11. A l'aspect et à l'odeur.

Start from the beginning
                                    

- Préférez-vous rentrer au château avec moi ?

L'inquiétude qu'il perçut dans la voix de son vis-à-vis le toucha amèrement mais il y répondit avec une grimace navrée.

- Non sir, merci bien. "

Finn n'était pas douillet et n'aimait pas qu'on croie qu'il le fût, même si ses airs chétifs de petit savant avaient tendance à induire les gens en erreur. Il était éduqué, pas noble, et savait son sang froid.

- Je dis également cela par rapport aux villageois, insista Asgeir en baissant imperceptiblement le ton pour éviter que les palefreniers, qui sellaient son cheval et ceux des soldats, puissent l'entendre. L'émissaire fronça les sourcils en se penchant vers lui. " Vous êtes le seul sorcier présent dans toute la seigneurie. Loger au château vous soulagerait de l'attention qu'ils pourraient vous porter. Vous savez que la curiosité rend les gens envahissants !

- Ne craignez rien. Ils s'habitueront sûrement à ma présence avant même que je ne me volatilise. Les gens changent plus vite qu'on ne l'imagine. Dès qu'ils m'auront jaugé sous tous les angles, l'envie leur passera de venir me reluquer. Ils ont mieux à faire après tout.

- Je suppose, répondit platement le seigneur devant les présomptions du jeune homme. En tout cas, j'espère pour vous que vous parviendrez rapidement au bout de votre enquête !

- J'aurai besoin d'un oiseau pour informer le Cercle de mes recherches. Si vous me permettez d'emprunter l'un des vôtres, je viendrai dans quelques jours et vous parlerai de ce que j'ai découvert.

- Volontiers. Et si l'envie vous prend, vous dînerez également avec nous, qu'en pensez-vous ? "

Que vous êtes insistant, se dit le sorcier. Il jeta un coup d'œil vers les chevaux et vit qu'ils étaient bientôt tous sellés. Mais bien qu'ils eussent été prêts, Jori Van'Asgeir était le seul à choisir quand il quitterait le village avec ses soldats. Finn n'avait pas envie de s'attarder avec cet homme car il n'appréciait pas sa présence.

- Si l'occasion est bonne, avec plaisir, répondit-il avec un rictus poli.

- Très bien, j'ai hâte. Je vous présenterai ma famille plus amplement, vous verrez comme la maison est accueillante. "

L'émissaire acquiesçait sans un mot quand il entrevit Osbern par-dessus l'épaule de son interlocuteur, pareillement enveloppé d'une cape, s'avançant vers eux. Y voyant une occurrence salvatrice, il le laissa venir et abréger leur conversation.

- Monseigneur, salua le Chef, gratifiant l'interpellé d'une petite courbette.

- Mon ami. Nous entrons dans une période d'angoisse et les villageois auront besoin de vous. Je compte sur vous pour les guider.

- C'est bien là mon rôle." Alors que Finn était pressé de s'éloigner du seigneur, l'expression piteuse de l'Hékar l'intrigua et le retint. « Je convoquerai les guerriers après votre départ pour leur annoncer qui me supplantera à leur tête. 

- Ce Claes Angstone... Est-il vraiment celui qu'il vous faut ?

- Même si Claes n'a pas été témoin de l'hécatombe d'hier, ça ne veut pas dire qu'il n'est pas digne de devenir maître-guerrier. Mon neveu est encore immature, et Fred n'est pas quelqu'un d'exemplaire. Quant au reste des hommes, ils n'ont rien de meneurs, sauf lui bien sûr, argua Osbern d'un air certain.

Asgeir le dévisagea un instant, marqua son hésitation, puis lui répondit en se dirigeant vers son cheval :

- Soit.

- Claes peut toujours être remplacé, remarqua Finn avec indifférence. Il savait que pour obtenir un poste de haut rang, les gens de la Capitale pouvaient agir contre leurs rivaux avec une réelle bassesse, et ce dans n'importe quel corps de métier. Changer la fonction d'une personne représentait une opportunité attrayante pour bien d'autres.

La Légende de Doigts GelésWhere stories live. Discover now