Listen To my Gaze T2. Real Life

12. Finally, remember

Voilà trois jours que je suis allongée sur mon lit d'hôpital, et que je passe le plus clair de mon temps à dormir. Je ne parviens pas à rester éveillée. J'ai sans cesse l'impression qu'une mauvaise nouvelle m'attend si je me mets à ouvrir les yeux, et à sortir du monde des rêves.

Et... je pense aussi que j'espère me souvenir de quelque chose durant ces heures de sommeil. Parce que... avant, enfin au début, les souvenirs de Jimin fusaient des quatre coins de la chambre, et j'arrivais à sentir sa présence non loin de moi.

Alors que là, je me sens seule. Seule et vide. Et en même temps trahie.

Après le passage de la responsable de mon étage, j'ai beaucoup réfléchi. Et je me suis posée une seule question: pourquoi mon cerveau a fait en sorte d'oublier Jimin?
Certes, nous nous sommes disputés plus d'une fois durant notre relation, mais ça n'a jamais été très loin, ni très long. Et je ne me souviens pas non plus avoir souffert à un tel point pour mon cerveau décide de l'effacer. Il s'est forcément passé quelque chose, et mon seul but est de savoir quoi. Parce que sans ça, je ne pourrais jamais avancer.

Je me suis demandée plusieurs fois ce que je devrais faire. Aller le voir, et discuter avec lui? Mais est-ce qu'il me dirait la vérité? S'il m'a blessé, il va tout faire pour que ça reste secret.
Parler de ça avec lui n'est pas forcément la solution qu'il me faut.

Alors j'ai repensé à tout ce qui s'était passé durant cette semaine, et celles d'avant. Et j'en suis venue à une conclusion.

Emma et Lucas me doivent des réponses. Dans tous les cas, ils me devront quelque chose en excuse de ce qu'ils m'ont fait. Alors autant avoir une discussion sérieuse avec eux, pour que chacun révèle ses secrets.

Lorsque j'ai envoyé un message à Emma, ce matin, elle s'est empressée de me répondre qu'elle serait présente dans l'après-midi. Lucas, quant à lui, m'a juste confirmé sa présence d'un simple « ok » froid, et distant.

Maintenant, j'attends. Depuis trois heures déjà. Je suis couchée et je regarde la pluie tombée derrière ma fenêtre mal lavée. J'imagine des centaines de scénarios différents, et des larmes roulent sur les joues depuis quelques minutes. Tous ces secrets me détruisent. C'est comme s'ils me rongeaient de l'intérieur, mais que je ne pouvais y échapper.

Je sens que quelque chose ne va pas, qu'une chose bloque tout le monde, quelque chose qui nous empêche de nous parler sincèrement. Mais il faut que l'on brise cette glace, ou alors nous allons finir par nous effondrer l'un après l'autre.

On frappe à ma porte. Mais je ne prends pas la peine de me relever.

On l'ouvre au bout de plusieurs secondes, et des talons claquent légèrement sur le sol.

Je sais que c'est elle, je pourrais reconnaître sa démarche des mètres plus loin.

Elle s'approche encore un peu, puis s'immobilise. Elle n'ose rien dire, et se contente d'observer mon dos couvert d'un gilet blanc.

« Il y a une chaise dans le coin à gauche. Dis-je pour briser le silence. »

Elle se déplaça vers l'endroit indiqué, et la chaise en fer glissa sur le sol synthétique. Elle finit par s'asseoir.

Le silence qui régnait était encore plus pesant que celui qui m'accompagnait depuis des jours.

Elle était là, mais personne n'osait rien dire. Même si je voulais comprendre certaines choses, il était hors de question que je m'excuse de mon comportement. Je ne l'avais pas fait venir pour ça de toute manière.

« Écoute Léana, je...

- Non. La coupai-je rapidement. J'en n'ai rien à faire de tes excuses. C'est trop tard. Maintenant. »