement depuis le couloir. Elle pensait qu'il ne la voyait pas, mais ce sentiment rassurant d'avoir son père et sa mère pour lui était merveilleux. Là, recroquevillé sur le tapis plissé, il aurait voulu remonter le temps. Prendre une photo de cet instant heureux, et qu'il ne se termine jamais. C'est alors qu'un vers lui vient à l'esprit. A sept ans, il savait qu'un jour il voudrait mettre une mélodie dessus. Mais il avait trop peur.

J'aurais souhaité retourner
à ces bonnes vieilles années
Quand notre maman chantait pour nous le soir
Maintenant on est stressés

Il chassa ces mots de son esprit et chercha le sommeil. Qui ne vint que des heures plus tard.

Voilà la fin du second chapitre. J'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à voter... ;-)