5. Friends

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Une semaine.

Voilà une semaine que je suis cloîtrée ici, sous la couette, sans vouloir réellement en sortir.

J'avais les pensées agitées, et je n'arrivais pas à les organiser. Tour s'emmêlait, tout se mélangeait sans que je n'arrive à me faire un schéma clair.

Mais... la plupart du temps, c'est à lui que je pensais.
Son doux visage, si abîmé pourtant... ses cheveux blonds, le souvenir de ses yeux bleu-gris, de ses joues roses, de sa voix suave... Rien ne pouvait m'en détacher... C'est comme si... il avait toujours été là, que je le connaissais pas cœur, alors que je ne pourrais pas sortir un seul mot pour bien le décrire...

Je commence à avoir un poids aussi, qui alourdit mon cœur au fur et à mesure que les jours passent. Les images de cette porte brune, et de cette scène repassent en boucle dans ma tête, si bien que je suis retournée plusieurs fois dans la chambre 415. J'y allais la nuit, quand il n'y avait plus personne, et je passais des heures à l'observer, à détailler chacun de ses traits. Je m'étais imaginée que, en passant du temps à ses côtés, d'autres souvenirs allaient faire surface. Mais...

Ça n'est jamais arrivé. Il n'y a eu aucune autre porte, ni aucun autre chemin sombre d'un square de nuit, ni aucune autre dispute qui se terminait bien.

Seulement le vide. Et rien que le vide. Le silence total.

Depuis trois jours, je ne suis pas sortie de ma chambre, même pas pour aller le voir car... on m'a bloqué l'accès à la sienne. Il y a toujours des infirmières dans les alentours qui surveillent les moindres allés et venus. Même les médecins doivent montrer leur badge avant d'y pénétrer.

Je suis persuadée qu'il se passe quelque chose de louche. Sinon, on m'aurait empêché d'aller le voir bien avant.

Je ne faisais aucun mal, je passais juste le temps en l'observant de nuit. Mais apparement, tout le monde en avait décidé autrement.

Je n'avais pas reçu de visites non plus. Emma ne répondait que très rarement à mes appels, et Lucas était tout simplement devenu absent. Quant aux autres, aucun signe de vie. C'est comme si ils étaient tous morts, ou que je l'étais. Ça me fait mal, vous ne pouvez pas savoir à quel point. J'ai l'impression de passer mes journées dans l'ombre, à compter les heures qu'il me reste avant une nouvelle piqûre ou une nouvelle prise de médicaments. Les aides hospitalières ne m'adressent que très rarement la parole, elles aussi, comme si j'avais attrapé la peste.

On m'évitait, voila, on m'évitait. Et c'était insupportable, la solitude me rendait folle.

Alors j'ai décidé de passer à l'action.

Ce matin, je m'étais réveillée avec une migraine atroce. J'avais demandé aux infirmières de me donner quelque chose, mais elles ont tout bonnement refusé. Alors j'ai mis des bouchons d'oreilles jusqu'à midi, pour que rien ne vienne déranger ma méditation du cerveau. Bref, tout ça pour dire que j'avais réussi à faire passer mes maux de tête, seulement au bout de quatre heures de tranquillité.

Après, j'ai mangé une soupe dégeulasse, au légumes de saison. J'ai tout renvoyé quelques minutes plus tard dans la cuvette des toilettes. J'ai demandé quelque chose pour les nausées, et on me l'a encore refusé. Alors j'ai fini par abandonner. Je ne demande plus rien, à personne. Ils me font tous chier de toute façon.

A 15h, j'ai allumé mon téléphone et mon enceinte, et j'ai mis de la musique assez forte pour faire passer le temps, et pour faire chier mes voisins de chambre en même temps. Du coup, des blouses blanches sont arrivées et m'ont demandé de baisser le son. Je l'ai fait. Mais juste après qu'elles aient quittées ma chambre, je l'ai remis, et encore plus fort. Donc elles ont fait venir mon médecin, et je me suis fait confisquer mon enceinte. Je suis un peu dégoûtée parce que c'était un cadeau de mon petit frère.

Listen To my Gaze                                T2. Real LifeKde žijí příběhy. Začni objevovat