Chapitre 3

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Dehors, c'est la nuit. Elle est très froide, une stalactite de glace se forme tout autour du toit. Il est probablement 2 h 00, peut-être plus, peut-être moins.  Je suis bien au chaud dans notre lit conjugal enveloppé de ma couverture si chaude en position fœtale auprès de l’amour de ma vie. Quand tout à coup, j'entends le son d'une voix qui bouscule mes rêves jusqu'à en freiner mon sommeil. Cette voix me semble tellement familière. En effet, ce sont les paroles de mon mari encore éveillé malgré cette heure si tardive. Il murmure mon prénom brutalement par sa bouche en prononçant haut et fort Morgane. C'est avant tout mon prénom, mais qui sonne rarement venant de cet homme. Il m'appelle toujours par un surnom amoureux comme quelqu'un d'attentionné. 

Je peine à ouvrir mes paupières, je suis comme dans un coma artificiel. Ils sont brumeux avec une couche de nuage, j'insiste à ce qu'ils soient plus net pour pouvoir faire face à ce qu'il se passe. Je les ouvre violemment, et je vois qu'il est là planté tout juste devant moi. Sur son visage, se lit la peur comme s'il y a quelque chose d'anormal qui est en train de se passer. Je pense tout d'abord à avoir loupé le réveil, ou qu'un des gosses a fait un cauchemar et que je n'ai sûrement pas entendu, ce qui m'aurait étonné d'ailleurs, mais non.

J'aurais préféré que ça soit ça ou le réveil qui retentit. Mais c'est bien pire que ça. En effet, je me rends compte que tout n'est pas comme d'habitude. Un bruit assourdissant m'alerte tout en même temps. Ce n'est pas la sonnerie du réveil comme prévue, c'est le détecteur de fumée qui retentit en permanence au loin dans le grand couloir.

Il déclenche que notre maison hurle, qu'elle brûle très fort, comme des larmes poignantes qui pleurent très fort. Un sifflement pénible perpétuel s'accélère. Le mauvais sort s'acharne à une forte vitesse. Elle alarme et envahit tout en même temps, tout sur son passage en quelques fractions de seconde. Jusqu'à ce qu'elle brûle mon âme jusqu'en enfer. 

Le drame m'interpelle. Mes muscles réagissent enfin, mes yeux voient beaucoup plus clair. Je quitte alors notre cocon qui est si chaud, mais pas autant que cette maison. Je comprends que la mort est là tout prêt de nous. Je la sens et je l'entends à l'autre bout du couloir. La maison pleure d'un rouge sang, les rideaux brûlent, les murs dégoulinent de sueur et de douleurs tout à la fois. Les flammes emprisonnent tout ce que je consume : la peine, la peur, les larmes et saccagent tous nos souvenirs en quelques fractions de secondes.

( Nous sommes condamnés pour toujours comme des prisonniers qui prennent du sursis toute leur vie. )

 Il y a une fumée épouvantable, des braises beaucoup trop fumantes à la fois. Elles s'activent ardemment et provoquent un incendie insoutenable. Je m'arrête de respirer même si je n'inhibe pas la fumée, je sens ma poitrine se comprimée, ça me coupe le souffle, jusqu'à ce que ça me bouffe toutes mes tripes, elle traverse tout mon corps. Je me sens en danger, sans issue de secours. Le monde s'abat sur nous quatre, c'est un cauchemar profond, où que je n'ai pas le choix d'affronter, malgré les obstacles difficiles qui nous entourent. 

Ce moment, je ne le souhaite à personne même à celle ou celui que je déteste le plus au monde car de devoir vivre ce drame qui nous encerclent reste vraiment horrible. Vivre cette chose alors que je crois que ça ne nous arrivera jamais, et pourtant ce phénomène est bien réel, nous le touchons à poings ouvert. Je suis tout affolé, je tape un sprint de haut niveau, je sens mon cœur battre aussi fort qu'un bruit de sabot de cheval à son grand galop. Je ne réfléchis plus à rien, l'adrénaline de la peur me fait comprendre que nous n'ayons plus une seule seconde à perdre. Il faut qu'on sorte de là et qu'ils nous restent très peu de temps pour arracher les enfants de leurs rêves pour affronter le songe qui s'engouffre tout prêt de nous. 

Surtout sauver nos amours qui eux, sont encore profondément endormis dans leurs lits. Ils n'entendent pas ce bruit incessant qui bousille très fort nos tympans. Je suis comme plongée dans une autre dimension tout en me sentant un peu aveuglé, je ne vois pas vraiment claire, je n'ai pas mes lunettes sur mes yeux, celle que mon mari m'a retirée hier soir quand mon esprit s'est endormie plus vite que je ne le pensais. Je panique, c'est flou, très flou, mais je sens et je respire l'odeur de la mort qui se rapproche de plus en plus vite, de plus en plus fort vers nous. 

Je ne brûle pasWhere stories live. Discover now